Otan

L’heure de payer à l’Otan

  • Par: Christophe Lamfalussy

L’été dernier, Donald Trump a causé un émoi certain parmi les alliés de l’Otan : qui ne paie pas, n’est pas défendu.

L a position américaine à l’égard de l’Otan est l’un des enjeux internationaux qui ont divisé les deux candidats. Hillary Clinton a loué les avantages de l’Alliance atlantique "des Balkans à l’Afghanistan", tandis que le secrétaire d’Etat John Kerry est venu à Bruxelles, le 4 octobre, assurer les partenaires que "les Etats-Unis ne manqueraient jamais de respecter leurs obligations liées à l’article 5 si n’importe quel membre de l’Otan devait être attaqué".

La solidarité mutuelle, coulée dans l’article 5 du traité transatlantique, est le fondement de l’alliance militaire, "défensive", a rappelé M. Kerry.

Tout est parti d’une interview accordée par Donald Trump au "New York Times". Dans celle-ci, le candidat républicain déclarait le 20 juillet que si les pays membres de l’Otan n’augmentaient pas leurs dépenses militaires, profitant de la force de frappe américaine, il n’hésiterait pas à leur dire : "Félicitations, alors vous devez vous défendre vous-mêmes". Lors d’un meeting à Scranton, en Pennsylvanie, l’homme d’affaires a précisé : "J e veux garder l’Otan, mais je veux qu’ils paient".

Trump a aussi affirmé que l’Otan était devenue obsolète et devait se concentrer davantage à lutter contre le terrorisme que de chercher à dissuader la Russie. Cette déclaration lui a valu d’être accusé de faire cause commune avec Vladimir Poutine. Le Président russe a annexé la Crimée en Ukraine et une partie de la Géorgie, deux pays qui ne font pas partie de l’Otan. Lui aussi affirme que l’Otan est une organisation dépassée, issue de la guerre froide.

"Je n’ai jamais pensé qu’un candidat sérieux à la présidence américaine pourrait être une menace sérieuse pour la sécurité de l’Ouest. Mais c’est là où nous en sommes", a tweeté après le discours de Scranton l’ancien ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, qui sait combien l’armée américaine a joué un rôle stabilisateur en Bosnie notamment.

Dans le collimateur, notamment la Belgique

Démocrates et Républicains sont toutefois d’accord sur un point : de nombreux pays européens doivent investir plus dans leur défense. Seuls cinq des 28 membres - les Etats-Unis, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Estonie et la Pologne - devraient respecter cette année le critère des 2 % de dépenses militaires par rapport au produit national brut.

A l’avant-dernière place, juste devant le riche Luxembourg, la Belgique est sérieusement à la traîne. L’Otan estime qu’elle n’atteindra qu’un niveau de 0,85 % cette année. Avec la Slovénie, la Belgique est le pays membre de l’Otan où le paiement des salaires des soldats, des charges sociales et des pensions est le plus élevé. Il pèse environ 80 % du budget de l’armée belge, contre 53,48 % aux Pays-Bas. En Belgique, selon l’Otan, seulement 2,17 % du budget sera consacré cette année à l’achat d’équipement. Autant dire rien.


  • Par: Christophe Lamfalussy