Une relation incontournable

  • Par: Philippe Paquet

Les candidats fustigent toujours Pékin. Avec qui le Président devra s’entendre…

La Chine est traditionnellement très présente dans les campagnes électorales américaines. Parce qu’elle est rituellement rendue responsable des difficultés économiques que traversent les Etats-Unis. On l’y accuse de pratiquer une concurrence déloyale en manipulant le taux de change du yuan ou en entravant l’accès à son marché, ou de favoriser les délocalisations d’entreprises américaines en offrant une main-d’œuvre bon marché et des avantages fiscaux. Pékin se voit aussi reprocher de contrecarrer les intérêts de Washington sur la scène internationale en soutenant ses ennemis (de la Corée du Nord au Soudan) ou en détournant ses alliés (de l’Afrique à l’Amérique latine).

Passé le jour du scrutin, toutefois, le candidat élu, qu’il soit républicain ou démocrate, est bien obligé d’affronter une réalité, que Bill Clinton avait bien résumée en déclarant que la relation sino-américaine sera incontestablement la relation bilatérale la plus importante du XXIe siècle.

De multiples contentieux

Qu’il s’agisse d’échanges économiques (la Chine est le deuxième partenaire des Etats-Unis après le Canada - mais elle leur vend quatre fois plus qu’elle ne leur achète, creusant ainsi un déficit commercial abyssal de 367 milliards de dollars l’an dernier) ou de coopération politique, notamment au sein du Conseil de sécurité des Nations unies (dont les deux pays sont des membres permanents avec droit de veto), Chinois et Américains sont condamnés à s’entendre. Ou, tout au moins, à se parler.

Cette réalité avait rattrapé George W. Bush qui, lutte internationale contre le terrorisme aidant, avait fini par nouer une relation cordiale avec les dirigeants chinois, oubliant les violations de la liberté de culte ou le recours forcé à l’avortement dans le cadre de la politique de l’enfant unique (toutes choses qu’un président républicain se devait pourtant de condamner), invitant plutôt le président Jiang Zemin à séjourner dans son ranch texan de Crawford.

L’âge d’or des années Bush

Pékin devait se souvenir des années Bush comme d’un âge d’or : les tensions ont réapparu de plus belle sous la présidence Obama, alors que la Chine ne cesse de monter en puissance, sur le plan économique, mais aussi militaire, comme le suggère la crise ouverte par l’implantation de l’armée chinoise dans l’archipel des Spratleys en mer de Chine.

De Donald Trump ou d’Hillary Clinton, on ne sait trop qui les communistes chinois préfèrent voir entrer à la Maison-Blanche. Le premier s’est montré le plus véhément, promettant, dans son langage fleuri, de donner une leçon à la Chine, qu’il souhaiterait même voir exclue de l’Organisation mondiale du commerce ! La seconde offre, certes, la garantie de rapports sinon plus amicaux, du moins plus prévisibles et plus normaux - Trump en Orient risquant d’y faire l’effet d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

On n’a, cependant, pas oublié à Pékin les remontrances que vint administrer en 1995, à la faveur d’une conférence de l’Onu, celle qui était alors la Première Dame des Etats-Unis, sur le chapitre des droits de l’homme et de la femme.

  • Par: Philippe Paquet