Les Présidents et la musique

A chacun son hymne pour séduire et fédérer

  • Par : CHARLES VAN DIEVORT

Musique Depuis près de deux siècles, la musique fait partie intégrante des campagnes présidentielles américaines.

Depuis bientôt 200 ans, la musique s’invite dans toutes les campagnes présidentielles américaines. En 1824, le candidat Andrew Jackson galvanisait déjà ses troupes au son de "The Hunters of Kentucky", une chanson vantant la force des gars de l’Etat pour repousser tout ennemi. Au fil du temps, le propos deviendra moins guerrier, plus optimiste. Comme en 1932, lorsque Franklin D. Roosevelt fait campagne au son de "Happy Days Are Here Again".

Tous les quatre ans, chaque candidat se cherche un hymne de ralliement, un titre capable de fédérer les foules tout en véhiculant une idée sur sa personnalité et sur l’Amérique qu’il ambitionne. Ils piochent dans l’inépuisable patrimoine musical américain, quitte à commettre des impairs comme Ronald Reagan en 1984. En campagne pour sa réélection, il jette son dévolu sur"Born in the USA", le tube de Bruce Springsteen. Mauvaise pioche. Non seulement le Boss lui refuse l’exploitation de sa chanson mais il ne se prive pas de rappeler que ce titre dépeint le désœuvrement d’une Amérique post-Vietnam.

Machine de guerre musicale

Traditionnellement, les Républicains ont toujours eu plus de difficultés à obtenir le soutien des artistes, en particulier celui des musiciens. Mais de là à faire quasiment l’unanimité contre soi, c’est du rarement vu. C’est pourtant ce qui est arrivé à Donald Trump. Les Rolling Stones lui ont refusé l’utilisation de "Start Me Up". Neil Young l’a privé de son "Rockin’ in the Free World" . Aux oubliettes également "The Eye of the Tiger" et d’autres hymnes signés Adele, R.E.M., Queen, Aerosmith ou encore les White Stripes. Pour contourner cette levée de boucliers, Trump s’est offert son propre hymne. Une histoire d’ "ennemis de la liberté" qui seront irrémédiablement écrasés et qui n’est pas sans rappeler "The Hunters of Kentucky" de 1824…

Face au candidat républicain, son adversaire démocrate a mis en place une redoutable machine de guerre musicale. Hillary Clinton a rassemblé les poids lourds de l’industrie du disque : de Lady Gaga à Snoop Dogg en passant par Jennifer Lopez, Beyoncé, Taylor Swift, Pharrell Williams, Kanye West, 50 Cent et Katy Perry. Une playlist susceptible de séduire les électorats noir, latino, ainsi que les jeunes et surtout les femmes. Mais aussi à présenter une image dynamique et moderne de la prétendante à la Maison-Blanche. S’il fallait encore une preuve de l’importance qu’Hillary Clinton a accordée à la musique lors de sa campagne, on rappellera que le 30 septembre, à un peu plus d’un mois à peine du scrutin, elle a trouvé le temps d’accorder une interview à l’icône R&B Mary J. Blige. Un entretien diffusé sur Apple Music.

  • Par : CHARLES VAN DIEVORT