Le sari ne prend pas une ride


L’image défie le temps. Celle des villageoises en saris colorés vacants aux occupations des champs, parées de leurs plus beaux atours : visage maquillé, point rouge de leur bindi au front, multitudes de bracelets aux poignets et à la cheville, bagues aux doigts de pied, mains peintes au henné. Un tour de force quand on pense que leur salle de bain se résume souvent à un robinet extérieur.

L’Inde, avec sa longue tradition de tissage, de teinture et de broderie, prend l’habit très au sérieux. La pièce maitresse de la garde-robe de l’Indienne est invariablement le sari, trait d’union entre les classes sociales. Même si les jeunes citadines lui préfèrent désormais le Jeans et le T-Shirt, « le sari ne sera jamais démodé », estime Ravita Mayor, créatrice de mode à Hyderabad.

Légende : Ravita Mayor porte une jupe traditionnelle appelée Ghagra, originaire de la région d’Haryana, en Uttar Pradesh. Cette étoffe centenaire mesure 40 mètres de long.

Ce vêtement, qui peut faire jusqu’à 9 mètres de long sur 1,2 mètre de large, est de toutes les occasions. Le tissu est plissé et drapé autour de la taille (sur un jupon), le pan restant est ensuite rabattu sur l’épaule gauche, sur un corsage prêt du corps. Même s’il va comme un gant aux Indiennes, il faut un sacré tour de main pour l’ajuster, comme nous l’explique la vidéo suivante.

Il a des saris pour tous les goûts : du coton le plus simple aux soies les plus rares. Originaire d’Assam, région du nord-est de l’Inde connue pour la qualité de ses tisserands, Ravita Mayor se spécialise dans les techniques de tissage anciennes, réalisées à la main. « Le niveau de qualité est tellement élevé qu’il faut jusqu’à huit mois pour terminer une pièce. Evidemment, cela se ressent au niveau du prix», affirme la créatrice indienne.

Cette tradition ancestrale est aujourd’hui menacée par l’importation de tissus venant de Chine, fabriqués à la machine. Une concurrence qui déstabilise toute une communauté. « Les familles de tisserands n’ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins. Leurs enfants abandonnent le métier et immigrent vers les villes pour trouver du travail. Par conséquent, notre savoir-faire se meurt», regrette celle qui tente de préserver la tradition.

L’industrie du mariage reste heureusement un bon débouché pour ces produits hauts de gamme.

Alors que le prix d’un sari bon marché peut démarrer à moins de 10 euros, celui que portait récemment Nita Ambani, l’épouse de l’homme le plus riche de l’Inde, Mukesh Ambani aux noces du fils d’un associé, est entré dans le livre Guiness des records pour son coût : 4 millions de roupies, soit près de 50 000 euros. Plus que ce que ne gagnent la plupart des Indiennes sur toute une vie.