Sur l’esplanade, alors que la matinée est déjà bien entamée, l’ambiance est nettement plus agitée qu'à l’aube. Les vendeurs ont déployé leurs stands aux emplacements dévolus et une foule bigarrée déambule entre fruits, légumes, vêtements, bijoux, tissus, produits d'entretien et autres gadgets.
Dans cette ambiance de village, les badauds peuvent apercevoir l’arrivée des animaux puisque le débarquement se fait sous leurs yeux, sur la place du marché. A ce moment-ci, ce sont plutôt de petites remorques d’agriculteurs, ne contenant que quelques bêtes. Les livraisons plus volumineuses sont arrivées la veille au soir et durant la nuit.
« Nous comptons une cinquantaine de clients qui sont, pour la plupart, des grossistes. Mais les petits particuliers qui élèvent, abattent et vendent leurs propres animaux représentent tout de même 20 pour cent de la demande. C’est la philosophie de ce site semi-industriel, où on ne propose pas d’abattage 'en série'. Dès lors, même les petits agriculteurs trouvent une oreille attentive », indique Paul Thielemans, le porte-parole du site.
Ces animaux sont sensibles aux changements de luminosité
Ce matin, certains curieux observent toutes les peines que rencontre Robert Marchand à faire sortir l'unique vache de sa bétaillère. « Ces bovidés sont sensibles aux changements de luminosité », signale l’éleveur de Braine-l’Alleud en donnant un léger coup de canne sur le postérieur de la bête.
Cette vache de 800 kilos sera en partie découpée par Robert Marchand. « Ensuite je vendrai le reste de la carcasse. C'est ce que je fais avec la trentaine de bêtes que j'amène à l'abattoir chaque année », indique cet affable agriculteur qui se déplace jusqu'à Anderlecht depuis cinquante ans.
« J'en ai fait tuer des milliers mais, en vieillissant, j'ai de plus en plus un pincement au cœur. Je suis fort attaché à mes animaux, que je fais naître et que je nourris, parfois même au biberon ! Mais c'est la vie… »
Avant que les animaux ne foulent le sol anderlechtois, le grossiste ou l’agriculteur doit se rendre dans le petit bureau d’Yvette Gilson, chargée de la déclaration et des encodages. « Tous les transporteurs passent par ici, c’est une obligation », stipule cette dame coquette aux ongles manucurés.
« Chaque animal est référencé par une fiche. Je vérifie les boucles d'oreille, la propreté, les conditions dans lesquelles il a été élevé, la qualité de son alimentation, le mode de transport, la distance qu’il a parcourue… La traçabilité doit être irréprochable : on doit savoir qui a apporté la bête, qui l'a tuée, découpée, où elle a été congelée… Une fois que la carcasse peut quitter l'abattoir, je remets à l'éleveur des listes de pesage, pour qu'il connaisse le poids précis de la marchandise », décrit Yvette, qui voit passer 400 bovins et 3500 porcs par semaine.
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