Les citoyens veulent une Europe différente. Qui peut les blâmer de tourner le dos à cette Communauté qui a couru au secours des banques et exigé des politiques d’austérité au prix de leur bien-être social ? “Nous devons, en tant qu’Europe, faire la démonstration au monde qu’il y a la place pour un modèle social, malgré les contraintes de la compétitivité dans une économie globale. Nous n’allons pas sacrifier notre modèle social à la compétitivité : ce serait suicidaire”, avertit Pierre Defraigne, directeur de la fondation Madariaga du Collège d’Europe.
Que ce soit pour le bien-être des Européens, pour la pérennité de l’euro ou même pour sa propre survie, l’UE se doit de dépoussiérer les dossiers sociaux. Non pas pour effectuer une uniformisation des Vingt-huit systèmes vers le bas, mais bien pour les tirer vers un modèle européen social fort, efficace, ambitieux, qui constitue la fierté des Européens et l’idéal de ceux qui nous observent. Selon M. Defraigne, “l’ambition du plein-emploi n’est pas une utopie du passé, mais un impératif politique d’aujourd’hui”. Qui devrait donc figurer parmi les priorités centrales de l’UE, au même rang, sinon à un rang plus élevé, que la stabilité monétaire et la croissance économique. Aussi, une directive européenne visant à mieux lutter contre le dumping social permettrait de promouvoir plus d’équité et d’éviter de mettre en concurrence les travailleurs européens. Et s’attaquer à la défaillance affligeante des systèmes de santé dans certains pays européens montrerait que l’UE est prête à assumer le devoir indispensable d’assurer des soins de qualité à tous ses citoyens.
Les chantiers ne manquent pas. A l’Europe de trouver enfin le courage de s’y plonger.
L’équipe
LaLibre.be