L'Europe, à quoi bon ?

Description


Les Européens, obnubilés par ce qui ne va pas, ne voient plus ce qui fonctionne dans leur Communauté. En voici quelques exemples.

La paix


L’ argument porte dramatiquement peu, aujourd’hui, auprès des jeunes générations. La guerre est devenue tellement inconcevable entre voisins européens qu’elle est considérée comme définitivement acquise. Si nous vivons en paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est grâce à l’Alliance atlantique, oui, mais aussi grâce à cette construction européenne qui nous a réconciliés, rapprochés, imbriqués. Tout a commencé par la main tendue de la France à l’Allemagne, en 1950, pour mettre en commun le charbon et l’acier et faire en sorte que la guerre devienne impossible entre les deux ennemis d’hier. “L’Europe est fille de paix”, disait l’ancien chef de la diplomatie française, Hubert Védrine. Puis la Communauté s’est développée, approfondie, élargie à des pays sortis de la dictature (l’Espagne, la Pologne, etc.) et d’un conflit (la Croatie notamment).

Le Comité d’Oslo l’avait souligné en 2012, lorsqu’il avait attribué son prix Nobel à l’Union européenne : elle a “contribué à faire passer la majorité de l’Europe d’un continent de guerre vers un continent de paix”.



S. Vt.


L'environnement


S’il est un domaine où l’Europe a positivement bousculé les choses, c’est sans aucun doute en matière d’environnement.

Souvent décriées en raison de leur nature contraignante, les réglementations européennes ont, à tout le moins, permis de freiner des tendances délétères dans une série de domaines. En matière de protection de la biodiversité avec la mise en œuvre du réseau Natura 2000; en matière d’épuration qui a permis de redresser partiellement la qualité des eaux de surface; en matière de qualité de l’air; en matière de lutte contre le réchauffement climatique...

Tout n’est certes pas parfait, loin de là. La plupart des objectifs qui avaient été fixés ne sont pas rencontrés dans les délais impartis et les institutions européennes restent encore trop souvent perméables au travail de sape de lobbies. Mais il est indéniable que, dans la plupart des Etats membres, la dégradation de l’environnement serait bien pire sans les impulsions venues de Bruxelles.



G.T.


Erasmus


S’il y a une “success story” européenne, c’est bien le programme Erasmus. Il aura fallu plusieurs années de balbutiements typiques de l’Union avant qu’il voie le jour en 1987. Mais, depuis, plus de trois millions d’étudiants européens ont pu poser leurs valises dans un des 33 pays participant au programme pour y poursuivre une partie de leurs études ou y faire un stage. Depuis 2014, Erasmus + s’étend même à des professionnels et aux organisations désireuses de profiter de la mobilité pour améliorer les capacités de leur personnel. En voilà un projet européen aux avantages bien concrets, qui permet d’acquérir des compétences linguistiques et d’expérimenter une autre culture. “Erasmus a été plus efficace qu’aucun autre programme pour unir les jeunes Européens”, constatait, en 2012, la commissaire européenne Androulla Vassiliou.



M.U.


Les fonds européens


Non, l’Union européenne ne se limite pas à exiger des politiques d’austérité et à admonester les Etats qui vivent au-dessus de leurs moyens. Elle finance aussi mille et un projets destinés à donner un coup de pouce aux régions les plus pauvres, à stimuler la création d’emplois, à permettre aux PME de faire des investissements, à développer des infrastructures modernes et à promouvoir la durabilité énergétique. Près de 351,8 milliards d’euros, soit un tiers du budget total de l’Union, sont alloués à la “politique de cohésion”. Ces fonds ont pour réputation d’aboutir principalement dans les caisses des pays d’Europe centrale et orientale, afin de relever le niveau de vie de leurs citoyens. Mais en réalité, cette enveloppe bénéficie à tous – la Belgique par exemple recevra 2,7 milliards d’euros sur la période 2014-2020.



M.U.


La Cour de justice


On a tendance à l’oublier, dans l’ambiance actuelle : il est une institution européenne qui fonctionne bien, c’est la Cour de justice, qui siège à Luxembourg. Présidée par le Belge Koen Lenaerts, elle fait respecter le droit européen (notamment celui de la concurrence) partout dans l’Union. Sa jurisprudence revêt même une dimension politique sous-estimée. Il y a plus de trente ans, déjà, elle avait permis de faire avancer la mise en place d’un marché intérieur. C’est aussi l’un de ses arrêts qui a servi de base à l’inclusion d’un titre sur la citoyenneté européenne dans le traité de Maastricht. Plus récemment, elle a donné le “la” sur des thématiques aussi variées que le droit à l’oubli sur Internet, la définition de l’embryon humain, les compétences de la Banque centrale et la protection de la vie privée.



S. Vt.


L'action extérieure


Evidemment, si l’on se contente d’évaluer l’action extérieure de l’Union à l’aune de l’efficacité de sa diplomatie, on peut légitimement rester sur sa faim. Elle a joué un rôle décisif dans le rapprochement entre Serbes et Kosovars, certes. Elle a aussi pesé dans les négociations sur le nucléaire iranien, grâce aux deux hautes représentantes successives, Cathy Ashton et Federica Mogherini. Mais, malgré la création d’un corps diplomatique, on reste loin d’une véritable politique commune. L’action externe de l’Union ne se limite cependant pas à cette dimension – et c’est ce qu’on oublie de voir. La politique d’élargissement a été un formidable outil de politique étrangère, entraînant des Etats sortis de la dictature sur la voie de réformes drastiques. La politique commerciale que mène la Communauté depuis ses débuts lui a également permis de négocier des accords à composante politique et exporter (avec plus ou moins de succès) ses valeurs de bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme. Et puis les Européens, bien que de moins en moins généreux, restent encore les premiers bailleurs d’aide au développement et d’aide humanitaire au monde.



S. Vt.


La concurrence


L’objectif de la politique européenne de concurrence vise à ce que les consommateurs de l’Union disposent des meilleurs produits, au meilleur prix. Pour faire en sorte qu’il en soit ainsi, la Commission se pose en gardienne de la concurrence loyale. Cauchemar des oligopoles et des monopoles, elle ne badine pas avec les abus de position dominante. Les géants informatiques américains Microsoft et Intel en savent quelque chose, tout comme les opérateurs téléphoniques Telefonica et Deutsche Telecom. Le premier a dû s’acquitter, au total, de 2 milliards d’euros d’amendes; le second a dû débourser 1 milliard; l’Espagnol et l’Allemand plusieurs centaines de millions. Le mastodonte Google (qui risque jusqu’à 6 milliards d’amende) et le géant gazier russe Gazprom sont dans le collimateur de la pugnace commissaire Margrethe Vestager. Tout comme le sont les ententes illégales (cartels) entre entreprises d’un même secteur pour jouer sur les prix. Ou les aides d’Etat illégales, tels les cadeaux fiscaux accordés aux multinationales par le Luxembourg, l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique.



OleB


L’équipe


Gilles Toussaint

Journaliste à La Libre Belgique


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Journaliste à La Libre Belgique


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Journaliste, chef ff. du service Inter à La Libre Belgique


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Journaliste - Photographe à mes heures - Service International de La Libre Belgique - Lalibre.be


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