Sortir de la phobie migratoire

par G.T.


Les Européens ont tout à gagner d’une politique plus ouverte et strictement encadrée. S’il est un dossier qui a fait exploser au grand jour la faillite politique et morale de l’Europe, c’est sans aucun doute celui de l’asile et de l’immigration. C’est donc aussi en partant de celui-ci que le projet européen pourrait partiellement se reconstruire. “Une politique d’asile commune est possible, souligne le politologue italien Federico Romero (Institut universitaire européen de Florence). Il n’y a aucune raison pour que l’UE ne puisse pas avoir une politique planifiée en la matière, qui permettrait même d’organiser le départ des migrants depuis leur pays d’origine pour éviter d’entamer des périples dangereux. Mais nous ne le faisons pas.”

Après avoir tenté la carte de l’humanisme et de l’ouverture, la Commission européenne est revenue à plus de cynisme, comme l’illustre l’accord passé avec la Turquie ou sa récente proposition de “pactes” avec les pays africains qui laissent la furieuse impression que les Européens se replient sur eux-mêmes et cherchent avant tout à externaliser la gestion migratoire, sauf quand ils peuvent en tirer profit.

De l’avis de nombreux spécialistes en la matière, une révision plus ambitieuse est pourtant envisageable. Des règles de Dublin tout d’abord, qui font reposer sur les épaules de pays d’entrée dans l’UE la responsabilité de la gestion de l’accueil des demandeurs d’asile. “Une première étape serait d’autoriser les demandeurs d’asile à introduire leur dossier dans le pays de leur choix, mais une seule fois”, suggérait récemment dans “La Libre” le chercheur François Gemenne (Ulg – Science-Po Paris). “Le pays par lequel ils sont entrés en Europe leur délivrerait une sorte de sauf-conduit temporaire, le temps qu’ils puissent rejoindre celui où ils ont choisi de déposer leur demande d’asile. C’est une mesure qui permettrait aux candidats d’être mieux informés sur les critères imposés par les différents pays et d’introduire leur dossier là où ils estiment avoir le plus de chance de le voir aboutir. Cela éviterait en outre de faire peser toute la charge administrative sur les pays d’entrée (Italie, Grèce, Malte). Ensuite, dans un monde idéal, les critères seraient harmonisés dans tous les pays dans le strict respect des conventions de Genève. On créerait un bureau central européen chargé de gérer les demandes pour toute l’UE. Une fois sa requête acceptée, le demandeur serait libre de s’installer dans l’Etat membre de son choix.”



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Journaliste à La Libre Belgique


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Journaliste à La Libre Belgique


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