UN ENJEU SANITAIRE

ÉTAT DES LIEUX

Laurence Dardenne



Etablir, avec certitude, un lien de cause à effet entre les produits phytosanitaires et certaines maladies n'est clairement pas chose aisée. Pour tenter de dresser, sur base des connaissances actuelles, un état des lieux au plus juste des pathologies pour lesquelles cette causalité est avérée, suspectée ou écartée, nous avons fait appel à diverses sources, dont le Pr Alfred Bernard, toxicologue à l'UCLouvain et Directeur de recherches FNRS.



Un nombre finalement très limité de substances où le lien est avéré

Quoi qu'on en pense, alors que les pesticides sont utilisés depuis plus d’un demi-siècle, “hormis les cas d’intoxication aiguë, il n'existe finalement qu'un nombre très limité de pathologies pour lesquelles la relation de causalité est bien avérée et ne fait plus débat”, nous affirme ce spécialiste. C'est ainsi le cas  de l’insecticide lindane, seul pesticide à être reconnu comme cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

“Même le DDT, qui a été massivement utilisé pendant des décennies est resté dans le groupe des cancérogènes probables (groupe 2A) à côté de plusieurs autres insecticides (malathion, diazenon,…)”, poursuit-il. Quant au fameux Roundup, dont le principe actif est le glyphosate, rappelons qu'après moult rebondissements, les principales agences de sécurité sanitaire dans le monde l’ont déclaré cancérogène improbable pour l’homme contredisant toutefois le CIRC, qui l’a pour sa part classé dans le groupe des cancérogènes probables.



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Jean Luc Flemal



Les pathologies où il y a de lourds soupçons, mais pas (encore?) de certitude

Cela étant, si le lien de cause à effet n'est pas encore écrit noir sur blanc, de lourds soupçons pèsent néanmoins sur ces produits pour une série de pathologies.



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Pr Alfred Bernard, toxicologue à l'UCLouvain



“Au regard des innombrables études rapportant des excès de risque, il me paraît néanmoins raisonnable d’admettre la causalité des associations entre l’exposition professionnelle des agriculteurs aux pesticides et la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (communément appelés cancers du sang), en particulier le myélome multiple et le lymphome non-hodgkinien, estime le Pr Alfred Bernard. Chez l’enfant, en cas d’exposition professionnelle aux pesticides pendant la grossesse, les associations observées avec les risques de leucémie, de tumeurs cérébrales et de malformations congénitales revêtent très probablement aussi un caractère causal.”

“De notre côté, confie pour sa part le Dr Gaëtan Garraux, neurologue, chef de clinique au CHU de Liège, en ce qui concerne la maladie de Parkinson, on se garde généralement d'exprimer devant le patient qu'il y a un lien de causalité entre l'exposition éventuelle à des pesticides et la disparition progressive de certains neurones dans le cerveau car ce lien de cause à effet n'est pas formellement établi. Cela dit, certains de mes patients, atteints de cette pathologie, étaient effectivement agriculteurs ou maraîchers. Mais il y en a de très nombreux qui ont développé la maladie sans avoir pour autant été exposés aux pesticides.”

Et si le patient exposé émet des doutes ou pose la question d'un éventuel lien de causalité ? “Mon souci est de ne pas lui mettre en tête que la maladie est causée par une exposition excessive à des substances toxiques dans la mesure où je n'ai aucune certitude de ce point de vue-là. Il faut aussi bien sûr tenir compte de facteurs génétiques dans la mesure où certaines personnes sont probablement plus susceptibles à l'exposition à des substances neurotoxiques que d'autres. Et donc, il est très difficile d'établir un lien de causalité parce qu'il faut retracer un historique avec la durée d'exposition et le type de substances utilisées. Or les patients peuvent uniquement faire appel à leur mémoire qui remonte parfois plusieurs années en arrière et qui devient de moins en moins précise. Je dis que c'est possible mais qu'il restera toujours un doute.”

Deux fois plus de cas chez les malades atteints de Parkinson

On peut néanmoins affirmer qu'en cas de manipulations de pesticides, le risque de développer une maladie de Parkinson est quasiment doublé. “En effet, ce sont des études épidémiologiques qui l'ont démontré, relève le Dr Gaëtan Garraux. Mais il faut dire que le risque de développer une maladie de Parkinson est très faible au départ. Dans la population âgée de 60 ans et plus, il est à peine de 1%. Et l'on passe donc à 2 % chez les personnes qui ont manipulé d'importantes quantités de produits phytosanitaires. Ces études nous indiquent également que des personnes qui ont manipulé ces produits ne développeront jamais la maladie. Et, à ce moment-là, il faut tenir compte de la vulnérabilité individuelle et des facteurs génétiques propres à chaque individu.” “Il faut rester prudent sur les mots, poursuit le neurologue. On peut dire qu'il existe une augmentation du risque. Mais de là à affirmer qu'il y a une relation de causalité directe, non. Les études épidémiologiques actuelles ne permettent pas de le démontrer.”

Les relations de ces produits avec la santé humaine sont extrêmement complexes, conclut-il : “Il faut aussi tenir compte de l'association entre ces substances, car il y en a plusieurs. Et donc, les relations deviennent finalement très difficiles à quantifier. C'est une des difficultés auxquelles le monde scientifique doit faire face pour essayer d'avancer et mieux comprendre ces associations.”

A la fin de cette année, l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) devrait d'ailleurs finaliser deux évaluations pilotes sur les risques pour les consommateurs associés aux résidus de pesticides multiples sur ce que l'on mange. C'est ce que l'on appelle l'effet cocktail.





Les pathologies suspectées, mais dans une moindre mesure

Si des études supplémentaires demeurent nécessaires pour établir un lien de causalité, “il existe, chez les agriculteurs, une forte suspicion que l’exposition chronique aux pesticides puisse entraîner des troubles cognitifs, une diminution de la qualité du sperme et favoriser le développement de la leucémie et de la maladie d’Alzheimer”, souligne le Pr Alfred Bernard. Avant d'ajouter que la suspicion est moindre pour d’autres affections comme le cancer du testicule, la maladie de Hodgkin, des tumeurs cérébrales ou la sclérose latérale amyotrophique.

“Chez l’enfant, on suspecte un lien entre exposition résidentielle aux pesticides (usage domestique ou proximité de cultures), en particulier aux néonicotinoïdes et la survenue de malformations congénitales (ex: anencéphalie) ou de troubles neuro-développementaux (autisme)”, précise encore le toxicologue. Notons à ce propos que ces risques chez l’enfant associés à des expositions résidentielles ont été décrits aux Etats-Unis, notamment en Californie où la densité de cultures fruitières est importante et où l’épandage aérien est une pratique courante.

Là où le lien est écarté, du moins à ce jour

Pour ce qui concerne les pathologies où un lien de cause à effet est à ce jour encore écarté, les études en milieu agricole ne suggèrent aucun lien entre les pesticides et les cancers du système digestif (colon, foie, pancréas, estomac..), les maladies cardio-vasculaires, les affections allergiques, ou les maladies respiratoires.

Quelles sont les personnes les plus vulnérables à l'exposition chronique aux pesticides ?

On peut identifier trois groupes plus à risque.

Le premier groupe est évidemment celui des agriculteurs et autres populations exposées professionnellement. “L’explication réside à la fois dans la longue durée d’exposition et l’absorption importante de pesticides par inhalation et très souvent aussi par la peau lorsque les utilisateurs ne se protègent pas efficacement, avec des gants, un masque, une bonne hygiène..., précise le toxicologue Alfred Bernard. C’est pratiquement uniquement au sein de ces populations que les études épidémiologiques décrivent des associations avec diverses maladies chroniques.”



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Les professionnels comme les agriculteurs ou les agents communaux devraient respecter certaines précautions lorsqu'ils manipulent ces produits.



La deuxième catégorie est celle des femmes enceintes lors d’expositions professionnelles, mais aussi para-professionnelles (par exemple l'épouse d’un agriculteur) ou résidentielles (usage domestique ou résidence à proximité de cultures). “Le risque dans ce cas découle de la grande vulnérabilité du fœtus dont les organes sont en développement et du fait que la plupart des pesticides peuvent franchir la barrière placentaire”, explique le scientifique.

Enfin, sachant que le développement du cerveau et des autres organes cibles des pesticides se poursuit pendant l’enfance, les jeunes enfants constituent un troisième groupe à risque, surtout en cas d’exposition résidentielle ou para-professionnelle (par exemple les enfants d’agriculteurs). L’exposition dans ce cas peut se faire par inhalation lors de la pulvérisation du pesticide, mais aussi par contact cutané ou ingestion de poussière si l’habitat est contaminé.

Et la population générale ?

En dehors de ces cas, la population générale exposée aux pesticides via essentiellement la consommation de fruits et légumes doit-elle s'inquiéter? Pour le toxicologue, la réponse est non, elle ne constitue pas un groupe à risque. “ D’innombrables études ont démontré que la consommation régulière de fruits et légumes est associée à une réduction très significative du risque de cancers ou de maladies cardiovasculaires. Cet effet protecteur était déjà démontré il y a plus de trente ans alors qu’à l’époque on utilisait des pesticides beaucoup plus nocifs et que les normes et contrôles étaient inexistants ou du moins beaucoup moins sévères qu’aujourd’hui.”

Seul possible bémol à ce stade, des travaux récents aux USA suggèrent que des résidus élevés de pesticides pourraient annihiler les effets bénéfiques des fruits et légumes sur la qualité du sperme et la fécondité. “La prudence est de mise car il pourrait s’agir d’associations secondaires, observe le Pr Bernard. Une consommation régulière de fruits et légumes est en effet souvent associée à une réduction de comportements et d’habitudes alimentaires dont certaines comme la consommation excessive de sodas auraient un impact négatif sur la fécondité de l’homme ou de la femme”.

“ A l'époque, on ne parlait pas du tout de ce type de danger”

Témoignage Sophie Devillers

C’était le 20 août 2015. Après avoir souffert toute une année d’importants maux de dos, un matin, Paul Ruelle, 50 ans, n’arrive plus du tout à se baisser. Direction les urgences. Après une semaine d’examens à la clinique Saint-Pierre d’Ottignies, le pronostic tombe : c’est un lymphome de Hodgkin, un cancer du système lymphatique.

53 %
Des agriculteurs très exposés

Dans son étude de référence de 2013, l'Inserm indique que les méta-analyses montrent un excès de risque  de  survenue  de la maladie  de  Hodgkin  allant de 9 % à 25 % chez les professionnels exposés aux pesticides comparés à la population générale. Chez les agriculteurs, cet excès de risque est de 53%.

“Je me suis retrouvé en chimio et, lors du premier examen, les toubibs m’ont demandé si j’avais été en contact avec des pesticides, si je travaillais dans la chimie ou si j’étais agriculteur. Mais je travaillais dans une banque ! Le médecin m’a parlé de statistiques réalisées en France sur des personnes avec lymphome de Hodgkin. Chez ces patients, il y avait une forte proportion d’agriculteurs, des gens forcément en contact des produits phytosanitaires, mais qu’ils appliquaient sans se protéger, sans masque, combi…”

Paul Ruelle lui a répondu qu’il avait pour sa part utilisé des pesticides régulièrement pour son jardin brabançon, durant plus de 15 ans, sans protection non plus. “De 2002 à 2015, je désherbais mon allée de garage, avec du Roundup acheté en grande surface, ou j’éliminais les pissenlits du gazon avec du produit sélectif. Je n’utilisais pas de gants, ni d'autre protection. Souvent, c’était sous forme de spray”, détaille-t-il.

Ingrédient principal du Roundup, le glyphosate a été classé cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la Santé en 2015. Depuis 2017, la Wallonie interdit l’utilisation du Roundup aux particuliers. Le gouvernement belge a aussi approuvé fin mai l’arrêté qui interdit sa vente dans tout le pays, tandis que la commercialisation des herbicides sélectifs sera, elle, interdite fin 2018. “Mais à l’époque, on ne parlait pas du tout de ce type de danger. Utiliser du Roundup, c’était comme n’importe quel geste du quotidien…”, rappelle Paul Ruelle.

Son médecin lui a expliqué qu’il n’y avait aucune preuve que ces produits phytosanitaires avaient entraîné sa propre maladie, mais qu’il y avait des suspicions. Et que le corps médical malgré de grosses suspicions sur le lien entre lymphome et pesticides, avait besoin de plus de recul, davantage d’études probantes. Paul Ruelle, pour sa part, ne voit pas d’autres facteurs qui auraient pu avoir joué sur son cancer. “Mon mode de vie était sain, mais il l’est encore plus aujourd’hui ! Mon épouse n’achète plus que des produits bio !” Paul Ruelle est aujourd’hui en rémission. La guérison est officiellement déclarée après 5 ans.





Voici les fruits et légumes
qu'il vaut mieux acheter bio

Laurence Dardenne



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Copieusement arrosés de pesticides, certains aliments issus de l’agriculture conventionnelle sont à éviter. D’autres, mieux protégés ou moins concernés, présentent un moindre intérêt à être achetés sous le label bio.



Si l’on considère que l’impact sur l’environnement est un des intérêts du bio, vaut-il mieux manger une pomme belge issue de l’agriculture conventionnelle plutôt qu’une banane bio qui a fait des milliers de kilomètres en avion ? Autre question : certains fruits et légumes ont-ils moins, voire pas d’intérêt à être consommés en bio ? Ou encore : s’il fallait se limiter et faire des choix, quels sont les produits bio à privilégier en priorité ?

Chaque année, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publie un rapport sur les résidus des produits phytopharmaceutiques dans les denrées alimentaires. Au total, 84 657 échantillons de denrées alimentaires (aliments pour bébés, pour animaux, eaux food&non food, fruits, légumes, céréales et autres produits végétaux, produits d’origine animale et produits transformés d’origine végétale) ont été analysés en 2016 par 30 pays européens.

Selon le dernier rapport qui vient d’être publié en juillet, dans 96,2 % de ces échantillons dans les pays tiers, 98,3 % des produits d’origine belge et 98,7 % pour ceux des Etats membres, on n’a détecté aucun résidu dépassant les teneurs (ou limites) maximales autorisées en résidus (LMR). En Belgique, selon le rapport national, 69,9 % des échantillonnages de fruits, légumes, céréales et autres produits végétaux analysés contenaient un ou plusieurs résidus de pesticides.

Les produits bio d’un moindre intérêt

Figurent ainsi sur la liste des fruits et légumes dont l’intérêt d’acheter du bio reste moindre : les ananas, avocats, melons, kiwis, maïs sucré, mangues… dont on ne mange pas la pelure sur laquelle sont essentiellement concentrés les résidus de pesticides. De même, le chou (sauf le chou frisé), dont on retire les grosses feuilles extérieures, ne devrait pas être trop contaminé par les produits phytosanitaires. Mais aussi les oignons et patates douces qui possèdent suffisamment de défenses naturelles pour être cultivés avec un minimum de pesticides. Parce qu’elle a la chance - ou l’intelligence ? - de sortir de terre au début du printemps, soit avant l’arrivée de la plupart des insectes, l’asperge est généralement peu, voire pas traitée avec des pesticides.

Là où les résidus persistent le plus

"Je distinguerais trois situations où la probabilité d’avoir des résidus est forte, comme le montrent les analyses, nous dit Bruno Schiffers, responsable du laboratoire de phytopharmacie au sein de l’unité "Analyse qualité risque" de Gembloux Agro-Bio Tech (université de Liège). D’abord, tous les produits horticoles à cycle court et/ou très sensibles aux maladies et aux insectes (salades, tomates, poivrons, courgettes, aubergines, céleris, raisins, fraises…)"

"Ensuite, tous les produits agricoles qui sont traités… en post-récolte ! Par exemple pour la protection lors du stockage et du transport. C’est le cas des agrumes (oranges, citrons, pamplemousses, mandarines, clémentines, etc.), mais aussi des bananes et des pommes de terre (traitées avec un anti-germe). Dans ce cas, les résidus ne viennent pas ou peu des pulvérisations en cours de culture, mais surtout des applications systématiques, faites avant le stockage. C’est aussi vrai pour les grains de blé, traités avant stockage : on trouve des résidus dans le pain complet, car ils sont présents dans les enveloppes du grain."

"Enfin, les produits importés : les résultats de l’Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) montrent depuis des années que les produits horticoles non bio importés des pays tiers exotiques (Kenya, Sénégal, Côte d’Ivoire, Amérique Latine…) ont 10-11 % de dépassement de LMR contre seulement 1-2 % pour les produits intra-EU. Donc un avocat EU est moins contaminé qu’un autre avocat venant du Mexique. Les haricots verts du Kenya sont souvent contaminés par les insecticides, tout comme les tomates à cause d’un nouvel insecte (Tuta absoluta)."






3 Questions à Sylvie La Spina,
agronome chez "Nature&Progrès"



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1. Comment définissez-vous un aliment (fruits, légumes, céréales…) de qualité ?

Pour nous, aliment de qualité rime forcément avec bio car il n’est pas concevable de consommer un produit qui a été traité avec des pesticides et d’affirmer qu’il s’agit d’un produit de qualité puisque l’on trouve régulièrement des traces de résidus de pesticides sur ces fruits et légumes. De là à dire qu’il n’existe pas de produits de qualité hors bio, je n’irais pas jusque-là. Tout dépend de la manière de travailler de l’agriculteur. Certains en effet choisissent de ne pas prendre la certification alors qu’ils pratiquent en réalité l’agriculture biologique. Mais en optant pour des produits labellisés, on est certain de l’origine. Ainsi chez "Nature&Progrès", il y a une soixantaine de producteurs labellisés pour lesquels nous pouvons affirmer qu’il y a une démarche de qualité. Nous sommes sûrs et certains que ceux-là respectent le cahier des charges biologique.

2. Tout produit bio est-il forcément bon, voire meilleur au niveau nutritionnel et gustatif ?

Il faut voir ce que l’on entend par "bon". En bio, on a notamment la certitude de ne pas avoir de traitement chimique de synthèse sur les produits, mais on peut aller plus loin dans la démarche, sans qu’il y ait pour autant un impact bénéfique direct sur la qualité nutritive ou gustative du produit. Les études montrant la supériorité des produits bio au niveau des valeurs nutritionnelles (teneur en vitamines, en minéraux, etc.) restent rares. Et parfois controversées. De même au niveau de la qualité gustative, il n’est pas toujours évident d’énoncer des généralités. On peut cependant affirmer que l’interdiction d’utiliser, en agriculture bio, l’hydroponie (technique horticole à base d’eau sans contact avec la terre) donne des produits de meilleure qualité gustative et nutritionnelle. Une tomate cultivée selon cette technique d’hydroponie est gorgée d’eau et nécessairement de qualité inférieure à un fruit ou un légume qui a puisé ses nutriments dans le sol.

3. Pouvez-vous citer des produits qui n’ont pas d’intérêt réel à être consommés plutôt en bio ?

Non, pour nous, qu’il s’agisse de fruits, légumes, céréales ou viande - où le bio garantit que les animaux sont nourris sans OGM -, tout devrait idéalement être bio, même s’il faut évidemment rester attentif à l’origine des produits pour l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’environnement. Il est aussi important de respecter le calendrier pour veiller à consommer des fruits et légumes de saison. Il faut réfléchir à sa manière de consommer, composer ses menus en fonction des aliments disponibles selon la saison et privilégier les circuits courts. Il y a suffisamment de choix d’autant qu’en agriculture bio, pour prévenir les maladies, on cultive parfois des variétés différentes, qui s’avèrent plus résistantes. De ce fait, il y a de nouvelles saveurs à découvrir. C’est notamment le cas pour les pommes et les poires.