Belgique

Petite footeuse
deviendra grande

Tessa Wullaert, Soulier d’or 2018 et joueuse de Manchester City (Grande-Bretagne), lors du match des Red Flames contre l’Italie à Leuven le 4 septembre 2018.© Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Textes Laure Derenne / Collectif HUMA et Valentine Van Vyve
Photographies Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Saison de foot 2018-2019 : le 9 octobre, les Red Flames manquent de peu leur qualification pour la Coupe du monde dont le coup d’envoi est donné ce vendredi 7 juin au parc des Princes, à Paris, avec un match entre la France et la Corée du Sud. Fin mars, elles entrent dans le top 20 du classement Fifa. Des infos passées inaperçues pour la plupart des supporters du plat pays qui n’ont d’yeux que pour les Diables Rouges. Il se pourrait tout de même qu’une révolution discrète soit en marche. Car, sur les terrains, l’engouement des filles pour apprendre à dribbler ne fait que croître.

Ce mercredi après-midi, le RRC Boitsfort prend des allures de fancy-fair. Il suffit de se laisser guider par l’écho des cris joyeux et de suivre le flot inhabituel des familles pour découvrir l’ambiance du « Foot Festival 100% filles ». Sur le terrain du jour, 80 filles, de 4 à 16 ans, papillonnent d’une animation à l’autre, slalomant entre les cônes, sautillant sur des échelles de corde posées au sol ou voguant de cerceau en cerceau. Les goals sont couverts d’une bannière où  sont inscrits les mots « Nobody Offside » (« personne hors-jeu »). Au milieu de la toile, trois trous, de plus ou moins grande taille, sont tour à tour visés par des gamines s’essayant au tir au but. Le ballet des vareuses jaunes, bleues et roses est apprécié par de nombreux parents restés au bord du terrain.

Rebecca Maravall s’entraîne au RRC Boitsfort en U13, avec les garçons, qui ont un niveau plus comparable au sien. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Transmettre la flamme du foot

Sous un soleil radieux, Anaelle Wiard, ancienne internationale belge, joueuse à Leuven et coach au club de Boitsfort, partage un court moment de pause avec le groupe qu’elle vient d’animer. Les footballeuses en herbe n’hésitent pas à grimper sur leur formatrice du jour. Elles l’enlacent, commentent sa « super tenue » et l’assaillent de questions : « Ça fait quoi d’être une Red Flame ? T’es une star alors ? t’as déjà joué avec Ronaldo ? ».

Audrey Demoustier, joueuse de D1 et également ancienne joueuse des Red Flames, est venue renforcer l’équipe locale d’encadrement. « Ça me fait plaisir de voir autant de filles. Même si elles ne vont pas dans un club cette saison, elles auront déjà touché au foot. Il y a une curiosité qui s’installe, elles vont peut-être attirer d’autres copines de l’école. »

Anaelle Wiard coache une équipe de garçons U9, au club RRC Boitsfort. Son parcours de footballeuse attire la curiosité : “Je suis sûr que tu sais même pas marquer un goal”, a osé l’un d’eux en début de saison, avant de connaître le brillant parcours de l’attaquante. Comme dans beaucoup de clubs, les filles qui veulent commencer le foot très tôt jouent d’abord avec des garçons : “Je peux comprendre que certaines soient découragées mais on va les motiver”, affirme la coach. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

“Amaï, le foot féminin existe!”

Zelda Pigeau-Thirionet, 13 ans, est venue avec sa maman. Ayant suivi passionnément l’été des Diables rouges, jusqu’à leur troisième place en Coupe du monde, elle s’est mise à jouer. Mais, dans la cour d’école, les garçons ne sont pas très demandeurs, voire plutôt moqueurs :  « vous faites du foot mais vous savez même pas shooter dans un ballon », répète Zelda. Sa copine Lisa enchaîne : « On a joué un tournoi mixte à l’école et, chaque fois qu’une fille demandait la balle, les garçons nous pressaient et disaient qu’on n’était pas bonnes. Ça nous stressait, on perdait la balle et ils nous critiquaient encore plus. » Elle ajoute : « Eux, quand ils font un p’tit pont, on va les féliciter. Si c’est une fille, on va aller dire au garçon " haha, une fille t’a fait un p’tit pont ". « C’est nul ! On ne veut pas entendre ça. Il faut qu’ils nous motivent au lieu de nous décourager. »

Zelda et Lisa n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Elles viennent de s’inscrire à la master class, un programme spécial pour débutantes, proposé par le club de Boitsfort. L’occasion d’apprendre les bases du foot avant de rejoindre un parcours classique de compétition en club. Véronic, la maman de Zelda, a tout de suite été conquise par l’idée : « Le foot, ce n’est pas qu’un ballon, c’est aussi une stratégie, une position sur le terrain et ça peut être difficile à appréhender dans un premier temps. Si on n’a jamais joué et qu’on est propulsé en match avec d’autres qui maîtrisent, ça peut vite dégoûter ».

Zelda est fan de l’international brésilien Neymar. Sa maman, Véronic, a elle aussi joué au football dans sa jeunesse. “Un match de foot, c’est comme une petite leçon de vie en 90 minutes.” © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Zelda semble déterminée : « Je peux très bien réussir, peut-être même devenir professionnelle. » La jeune fille sait qu’il faudra travailler dur mais, dans un premier temps, ses formateurs s’appliquent à lui transmettre le goût du foot et le plaisir de jouer en groupe. D’ailleurs, Zelda imagine que la vie de Red Flames, « ça doit être cool : voyager, s’amuser au foot, dormir à plusieurs par chambre ». Ce qu’elle regrette, c’est que les footballeuses soient moins payées que les garçons et qu’on ne parle pas d’elles à la télé. Lisa confirme : « Quand vous voyez Kevin De Bruyne dans la rue, vous voulez prendre une photo avec lui ou l’interviewer. Mais nous, est-ce que les gens sauront qui on est ? Est-ce qu’ils vont venir vers nous ? »

La popularité du foot, pour et auprès des filles, passera nécessairement par une plus grande médiatisation, estime Aline Zeler, capitaine tout juste retraitée de l’équipe féminine belge. Une présence médiatique entamée « depuis la diffusion par la RTBF de certains matchs de la Coupe du monde en 2015 », précise-t-elle.


“Lors de la Coupe d’Europe en 2017, les gens se sont dit :
‘Amaï, ça joue, ça existe !’
Cela permet de rendre le sport plus populaire auprès des filles
et favorise le développement du foot féminin.”

Aline Zeler

D’ailleurs, la participation des Red Flames au championnat d’Europe « a certainement eu un effet positif dans l’évolution du nombre d’affiliées ». Entre 2015 et 2018, les affiliations dans les clubs francophones de football sont passées de 9.170 à 13.521 (soit une augmentation de 47 %). Au niveau national, ce ne sont pas moins de 38 000 joueuses, toutes catégories confondues, qui pratiquent ce sport.

Le club 100% filles de Molenbeek illustre cet engouement. Initié par la rencontre, en 2010, de quatre amatrices de football et de Ramzi Bouhlel, animateur sportif, le RWDM Girls compte 300 inscrites cette saison. Dès 6 ans, elles peuvent s’initier au foot, avant de démarrer la compétition en U9. Elles doivent toutefois jouer leurs matchs contre des garçons car il y a trop peu d’équipes féminines de leur âge. Véronique Legon, l’épouse de Ramzi, est très investie dans la vie du club et ne quitte jamais son blouson : « Tout le monde est bienvenu, même celles qui n’ont jamais joué. Notre objectif est que les filles se sentent bien dans leur peau et puissent suivre leurs rêves, que ce soit de devenir joueuse professionnelle ou amateure, coach, arbitre ou déléguée ».

« Coach Yousra » s’occupe des plus petites joueuses du RWDM Girls. « A leur âge, je n’avais pas l’occasion de jouer dans une équipe de filles, c’est une chance qu’elles ont. » © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Prendre soin des talents

Si les initiatives se multiplient pour faire connaître le football à de nombreuses fillettes,  la Belgique avance aussi pour leur offrir de meilleures conditions de développement et de perfectionnement.  Aline Zeler observe des changements : la fréquence des entraînements a augmenté dans les grands clubs. On a vu apparaître des kinés et des préparateurs physiques dans les staffs. Les Red Flames ont changé de statut : il a fallu que les joueuses commencent à soigner leur image. Malgré l’échec de la qualification pour cette Coupe du monde en France, l'Union belge ne cache pas l’ambition de voir son équipe fanion atteindre le top 8 mondial, relate Aline Zeler. «  Mais on est en retard », prévient-elle.

L’Association des clubs francophones de football (ACFF) essaie de le combler. Depuis 2014, elle développe une filière de foot-élite pour les filles (Foot Féminin Elite Etudes ACFF), « parallèlement à ce qui se fait pour les garçons mais avec moins de joueuses pour le moment. Plus il y aura de filles avec du potentiel, meilleur sera l’encadrement », anticipe Aline Zeler, prof au foot-élite. Actuellement, 17 filles de 15 à 17 ans foulent trois matinées par semaine la pelouse du centre d’entraînement de Liège, en plus de leurs entraînements et matchs avec leur club respectif. « Elles ne sont pas dans la norme… c’est un choix. Mais le football est une école de vie, il forge la personnalité », explique-t-elle en fin de séance, un matin glacial de janvier.

Séance d’entraînement des Red Flames, à Tubize, quelques jours avant le match de barrage contre l’Italie, en vue de la Coupe du monde 2019. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Les femmes sont encore “des bouche-trous”

Au-delà de ses atouts éducatifs, le football peut-il devenir une profession, pour ces jeunes filles comme pour leurs homologues masculins ? Ce pas, Aline Zeler ne le franchit pas. La faute au manque d’investissement dans les cellules féminines et ce, même dans de grands clubs du royaume. « Les femmes sont encore les bouche-trous. Elles s’entraînent tard sur des mauvais terrains. On pourrait facilement améliorer ces conditions… C’est une question de volonté », tonne-t-elle.


« Même au sommet de la pyramide, il faut se pincer parfois pour croire
en un tel niveau d’amateurisme. Regardez les budgets alloués
aux sections féminines ; ils sont dérisoires.
Une partie des budgets des clubs doit aller
vers les cellules féminines. Point. »

Aline Zeler


Sous peine de voir ses jeunes pousses partir à l’étranger, où elles seront mises dans les meilleures conditions pour pratiquer leur sport.  « Ici, aucun club n’investit dans une fille. C’est du sport d’élite mais pas professionnel. Pour le moment, il n’y a donc pas d’avenir en Belgique pour une fille qui veut vivre du foot. »

Alors, Zeler s’applique à faire bouger la base de la pyramide en leur offrant une formation dont elle n’a pas pu bénéficier au même âge. « L’égalité entre filles et garçons part de là. Et se prolonge dans le respect du travail par la valorisation salariale: les honoraires doivent être les mêmes. » Un vœu pieux ? Si elle ne souhaite pas que les filles soient happées par le football-business et ses « montants indécents », elle espère qu’elles pourront un jour - « disons, de mon vivant » - vivre de leur passion.

Le foot récréatif pour adultes en plein boom

Pour celles qui ne visent pas les sommets ou découvrent le foot tardivement, l’offre d’un football récréatif est en pleine expansion. La Belgian Babes Football League (BBFL) rassemble aujourd’hui 39 équipes, alors qu’elle n’en comptait que 6 à ses débuts, en 2013. Leur mot d’ordre ? « Play For Fun » (« jouer pour s’amuser »).

Lola, joueuse des Red Cougs, débouche une bouteille de cava pour célébrer une victoire de l'équipe. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Laurence et Maria ont composé l’équipe des « Red Cougs ». Un nom choisi pour souligner le côté assumé des trentenaires, capables de tout pour attirer les ballons dans de beaux filets. À chaque saison, l’équipe s’enrichit de curieuses ou de passionnées de foot. Diane est médecin et a besoin d’un bon bol d’air hebdomadaire, tandis qu’Oriane savoure ses soirées avec les copines, dans une vie de famille bien remplie.

Cécilia termine un doctorat sur des questions de genre. En troisième mi-temps, elle ne manque pas de lancer des sujets féministes. « Alors, ce "Babes" dans l’acronyme de la BBFL, on le change ? »

La jeune femme a rejoint les Red Cougs après un passage éclair dans une équipe mixte de foot en salle. « Il leur fallait au minimum une femme pour jouer. L’initiative se voulait inclusive mais, au final, c’était encore pire. Un goal de fille comptait pour deux parce que bon, " elles sont plus faibles " . Et puis, il y avait le poste « nana », on ne pouvait pas essayer d’autres choses. Quand on était cinq filles présentes à l’entraînement, il n’y en avait qu’une qui jouait à la fois. On ne progressait pas du tout. »

Justine a, quant à elle, retrouvé les Red Cougs, après une année en Australie. Combative, la jeune femme compte parmi les meilleures attaquantes de la BBFL et regrette de ne pas avoir pu faire du football son métier. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse un temps caniculaire, les joueuses, comme elle, sont de plus en plus nombreuses à occuper les terrains belges. Il ne manque plus qu’à apprécier le spectacle et à attiser la flamme.  

Les Red Cougs comptent parmi les meilleures équipes de la BBFL. Justine (première photo) joue au foot depuis son enfance. Elle se souvient que sa présence dans une équipe de garçons suscitait des moqueries chez ses adversaires, jusqu’à ce qu’ils la voient déployer ses talents : « On les écrasait et ils étaient très fâchés qu’une fille mette des goals ». Aujourd’hui, la jeune femme compte parmi les meilleures buteuses de la BBFL. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Aline Zeler :
« Les femmes sont encore des bouche-trous »




Avec 109 caps, Aline Zeler, 35 ans, détient le record de sélections chez les Red Flames, dont elle était la capitaine. Formatrice à l'ACFF, elle continue à contribuer au développement du foot pour et par les femmes. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Aline Zeler, ancienne capitaine et joueuse la plus capée des Red Flames vient de mettre un terme à sa carrière internationale. Sur le terrain, la libéro a usé de son charisme et de son talent de communication pour montrer la voie à ses coéquipières. Un rôle presque pédagogique. Celui-là, elle l’a exercé aussi pendant plusieurs années comme professeur d’éducation physique. 

Détachée de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle a été engagée en 2015 par l’Association des clubs francophones de football (ACFF) pour développer le football féminin sous toutes ses formes. Désormais, elle se concentre sur le foot-élite dans le centre d’entraînement de Liège. Elite sauce ardennaise : sur le terrain, le sérieux côtoie la légèreté. « Sans convivialité, on n’avance pas », dit l’originaire de Bercheux, en province de Luxembourg. 

Deux heures plus tard, elle s’assied dans la buvette, ouvre sa boîte à tartines et verse de l’eau chaude dans sa soupe minute. Dans quelques heures, elle mettra le cap sur Eindhoven. Une vie à mille à l’heure. « On est des travailleurs, dans la famille», glisse-t-elle fièrement. Elle aussi, a entraînement. « Je ne commencerais pas par dire que je suis une joueuse de foot », entame-t-elle  pourtant en enlevant sa casquette. Des casquettes, elle en a plusieurs, en fait. 

Vous arrivez au bout de votre carrière. Êtes-vous satisfaite du chemin parcouru ?

Mon père n’aurait pas pensé que j’en arriverais là. Je viens du milieu agricole où il faut travailler pour gagner sa croûte. J’ai débuté à Bercheux. A 7 ans, j’étais la seule fille dans la province de Luxembourg. Plus j’ai grandi, plus j’ai reculé dans les lignes. À 12-13 ans, j’étais libéro, j’étais la boss ! J’ai gagné mon premier titre à 14 ans avec les garçons. Je ne savais même pas qu’une équipe nationale féminine existait. Si j’étais née un peu plus tard (elle est née le 2 juin 1983, NdlR), j’aurais pu être encore plus impliquée dans le foot professionnel.

Les choses ont changé depuis lors. Où en est le football pour les filles en Belgique ?

Au niveau récréatif, on essaie de rendre le football accessible au plus grand nombre. Les choses fonctionnent bien. Entre 2014 et 2018, on a eu 40% d’affiliées en plus en Belgique. Entre-temps, les Red Flames ont joué la Coupe d’Europe, ce qui a certainement eu un effet positif dans cette évolution. Mais on est en retard. On a développé une filière de foot-élite pour les filles. Plus il y aura de filles avec du potentiel, meilleur sera l’encadrement. L'Union belge veut maintenant atteindre le Top 8 mondial avec les Red Flames. C’est super. De nombreuses joueuses jouent à l’étranger (Tessa Wullaert, Aline Zeler, NdlR) et tirent le reste du groupe vers le haut.

La situation est loin d’être optimale. Quels sont les grands chantiers du foot féminin ?

Même au sommet de la pyramide, il faut se pincer parfois pour croire en un tel niveau d’amateurisme. Je l’ai dit il y a quelques mois et je le maintiens. Même les clubs de renommée ne sont pas à la hauteur. Les budgets alloués aux sections féminines y sont dérisoires. Ils attendent un geste de la Fédération, mais elle ne peut pas tout faire à leur place. Une partie des budgets des clubs doivent aller vers les cellules féminines. Point. Aujourd’hui, on organise encore des dîners pour récolter de l’argent ! Quand je jouais à Anderlecht, on m’a demandé de chercher moi-même des sponsors! On parle d’émancipation et d’égalité, c’est vers cela qu’il faut aller, mais on en est loin. Je me bats pour que filles et garçons aient le droit à la même formation et aux mêmes honoraires.

Aline Zeler et sa famille verront ici s'ériger les murs de leur future maison. © Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

Pourquoi les clubs freinent-ils alors que la tendance dans de nombreux domaines est à davantage d’égalité ? 

Cela va de pair avec les droits TV et les sponsors. Un garçon a plus de valeur qu’une fille, entend-on. C’est cette idée-là qu’il faut changer : il faut qu’une fille puisse bénéficier des mêmes conditions et infrastructures qu’un garçon du même âge. Tout part de la formation. Chez les Red Flames, les premières primes de victoire, c’était en 2013. Ce décalage m’énerve ! On a toujours dû avoir un boulot en plus du football. Les conditions pour être la meilleure joueuse possible ne sont pas réunies en Belgique. C’est pour cela que les filles s’en vont jouer à l’étranger. Ici, aucun club n’investit dans une fille. C’est du sport d’élite mais pas professionnel. Pour le moment, il n’y a donc pas d’avenir en Belgique pour une fille qui veut vivre du foot. 
 
La popularité de ce sport passera-t-elle nécessairement par une plus grande médiatisation ?

Oui. Cette médiatisation permet de rendre le sport plus populaire auprès des filles et favorise le développement du foot féminin. Il y a une contrainte budgétaire : s’il n’y a pas assez de supporters, diffuser un match n’est pas rentable. Les supporters paient 5 euros pour assister à une rencontre des Red Flames, qui rassemblait pour les dernières éditions 8 000 personnes. Si c’était plus cher, les gens viendraient quand même. Mais je reste favorable à ce que ce soit accessible à tous, que ce soit une fête familiale du foot, que l’on puisse montrer ce que l’on sait faire, loin de l’indécence du football-business.

Quel est votre rêve pour les filles qui vous suivent ?

Aujourd’hui, elles peuvent plus facilement qu’avant faire le choix du sport ou de la profession qu’elles souhaitent. Moi, je rêve d’égalité salariale et de formation entre filles et garçons. C’est un rêve réalisable, mais je ne sais pas dans quel délai. C’est ça qui est beau ! (Rires) J’ai 35 ans. Je pense que je vivrai au-delà de 100 ans, alors… ce sera de mon vivant !

© Frédéric Pauwels / Collectif HUMA

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