Chapitre VI


Aquaponie

Nouveaux Territoires. La serre aquaponique de Hugo Lam simule un écosystème naturel où l’interaction entre les poissons, les « bonnes » bactéries et les plantes produit une alimentation biologique (voir vidéo ci-dessus). Y pousse notamment une gamme de fruits et de légumes impressionnante toute l’année. Y compris des variétés difficiles à trouver localement.

Photo: Aquaponie

Diplômé en gestion d’entreprise (Université de Californie à Los Angeles), Hugo Lam a suivi les cours en ligne d’un Australien, Murray Hallam. « C’est comme ça que j’ai décidé de me lancer, il y a quelques années. Nous avons ensuite décidé d’adapter le système aux spécificités de chez nous car l’idée, c’est de respecter le milieu et l’environnement pour produire, pas de les modifier. »

Ainsi, les poissons d’eau douce utilisés sont des Koi. « Ce sont des carpes élevées en masse chez nous pour la compétition. Certaines peuvent valoir très chères et sont donc conservées pour les concours mais les autres, on ne sait plus quoi en faire. On a donc décidé de les récupérer. » Symbole d'amour et de virilité, certaines variétés colorées sont très prisées par les collectionneurs et atteignent 20000 dollars la pièce.





Malgré les demandes de précisions, Hugo Lam – réservés sur ces questions - ne précisera jamais les coûts de financement d’un tel projet. Grâce à des investissements probablement très importants (de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros, estime l’équipe belge), « Evergreen Republic » est devenue la plus grande ferme aquaponique d’Asie du Sud-Est.

Certifiées « biologiques » par le prestigieux National Organic Program - organisme qui contrôle l'alimentation issue de l'agriculture biologique, sous l'égide du Département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) – les installations de Hugo Lam ressemblent à un véritable laboratoire.

« Ici, ils testent plusieurs systèmes différents, c’est assez impressionnant », indique Gilles Stouvenakers, assistant de recherche à l’Université de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg). « Certaines cultures, comme les pommes de terre par exemple, peuvent difficilement être développées dans ce genre de systèmes mais la variété des méthodes qu’ils ont développées et qu’ils testent sont très intéressantes. »

Drainage et culture verticale










En Belgique, Gilles Stouvenakers réalise une thèse de doctorat afin d’identifier et de « caractériser », dit-il, les micro-organismes qui se développent dans les systèmes aquaponiques. Quels sont leurs rôles et leurs propriétés ? Sont-ils bénéfiques ? Ou néfastes ? Dans quelle mesure ? Avec quels effets concrets ?

« Contrairement à l’hydroponie, on ne sait encore rien sur ces micro-organismes », poursuit le jeune homme, originaire de Liège.

L’objectif de ses recherches est par ailleurs orienté vers la création de débouchés « très concrets ». « Des pathogènes peuvent par exemple se développer et provoquer des maladies racinaires. En revanche, des micro-organismes peuvent favoriser les interactions entre les plantes, mieux fixer le nitrate, etc. On peut donc isoler ces micro-organismes pour les produire en masse afin de les favoriser dans le milieu, et pour stimuler la croissance des plantes. On a aussi remarqué, dans certaines circonstances, des formes de résistances aux pathogènes. Ce qui est très intéressant. Ils sont présents mais ne se développent pas. Comprendre pourquoi et comment pourraient nous aider à s’en inspirer pour développer des médicaments pour les plantes ou des bio stimulants qui pourraient remplacer les productions chimiques. »

La ferme aquaponique de Hugo Lam en images


Belgium Hong Kong Society