Chapitre III


Seraing hier, aujourd'hui et demain

Par Isabelle Lemaire
Photos : Johanna de Tessières

Photo: Johanna de Tessières

Le passé ouvrier de la "Cité du fer"


Seraing n'était qu'un village de moins de 2000 âmes, peuplé d'agriculteurs, d'artisans, d'extracteurs de houille, quand John Cockerill s'y installe en 1817. La révolution industrielle qu'il impulse va transformer Seraing en une ville ouvrière, riche, populeuse, terre d'immigration et va façonner son développement urbanistique. En 1846, Seraing compte 10 000 habitants, en 1868, le double, en 1883, 30 000. Autant de travailleurs, et leur famille, des industries locales : charbon, acier et verre. Les voitures et les transports publics n'existant pas, les ouvriers et les contremaîtres habitent au plus près de leur lieu de travail. On construit donc à tour de bras des petites maisons si typiques des bassins industriels du Nord de l'Europe, plantées les unes à côté des autres. Fumées, poussières, promiscuité : les conditions de vie ont été dures pour les Sérésiens.

Le bas de la ville, en bord de Meuse, là où la sidérurgie s'est installée, offre d'ailleurs une surprenante vue urbanistique. Maisons et usines sont inextricablement liées. La sidérurgie est enclavée dans le bâti résidentiel. Subsistent encore aujourd'hui des kilomètres de tuyaux industriels, presque collés aux maisons, par lesquels on faisait passer des gaz. Le moindre accident, comme une explosion, aurait provoqué de terribles pertes humaines. Autre bizarrerie, sans doute unique au monde, dans la seconde moitié du XXe siècle, les hauts-fourneaux de Seraing étant éloignés de 20km de l'aciérie, la fonte en fusion était acheminée... en traversant une agglomération de 200 000 habitants !

Seraing accueille donc, au XIX et XXe siècles, une population très largement ouvrière, qui s'enrichit, dès les années 1950, d'une immigration laborieuse : Italiens, Espagnols, Polonais, Marocains ou Turcs viennent donner leurs bras à l'industrie liégeoise en plein essor. La vie politique de Seraing est également marquée par la condition ouvrière. La classe ouvrière s'organise au milieu du XIXe siècle, fait grève, manifeste contre ses conditions de travail et de rémunération. Seraing devient très vite "rouge" et a son premier bourgmestre socialiste en 1921. Ce ne sera pas le dernier : depuis 1952, le parti socialiste détient la majorité absolue au conseil communal.

Le sort économique de la ville étant presque totalement lié à ses industries, Seraing a connu le plein emploi puis a périclité quand le vent a tourné pour le charbon, l'acier et le verre, la laissant exsangue et sinistrée. Le taux de chômage tourne autour de 25%, celui de pauvreté était de 36% en 2013. De très gros efforts sont consentis par les pouvoirs publics pour sortir Seraing de son marasme (lire ci-dessous) mais le travail sera de longue haleine.

Le haut-fourneau 6 de Seraing, qui faisait partie intégrante du paysage de la ville, a aujourd’hui disparu. Il a été dynamité le 16 décembre 2016.

Photo: Johanna de Tessières

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Maisons et sites industriels sont étroitement imbriqués à Seraing. Le bas de la ville est parcouru de tuyaux qui ne servent aujourd'hui plus à rien puisque les usines sidérurgiques ont fermé.

Photo: Johanna de Tessières

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A Ougrée-Bas, la sinistrée, avec ses habitants


En ce jour d'été 2016, le soleil généreux n'arrive même pas à donner des couleurs à Ougrée-Bas, ce quartier pauvre et délabré de Seraing, que Zola aurait adoré dépeindre et où les usines (le haut-fourneau B, la cokerie...) désormais fermées sont enclavées dans les rues. Des décennies de suie et de poussières de charbon crachées par la sidérurgie ont noirci les briques des petites maisons ouvrières qui s'alignent à l'infini. Certaines, inoccupées depuis longtemps, sont totalement délabrées. Des taudis parfois en vente, dont on se demande qui sera assez fou pour les acheter. D'autres ont meilleure allure, retapées ou entretenues par leur propriétaire. Les rues sont traversées de tuyaux industriels piqués de rouille qui ne servent plus à rien. Autrefois, aux belles heures de l'industrie sidérurgique, Ougrée-Bas grouillait de monde, jour et nuit, et les dizaines de commerces de la rue Ferdinand Nicolay étaient florissants.

Aujourd'hui, c'est une toute autre histoire. Dans la rue commerçante, il ne subsiste que des night-shops, un vendeur de motos, un opticien et une friterie. Le taux de pauvreté et de chômage est très élevé et criant. Il suffit de voir le nombre d'adultes en âge de travailler qui prennent le soleil sur le seuil de leur maison en ce jour de semaine, en pleine après-midi. La population locale, composée de multiples nationalités qui se mélangeaient plutôt heureusement, semble s'être communautarisée. Des petits groupes homogènes (Roumains, quart-monde belgo-belge, musulmans sortant de la mosquée...) se croisent sans se parler. Des dépôts clandestins de poubelles en tout genre jonchent les trottoirs.

Certaines maisons d'Ougrée-Bas, aux briques noircies par les suies des usines, sont laissées à l'abandon. Le quartier est gangrené par la pauvreté.

Photo: Johanna de Tessières

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La rue Ferdinand Nicolay était autrefois l'artère commerçante d'Ougrée-Bas. Elle comptait des dizaines de magasins et grouillait de monde jour et nuit. Les usines ont fermé, les commerces aussi.

Photo: Johanna de Tessières

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"Qu'on laisse le mur comme il était avant"

Deux jeunes garçons déboulent, l'un à vélo, l'autre à trottinette. Leur terrain de jeu, c'est la rue et cet espace sordide recouvert de gravier sous la rampe de la route. Pour les enfants, il n'y a qu'une seule petite plaine de jeux dans le quartier, récemment aménagée. Quelques rues plus loin, enfin une touche de couleur : un mur aveugle ceignant une friche a été joliment recouvert de fresques. Nous croisons deux ados, un peu frimeurs, cheveux passés au gel et brillant à l'oreille, qui habitent juste à côté. "Vous aimez les dessins au mur ?" La réponse fuse : "Non, c'est n'importe quoi ! C'est nul." Peut-être est-ce le style de dessins qui n'est pas à leur goût. "Vous auriez aimé quoi à la place ?" "Rien. Qu'on laisse le mur comme il était avant." Ces gamins, qui n'ont jamais eu comme horizon que celui d'Ougrée-Bas, s'en sont tellement accommodés qu'ils n'en veulent même pas d'autres.

Il n'y a qu'une seule plaine de jeux à Ougrée-Bas. Les enfants ont comme terrain de jeu la rue.

Photo: Johanna de Tessières

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Photo: Johanna de Tessières

Malgré la sinistrose ambiante, la chaleur humaine est loin d'être absente. Nous parlons à des habitants souriants, aimables. Jérémie Dewulf, 41 ans, est originaire de Morlanwez. Il s'est installé à Ougrée-Bas en 2000, "parce qu'on pouvait acheter une maison pour une bouchée de pain." Chauffagiste de métier, il est devenu tuyauteur-soudeur pour l'industrie. "J'ai travaillé, comme intérimaire, pour presque toutes les sociétés sous-traitantes d'ArcelorMittal. Je faisais des réparations dans plusieurs usines de la phase à chaud et de la phase à froid. Beaucoup de ces sous-traitants avaient 80 % de leur chiffre d'affaires lié à ArcelorMittal et ils ne cherchaient ni autres débouchés ni nouveaux clients. Certains travaillaient à demeure dans les usines d'ArcelorMittal. Comment deviner que le groupe allait les fermer... ", explique-t-il. Comme tant d'autres, Jérémie Dewulf a perdu son travail. C'était en 2013. Il s'est reconverti en ouvrant un magasin d'informatique à Waremme mais l'aventure s'est arrêtée et il est aujourd'hui à la recherche d'un emploi.

Jérémie Dewulf habite dans un appartement situé à deux pas de la cokerie. Il connaît tous ses voisins, leur rend des services. Il nous invite dans le petit rez-de-chaussée occupé depuis 6 ans par Joseph, un homme d'un certain âge à la santé défaillante. Sonia, une autre voisine, est aussi présente. Ils racontent leur vie à Ougrée-Bas. "Avant, j'aimais bien. Il y avait beaucoup d'Italiens, c'était très convivial. Tout le monde se connaissait. Les gens n'avaient pas de problème d'argent car ils avaient tous du travail. On pouvait se permettre de partir à la mer ou aux Prés de Tilff (un site familial de loisirs avec piscine extérieure en région liégeoise, aujourd'hui fermé, NdlR). Personne ne voulait vraiment vivre ici mais c'était bon marché. Aujourd'hui, beaucoup d'habitants sont partis. Il y a énormément de chômeurs, de minimexés, de personnes en invalidité. Des gens qui ont faim.", évoque Jérémie Dewulf. Sonia, sans emploi, bénéficie de colis alimentaires. "Le prix des maisons a flambé après les fermetures des usines, dans la perspective d'une requalification future des sites. Des ouvriers et des contremaîtres d'ArcelorMittal habitaient ces maisons. Beaucoup les ont vendues ou transformées en maisons à appartements afin de compenser financièrement les baisses de revenus liés à la perte de leur emploi", poursuit-il.

Jérémie Dewulf habite Ougrée-Bas depuis plus de 15 ans. Il décrit un quartier en déliquescence où il est certain qu'il ne restera pas toute sa vie.

Photo: Johanna de Tessières
Trafic de drogues et vols de cuivre

Le quartier semble gangrené par la toxicomanie et la délinquance. "Il y a du trafic de drogue, de toutes les sortes de drogues. Les dealers ne se cachent pas vraiment. Ils profitent du malheur des gens", mentionne Sonia. "On vend aussi des armes. Il y a des cambriolages, des vols de cuivre. Je ne me sens pas en insécurité mais j'évite d'emprunter le soir le passage sous les voies de chemin de fer car il n'est pas éclairé." Les usines fermées par Mittal et leurs kilomètres de câbles électriques sont la proie des voleurs de cuivre. Les pompiers sont régulièrement appelés pour des départs de feu car les voleurs brûlent les gaines de plastique sur place, histoire de récupérer plus facilement le précieux cuivre qui se trouve en dessous et de ne pas s'embarrasser des déchets.

Les riverains immédiats de la cokerie ont subi leur part de nuisances liées aux particules de charbon émises par l'usine. "Les poussières étaient partout. Il ne fallait pas s'asseoir sur un seuil avec un short blanc car il était noir quand on se relevait", se souvient Sonia. "J'étais obligé de nettoyer mes châssis de fenêtres deux fois par semaine", souligne Joseph. Quand le haut-fourneau B, planté en plein milieu d'Ougrée-Bas, était encore en activité, il rejetait des émissions soufrées qui répandaient dans les rues une tenace et écœurante odeur d’œuf pourri. "Ca pue !", s'écriaient les gens de passage. "Non, ça sent le travail", rétorquaient les métallos.

Deux bus pour aller faire ses courses

"Il faut une voiture ou prendre le bus pour aller faire ses courses", souffle Joseph. "Avant, il y avait un Lidl accessible à pied. Maintenant, je dois prendre deux bus pour aller au Colruyt de Seraing. Et pour aller à la Poste, je vais à Liège." Sonia ajoute : "A Ougrée, il n'y a plus rien. Ce serait bien si on créait un petit centre commercial". La jeune femme ne croyait pas si bien dire. En novembre, le bourgmestre Alain Mathot a annoncé son intention de faire raser tout un côté de la rue Ferdinand Nicolay pour laisser la place à un complexe comprenant des commerces, des appartements et des bureaux. Si un nouvel avenir se dessine pour le quartier, que va faire Jérémie Dewulf ? Quitter Ougrée ou y rester ? Sa réponse est sans appel : "Je ne vais pas rester ici toute ma vie, c'est une certitude".

Entreprendre aujourd'hui, dans la tradition et l'innovation


Il a fait ses classes dans la sidérurgie (dont un poste de directeur de Cockerill-Sambre après le rachat par Usinor en 1998). Il est aujourd'hui le propriétaire du château de Seraing où il a installé le siège de son entreprise, Cockerill Maintenance & Ingénierie (CMI), la filiale mécanique de Cockerill-Sambre dont Usinor ne voulait plus. Entrepreneur entreprenant, il a fait de CMI un groupe international diversifié, employant 4700 personnes et l'un des fleurons de l'industrie belge. Aucun doute : Bernard Serin (le bien nommé) est l'héritier naturel de John Cockerill.

Bernard Serin

S'il ne doit qu'y avoir un héritier naturel de John Cockerill, c'est Bernard Serin, le patron de CMI.


Et ce Français de 66 ans assume. "Oui, avec le château qui restera le siège de CMI, le nom Cockerill, le développement du groupe à l'international, nos activités mécaniques et métallurgiques, nos produits et services (armement, équipements et maintenance pour la sidérurgie...), nous portons cet héritage mais il n'est pas lourd", dit-il. "John Cockerill a ouvert la voie avec les machines à vapeur, nous la poursuivons avec des applications plus modernes. Nous innovons, nous déposons de plus en plus de brevets et notre devoir est de nous adapter aux préoccupations de la société, qui évoluent", poursuit Bernard Serin. L'innovation, CMI va la mettre en valeur à l'occasion du bicentenaire de l'arrivée de John Cockerill à Seraing. "Nous allons créer un prix de l'innovation technologique, un prix au niveau mondial et l'autre au niveau wallon. Leur remise est prévue début 2018", annonce Bernard Serin.

Un petit air de Dubaï sur Meuse avec l'Orangerie, cette extension moderne et dorée du château de Seraing qui abrite le siège social de CMI.

Photo: Johanna de Tessières

Les projets de rénovation intègrent des éléments du passé industriel à des constructions modernes.

Photo: Johanna de Tessières

En rupture totale avec l'histoire industrielle de Seraing, l'entreprise de biotechnologies Eurogentec, fondée en 1985 comme spin-off de l'Université de Liège, est installée dans la partie sérésienne du Liège Science Park. Eurogentec est spécialisé dans la biologie moléculaire. L'entreprise fabrique notamment des kits de diagnostic pour les laboratoires d’analyse et du matériel moléculaire pour la recherche (étude du génome et des protéines). Elle emploie 325 personnes dont 245 à Seraing et sa croissance est forte. "Notre bénéfice a triplé en deux ans et notre objectif est de doubler notre chiffre d'affaires dans les cinq prochaines années. Nous voulons construire une nouvelle unité de production et Seraing est l'un des candidats pour l'accueillir", précise Muriel Ancion, marketing manager d'Eurogentec. Elle souligne "la volonté de l'entreprise de rester à Seraing. Il y a un pôle biotech dans la région et on espère qu'il se développera". Muriel Ancion salue la réalisation de grands travaux de rénovation à Seraing (lire ci-dessous). "Tout ce qui favorise la mobilité, l'attractivité de la région, améliore l'image de l'ancien Seraing et véhicule une image positive est intéressant", dit-elle.

Autre entreprise incarnant ce renouveau de l'économie sérésienne, WNM, 21 ans d'existence, se taille une place dans le marché de l'audiovisuel comme fournisseur de solutions et de main-d’œuvre lors de grands événements sportifs (Coupe du monde, Euro de football...), télévisuels (la cérémonie des Magritte) ou de captations de conférences pour le Parlement européen. WNM affichait l'an dernier un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros et ne compte pas en rester là. "Notre spécialité, c'est plutôt le son mais nous allons nous ouvrir davantage à l'audiovisuel avec la création, en compagnie de deux entreprises wallonnes complémentaires, d'une société coupole afin de proposer toute la palette de services audiovisuels", explique Gaëtan Crenier, fondateur et manager de WNM. L'entreprise a démarré ses activités à Liège puis une opportunité de déménager dans un lieu plus grand s'est présentée. "J'ai acheté un ancien magasin de carrelage qui appartenait à la Ville de Seraing. Les autorités communales nous ont fait des facilités à l'installation car la zone était considérée en difficulté. Nous avons été exonéré du précompte immobilier pendant 5 ans", mentionne Gaëtan Crenier. Le patron de WNM se dit "très content du dynamisme et de la reconversion en cours à Seraing. Modestement, nous en faisons partie et c'est important pour nos clients qui viennent en nos locaux. Nous n'avons aucunement l'intention de déménager puisque le cadre de vie est bon et que nous disposons de 5000 m2 de terrain dont un bon millier est constructible. Nous pourrons donc nous agrandir".

Une "Cité de demain" transfigurée


"Cité de demain", c'est un slogan de ville qu'on ne choisit pas par hasard. Seraing ne peut en effet qu'avoir la volonté d'aller de l'avant, après le déclin cruel de la sidérurgie, des charbonnages et de l'industrie verrière. Il faut retrouver un nouveau souffle, une nouvelle vie économique, une nouvelle image, créer de l'emploi, ramener de la population issue des classes moyennes et supérieures dans le centre-ville. C'est déjà ce que voulait Guy Mathot, l'ancien bourgmestre socialiste et homme fort de Seraing aujourd'hui décédé. En 1999, il avait entamé une réflexion sur la requalification de sa ville, en anticipant la disparition, un jour, de certaines activités sidérurgiques. C'est son fils Alain, aujourd'hui bourgmestre, qui porte le très ambitieux Master Plan de Seraing, un projet sans doute unique en Belgique qui est en cours de concrétisation.

Alain Mathot, le bourgmestre de Seraing, porte un ambitieux Master Plan qui change le visage de sa ville et relance son économie.

Photo: Johanna de Tessières

Le Master Plan, ce sont 320 projets urbains axés sur la construction de logements (près de 4000), d'espaces commerciaux, de bureaux et de loisirs, d'une nouvelle cité administrative, la rénovation de façades, la création de parcs, de places de parking, d'un pôle culturel avec salle de concerts, d'un port de plaisance, de zones d'activités économiques thématiques, d'une plateforme logistique multimodale et on en passe. "Le Master Plan, c'est une vision à trente ans qui se fonde sur deux lignes directrices : la création d'un boulevard urbain reliant les différents quartiers de Seraing et d'un véritable centre-ville, pour aller chercher des investisseurs, des clients potentiels. C'est un puzzle puisque chaque projet se développe de manière autonome. L'idée, c'est la dualité entre la modernité et le passé industriel que l'on intègre dans tous les projets. Je connais mon histoire et je veux la conserver", indique Alain Mathot. En effet, d'anciennes halles industrielles sont ou seront totalement réhabilitées, des bâtiments ultra modernes et des voiries flambant neuves cohabitent avec les vestiges du passé.

La philosophie du projet est que l'investissement public suscite l'investissement privé. La mayonnaise semble prendre. Rue Cockerill, au cœur de la ville, la rue rénovée reprend vie. En pleine période de travaux et tablant sur cette rénovation du quartier, le compagnon de Julie a acheté un ancien salon de coiffure pour en faire un joli salon de thé/sandwicherie. Il a ouvert il y a trois semaines et les affaires tournent. "Ces travaux ont tout changé : nouvelle population, nouveaux commerces, changement d'image et de réputation pour la ville. C'était indispensable et c'est vraiment une très bonne chose", signale la jeune femme.

Seraing revient de loin. Et la partie n'est pas encore gagnée mais le bourgmestre y croit. "Je suis plein d'espoir quant au développement de Seraing qui compte des activités économiques de pointe, de haute technologie. Notre objectif, c'est l'emploi, l'emploi hautement qualifié, qui fera revenir de la population payant des impôts et qui créera de l'emploi peu qualifié."


Seraing : Avant - Après

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Deux cent ans de sidérurgie, ça se fête !


Les festivités du bicentenaire de l'arrivée de John Cockerill à Seraing sont organisées par l'entreprise CMI, qui occupe le château de Seraing, fief de l'industriel anglais. On peut trouver le programme complet sur www.cockerill200.com mais en voici déjà un aperçu.

CMI a regroupé quelque 2000 objets ou photos liés à la sidérurgie locale, prêtés par des particuliers. Ils feront partie de la grande exposition qui sera organisée cet été au musée La Boverie à Liège. Une exposition enrichie d'apports multimédia, qui retracera l'arrivée de Cockerill, son impact, l'évolution des techniques industrielles et qui n'oubliera pas d'évoquer l'industrie de demain. On pourra y découvrir une reproduction de la locomotive Type 12, sortie des ateliers Cockerill en 1939. Le Roi Philippe y est attendu pour une visite.

En partenariat avec la RTBF, un film documentaire, à caractère historique et mémoriel, a été réalisé. Il comprend notamment des témoignages d'anciens métallos liégeois. Ce film sera diffusé en télévision début avril.

CMI annonce aussi la publication en mai d'un livre, en collaboration avec l'Institut du patrimoine wallon, sur l'histoire du château de Seraing et sur celle de CMI. A l'occasion des Journées du patrimoine en septembre, CMI ouvrira les portes du château au grand public.

Remerciements



Un grand et chaleureux merci à tous mes témoins qui ont donné de leur temps pour que cette série puisse voir le jour. Merci aussi à Philippe Collinet (pour tout), Marylène Dominique, Bénédicte Borckmans, Lingisi Damas, Jean-Marie Lambotte, Pascal Lefèbvre et toute l'équipe de la Maison de la métallurgie et de l'Industrie de Liège. Une pensée aux métallos liégeois, passés et présents, qui au gré de nos rencontres, nous ont donné le goût de la sidérurgie.