VICTORIA

  • Réalisateur: Justine Triet
  • Acteurs:: Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud,...
  • Origine: France
  • Genres: Drame
  • Année de production: 2016
  • Durée: 1h45
  • Date de sortie: prochainement
  • Synopsis:Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime. Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu'elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria. ?

Virgine Efira, femme pressée

Alain Lorfèvre

La vie de Victoria (Virginie Efira) est une galère. Avocate au barreau de Paris, mère séparée de deux petites filles, son baby-sitter la plante alors que son meilleur ami, Vincent (Melvil Poupaud), accusé d'avoir poignardé sa compagne, la supplie de la défendre malgré les risques de conflit d'intérêt. Entre séances chez son psy, sa voyante et tentatives - ratées - de sexe via des sites de rencontres, sa vie sentimentale est un fiasco. Et son ex, David (Laurent Poitrenaux), écrivain raté, ne trouve rien de mieux que de signer sur un blog un auto-fiction révélant affaires et détails croustillants sur la vie de Victoria... Heureusement, Sam (Vincent Lacoste), petit dealer rangé des voitures et ex-client, surgit à point nommé pour se taper l'incruste tout en jouant les garçons au pair - et les assistants inattendus.

Il y aura au moins deux grands films féministes à Cannes cette année. Un dont nous ne pouvons encore rien dire et celui-ci. Et tous deux ont pour point commun, outre leur approche en biais (thriller d'un côté, comédie ici) d'avoir Virginie Efira à l'affiche. Premier rôle, portant l'essentiel du film, la Belge excelle autant dans la comédie que dans l'émotion - même si le scénario et la mise en scène sont un peu timorés dans le dernier registre.

Révélée en 2013 à Cannes avec La Bataille de Solférino, plus politique, Justine Triet revient à la Semaine de la Critique avec ce portrait d'une femme moderne, qui peine à concilier vie professionnelle, privée et de famille. Le thème n'est pas neuf, mais plus que jamais dans l'air du temps. Sans tomber dans le film à thèse, évitant la caricature de la lutte des sexes, et jouant le plus souvent de l'humour et du second degré, la réalisatrice ne cache pas pour autant son constat : nos vies occidentales carréristes débouchent sur des ruines affectives, et les femmes en paient généralement le plus lourd tribu.

Les hommes ne sont guère à leur avantage. Vincent est égocentrique, David un pervers narcissique. La manipulation est leur fort. Seul Sam, homme-enfant d'abord, s'avère le plus fiable et le moins intéressé, malgré les apparences. Un vrai gentil. Victoria, elle, recherche ce fragile équilibre qu'elle a perdu - en essayant toutes les thérapies et médecines alternatives possibles ; l'épiphanie ne viendra pourtant que via le moins politiquement correct des expédiants.

Victoria n'est pas une grande comédie, future classique du genre. Mais elle remplit son office, grâce notamment au naturel - et aux nuances, mine de rien - de Virginie Efira. Elle est belle, charmante, désarmante, sans se transformer pour autant en femme fatale. Une fille d'à côté, parfaitement à côté de ses pompes, comme on en croise tant de nos jours - qui aimerait encore croire à l'amour à défaut de croire au prince charmant. A l'instar de leurs personnages respectifs, le duo que forme la comédienne avec Vincent Lacoste (égal à lui-même, mais pas moins caustique et charmant pour autant) fonctionne à plein régime. Les autres seconds rôles ne déparent pas l'ensemble, transformant cette dramédie sympathique en cocktail rafraichissant à défaut d'être totalement enivrant. Comme on le constatera à l'écran, ce film à même du chien - avec option assurée sur la Palme Dog, prix alternatif et canin du festival.