THE NICE GUYS

  • Réalisateur: Shane Black
  • Acteurs:: Ryan Gosling, Russell Crowe, Margaret Qualley, ...
  • Origine: USA
  • Genres: Comédie, Policier
  • Durée: 1h56
  • Année de production: 2016
  • Date de sortie: mai 2016
  • Synopsis: Los Angeles. Années 70. Deux détectives privés enquêtent sur le prétendu suicide d’une starlette. Malgré des méthodes pour le moins « originales », leurs investigations vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités très haut placées…

Mélange improbable mais déjanté de "L’Arme fatale","Chinatown" et "Boogie Nights"

Depuis "L’Arme fatale" et ses innombrables dérivés en séries télé, le buddy movie est devenu à Hollywood ce que la pizza est à la cuisine italienne et ce que la pudeur n’est pas à Rihanna : un classique incontournable, la recette la plus souvent déclinée. Autant dire qu’un nouveau film de potes ne titille plus beaucoup de curiosité cinéphilique, même signé par l’épatant Shane Black, celui-là même qui s’est fait un nom en dévoilant les coulisses hilarantes d’Hollywood dans "Kiss Kiss Bang Bang" ou en engrangeant 1,2 milliard de dollars avec "Iron Man 3". Et pourtant, avec "The Nice Guys", sans révolutionner quoi que ce soit, le surdoué de la caméra signe une œuvre hors norme, hors du temps, hors des chemins balisés par Hollywood.

L’intrigue n’a pourtant rien de révolutionnaire en soi. Holland March, un privé plutôt crétin, gaffeur, freluquet et surtout très immature (Ryan Gosling), est amené à collaborer, à contrecœur, avec un collègue du genre à cogner d’abord et à poser les questions ensuite, Jackson Healey (Russel Crowe). C’est que la fille d’une responsable de la sécurité nationale (Kim Basinger) a disparu dans le milieu du porno et si cela s’ébruitait, cela ferait mauvais genre.

Le coup de génie de Shane Black, c’est d’assumer complètement les clichés, et de les transposer dans l’industrie porno de l’Amérique disco des années 70. Pour déboucher sur un mélange improbable de "L’Arme fatale", "Chinatown", "L.A. Confidential" et "Boogie Nights". Les héros, qui rappellent ceux de "La Chèvre", se vautrent sans vergogne dans les standards les plus éculés du film noir (l’alcool se consomme comme du petit lait, les menaces sont monnaie courante, les moyens les plus crapuleux pour mener une enquête sont toujours les meilleurs) et de la comédie d’opposition ou même des divertissements crétins si populaires outre-Atlantique (Ryan Gosling, aux toilettes, tente de préserver sa pudeur tout en tenant son arme pointée sur Russel Crowe et en gardant si possible la porte ouverte : du burlesque à l’état pur).

Le résultat est décapant. Entre Russel Crowe qui défonce le visage d’un homme à coup de crosse de fusil ou Ryan Gosling, complètement ivre, qui plonge à la poursuite d’une sirène dans une fête hollywoodienne décadente, lors que le duo ne balance pas un cadavre sur la table de quelques fêtards tranquille, les situations les plus improbables se succèdent à un rythme soutenu, comme au temps béni de "La party".

"The Nice Guys" ne révolutionne en rien le 7e art, mais, par la grâce de ses dialogues déjantés et ses différents niveaux de lecture destinés aux cinéphiles, relève très nettement le niveau actuel des comédies américaines généralement réservées aux ados.