GRAVE

  • Réalisateur: Julia Ducournau
  • Acteurs:: Garance Marillier, Ella Rumpf, Joana Preiss,...
  • Origine: France/Belgique
  • Genres: Comédie
  • Année de production: 2016
  • Durée: 1h35
  • Date de sortie: prochainement
  • Synopsis:Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Mauvais sang

Alain Lorfèvre

La majorité des familles découvertes jusqu'ici sur les écrans cannois sont largement désaxées, brisées, endeuillées ou contraires aux apparences. Grave ne déroge pas à cette tendance. Le film, dévoilé samedi, était très attendu. Parce qu'il arrive buzzé comme un "film d'auteur de genre". Et qu'on le doit à Julia Ducournau, une des deux réalisatrices françaises primo-entrantes (avec Stéphanie Di Giusto et La Danseuse), qui viennent rejoindre dans l'historique cannois les récentes Alice Winocour et Valérie Donzelli, d'ailleurs respectivement membre et président du jury de la Semaine - sacré parrainage.

Coproduit en Belgique par FraKas production, majoritairement tourné à Liège (on reconnaîtra le Sart Tilman), Grave mérite son titre... C'est un faux coming of age movie, où l'on suit les premiers pas de Justine (Garance Marillier) dans une école de vétérinaires. Dans famille, on est végétarien de père en filles. Retrouvant sa soeur aînée Alex (Ella Rumpf), déjà dans l'école, Justin est forcée lors des épreuves de bizutage à manger un rein de lapin. Les jours suivants, une violente réaction épidermique se déclenche. A peine remise, Justine se découvre une appétence pour la viande - fraîche et sanglante de préférence...

Julia Ducournau tient a priori un bon pitch. Et la première moitié de Grave ne déçoit pas. Le film ferait un carton au Festival du Film Fantastique de Bruxelles. Garance Marillier porte l'innocence qui sied à ce personnage de première de classe, un peu coincée et encore innocente. Sa soeur et voisin de chambré gay vont se charger de déniaiser un peu. La jeune actrice traduit à la perfection la métamorphose - ainsi que les affres qui l'accompagnent.

Dans la deuxième partie, malheureusement, le premier twist étant survenu - et amené de doigt de maître - le récit s'empêtre un peu. La réalisatrice semble avoir épuisée son idée, géniale, initiale. A partir de là, elle ne sait plus trop quoi en faire. Mais elle doit encore tenir la distance jusqu'à la fin - et le dernier twist, que les plus roués devineront d'autant plus aisément que le casting est là pour nous aider... Alors, la réalisatrice compose, avec talent, quelques séquences chocs, rajoute deux ou trois morceaux indie-rock péchus pour occuper l'espace. Mais le récit patine et les personnages n'évoluent plus guère - ce qui est d'autant plus dommage que les acteurs se donnent totalement.

Ce n'est grave - on sent bien un potentiel prometteur. Mais pas encore suffisant pour emporter l'adhésion. Et comme Julia Ducournau n'est pas la première de sa génération - ni même de celle qui précède - à témoigner de son amour du cinéma de genre, on attendra la suite du menu pour trancher définitivement.