CAFÉ SOCIETY

  • Réalisateur: Woody Allen
  • Acteurs:: Jeannie Berlin, Steve Carell, Jesse Eisenberg,...
  • Origine: USA
  • Genres: Comédie dramatique
  • Année de production: 2016
  • Date de sortie: mai 2016
  • Synopsis:New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d'étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l'engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n'est pas libre et il doit se contenter de son amitié. Jusqu'au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l'horizon s'éclaire pour Bobby et l'amour semble à portée de main…

“Café society” de Woody Allen


Fernand Denis

Hors compétition - Gala d'ouverture
L’ouverture idéale du 69ème festival

Alors ce Woody Allen. Un petit Woody ? Un grand Allen ? Ristretto, expresso ou lungo, ce “Café Society” ?

Juste un beau Woody Allen. Un Woody qui, 97 minutes durant, fait tout oublier : la pluie, les contrôles, les soucis. C’est aussi fait pour cela le cinéma. Et quand la salle se rallume, c’est encore du Woody Allen, tant la fin est sublime.

Le temps du “Café society”, on vit dans le monde du cinéma, un monde qui n’existe pas. C’était, souvenez-vous, celui de Cecila, la serveuse de “La rose pourpre du Caire”, qui venait oublier son existence misérable dans une salle obscure en regardant les égyptologues et leurs téléphones blancs. Cette fois, on est de l’autre côté de l’écran, à Hollywood, chez un agent puissant des années 30 qui organise des parties autour de sa piscine pour faciliter les rencontres entre les producteurs et ses clients. C’est là que débarque un jour, Bobby, son neveu, qui a fui New York pour ne pas passer sa vie dans l’arrière-boutique de la modeste bijouterie paternelle. Il ne connaît rien, ni personne, alors son oncle demande à sa secrétaire Vonnie, de lui servir de guide. C’est Kristen Stewart en socquettes blanches et il en tombe fou amoureux.

On est au cinéma, ce n’est pas la vie car tout est beau : la lumière, les costumes, les immeubles, les accessoires, les décors, les acteurs et plus que tout, les actrices. Même les problèmes sont beaux et posés avec une incomparable légèreté, celle d’un vaudeville. Bobby est amoureux de Vonnie. Celle-ci est sensible à sa naïveté, sa sincérité mais elle n’est pas libre. Son amant depuis un an n’est autre que le tonton, lequel est aussi très amoureux au point de vouloir quitter sa femme.

La situation est usée comme la toile et pourtant Woody parvient encore à la rendre délicieusement drôle ? Ce qui est plus merveilleux encore c’est la façon dont il densifie, transforme sans même qu’on s’en aperçoive, ce triangle de boulevard en un cheval de Troie qui s’immisce dans le spectateur et le touche au cœur. Précisément là où certains sentiments ne meurent jamais. C’est la suprême élégance de Woody Allen: réaliser un film où l’on rit beaucoup sans être dupe que tout cela est intimement douloureux.

Le cast aussi est trop beau pour être vrai. Jesse Eisenberg est un Woody Allen jeune, plus posé ce qui rajoute de l’épaisseur. Kristen Stewart est définitivement une toute grande, dans deux emplois qui démontrent son talent. Le personnage de Blake Lively s’appelle Veronica, comme Veronica Lake, pour sûr. Et Woody Allen n’a plus filmé sa chère New York aussi amoureusement depuis longtemps.

Existait-il meilleur film pour ouvrir le plus grand festival de cinéma.? Non