Depuis 2015, les Koglweogo tissent leur toile au pays des hommes intègres. Illustration du ras-le-bol de la population face à l’insécurité rampante, se sont étendus dans une grande partie du pays, paliant le manque d'effectifs policiers. Ces milliers d’associations citoyennes entendent ainsi s’attaquer à l’injustice et à la corruption des forces de l’ordre, des élites politiques et judiciaires. Leur efficacité est reconnue de tous. Mais en mettant la main sur la chaine répressive dans son ensemble, les Koglweogo s'arrogent les rôles de policiers, justiciers et bourreaux, sanctionnant au terme de tribunaux populaires expéditifs par des amendes, des sévices corporels et des actes d'humiliation.
Immersion dans le monde des Koglweogo, ces groupes citoyens d'autodéfense devenus aussi nécessaires que controversés.
On estime aujourd’hui à 4400 le nombre d’association Koglweogo disséminées à travers le pays. Chacune regroupe au minimum 21 membres. Ces groupes citoyens d'autodéfense sont présents dans la majeur partie des régions (Centre-Nord, Plateau central, Centre-Est, région de l’Est, Centre-Ouest et Centre-Sud), à l’exception des Haut-Bassins et des Cascades, où la concurrence avec les chasseurs Dozo et une population réfractaire ne leur a pas permis de s’implanter. Dans ces régions, on assiste régulièrement à des oppositions violentes entre les pro et anti-Koglweogo. Issus de toutes les couches sociales et appartenances religieuses, les Koglweogo révoquent toute motivation ethnique. Leur progression est fulgurante et s’est faite par contagion, depuis les zones rurales vers les villes (ils sont présents à Ouagadougou et dans sa périphérie). S’ils sont moins visibles aujourd’hui dans l’espace public, leur emprise reste importante.