Pssst... les cartes sont cliquables
Question compliquée
Les acheteurs de notre dette sont anonymes. On n’a pas précisément de vue sur « qui détient quoi », mais on sait en revanche quels sont les grands flux d’achat de notre dette, qui est achetée autant par des investisseurs particuliers qu’institutionnels (fonds de placement, États, etc.).
Quelque 40 % de la dette belge est détenue par des résidents belges, dont une part importante par la Banque nationale de Belgique (BNB). BNB qui, chaque trimestre, donne juste les grandes catégories d’investisseurs, par Région, mais sans le détail. Les 12 banques belges habilitées à vendre ces produits font également des rapports, mais de nouveau sans le détail, « secret professionnel » oblige.
En une vingtaine d’années, on peut observer que les flux s’inversent. La dette brute consolidée a progressivement transité des mains des résidents belges vers les non-résidents. Et parmi ces derniers, les pays hors zone euro ont confisqué la part majoritaire de la dette belge dans ce même laps de temps.
« Pour l’instant, nous avons beaucoup de succès sur le marché des obligations d’État auprès des investisseurs asiatiques, en particulier du Japon et de la Corée du Sud », précise Jean Deboutte, directeur de l'agence fédérale de la dette.
Même à des taux très bas, notre dette intéresse, d’autant que les investisseurs « hors Europe » peuvent aussi gagner leur vie sur les taux de change. Cette forme de couverture visant à se prémunir des effets de variation des devises, via des contrats à part, peut aussi rapporter de l’argent.
Pourquoi la charge de la dette diminue-t-elle ? Voir sur notre carte #3 "Cela coûte cher, la dette ?"
Oui !
Tout le monde peut acheter des obligations linéaires à long terme (OLO) ou des bons d’État, produits les plus courants. Notre dette est fort demandée, parce que « sûre », mais n’est de ce fait-là pas très attractive en termes de rendement. Seuls quelques pays comme l’Autriche ou l’Allemagne affichent des taux d’intérêt encore plus faibles.
Pour investir, il y a en gros deux marchés : le marché primaire et le marché secondaire.
Le premier nommé a trait aux émissions : l’acheteur achète une obligation d’État nouvellement émise, à un taux et une durée préalablement connus. Ensuite, une fois que le titre a été acheté, il peut se négocier sur le marché secondaire si l’investisseur ne souhaite pas attendre l’échéance finale avant de récupérer sa mise de départ.
Sur le marché secondaire, le titre de l’obligation d’État fluctue au gré des variations de taux et des conditions de marché. Si la dette est de plus en plus jugée crédible par les investisseurs et que la demande est forte, les rendements vont naturellement augmenter. « Ce sont de très gros marchés, complète Jean Deboutte, directeur de l'Agence fédérale de la dette. Sur une année, plusieurs centaines de milliards d’euros sont échangés ».
C'est ici que sont émis pour la première fois les actifs financiers. Ce marché permet aux émetteurs - institutions publiques, entreprises privées... - d'augmenter leur capital.
Le marché secondaire est ce qu’on appelle la Bourse. C'est le lieu où les actions et les obligations sont vendues et achetées par des investisseurs.
C’est déjà arrivé, oui, mais ce n’est pas simple
Cette dernière décennie, les cas de l’Argentine et de la Grèce ont beaucoup fait parler d’eux. Négocier une restructuration de dette implique non seulement une perte financière pour le créancier, mais aussi une perte de crédibilité pour le débiteur. Faire défaut, même sur une partie de la dette, provoque l’inaccessibilité d’un pays au marché.
Ce qui est dommageable : la Grèce, longtemps, n’a pas eu accès à cette source de financement classique qu’est le marché des dettes souveraines, et a dû recourir aux prêts du Fonds monétaire international (FMI) ou de source européenne (UE).