Bienvenue à la Villa Empain
dans les années 30

La Villa Empain s’ouvre aux visiteurs en mode “Flamboyant”.
La nouvelle exposition de la Fondation Boghossian
est une immersion dans l’art de vivre des années 30.
Une expérience intime à vivre le 6 juin,
sous forme de visite guidée exclusive,
dont on vous donne un aperçu ici-bas.

© Lola Pertsowsky

© Lola Pertsowsky

Un écrin flamboyant
pour Boghossian

"Le bâtiment est majestueux, et on se demande toujours ce qui est passé par la tête de ce jeune Louis Empain lorsqu’il a fait construire une telle villa”, nous dit Cécile Dubois, notre experte Art déco.

Louis Empain venait d’hériter d’une fortune considérable et décida de s’établir dans l’avenue la plus chic de Bruxelles”.
Cécile Dubois, guide conférencière, spécialiste de l'époque Art déco.

Étonnamment, par la suite, le jeune Empain montre des goûts simples (il demande à son épouse Geneviève Hone de ne jamais porter de bijoux, et investit sa fortune dans les œuvres philanthropiques – mouvements de jeunesse pour jeunes filles, habitations à loyers modérés –, au point même que le reste de la famille Empain se méfie du tournant “socialiste” que Louis aurait pris.

Au moment où il construit la villa, à partir de 1930, avec l’aide de l’architecte star de l’époque, Michel Polak, il choisit les plus beaux matériaux – bois précieux, ferronnerie en laiton dorée à la feuille, marbre.

© Lola Pertsowsky

© Lola Pertsowsky

Et cependant les formes de sa villa demeurent classiques ; la symétrie est presque celle d’un temple antique avec patio et colonnes – “rien à voir avec le style Art déco plus chaleureux de la villa Van Buuren, à Bruxelles également”.

© Reporters

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À sa construction, la villa est des plus modernes, pourvue de quatre salles de bain – une par chambre. Il n’en reste plus qu’une, les trois autres ayant disparu pour ouvrir les espaces, et transformer l'affectation de la villa Empain.

La piscine, chauffée, filtrée en continu, fait près de 20 mètres. À l’époque, les piscines olympiques font 33 mètres”. Bref, le lieu idéal pour une soirée de prestige.

Vivre dans un
environnement surréaliste

Tous les enfants des années 30 ne dorment que dans une chambre où sont accrochés un Picabia – un peu angoissant, peut-être – ; un Van de Woestijne sous forme d’Annonciation à la Vierge ; et un portrait de Strebelle par Strebelle – Rodolphe S. peint son jeune fils Olivier qui deviendra sculpteur, notamment, de la monumentale sculpture en métal, porte de Namur.


Mais le père de notre jeune homme est un grand collectionneur d’art. Il dort avec Kandinsky (cf.la chambre des époux). Il dialogue au salon intime avec Spilliaert et Matisse. Et il fume la pipe avec Kees Van Dongen.

Alors rien n’est trop beau pour son bambin, qui comme on les voit accrochés aux murs de la villa, porte les petits costumes de marin dont on a aussi vu affublés Albert et Baudoin dans des photos de leur prime jeune princière.

© AV

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Il joue avec ses soldats de bois sur un tapis signé Joan Miró (rien moins que cela !). Sans doute la figure centrale du surréalisme doit nourrir l’imaginaire du jeune garçon.

© AV

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Le garçonnet possède aussi, comme les petits jeunes hommes de son âge, ce drôle de jouet qu’on appelle une tour de massacre : comme dans les foires, on décoche des balles en tissu dans des faces de méchants.

Du jazz dans l’air

Plonger dans l’environnement de Flamboyant, c’est aussi tomber dans l’ambiance sonore des années 30.

Dans le salon d’honneur, le meuble radio diffuse des titres anglophones et francophones, savamment collectés par des musicologues de L’ULB et qui donnent le timbre sonore d’une époque qui a ouvert son champ musical et culturel.

À l’étage, on tombe nez-à-nez avec une céramique de Charles Catteau, pour Boch et qui représente précisément des danseurs de charleston. Les danseuses ont les cheveux courts et portent des robes à la taille descendue, un écho à Joséphine Baker et sa Revue Nègre qui débarquent à Paris, en 1925.

© Lola Pertsowsky

© Lola Pertsowsky

Les petits musiciens sculptés jouent du banjo, à la Django. Les décennies 20 ou 30 voient le recul des danses traditionnelles, au profit d’un intérêt pour le jazz, le tango ou le charleston.

Et ça tombe bien : des cours de charleston pour adultes seront donnés à la villa, les 12 mai et 9 juin à 15h. Pour une immersion des plus complètes.

Une histoire mouvementée

Désormais écrin de la Fondation Boghossian, la villa a connu bien des propriétaires avant de taper dans l’oeil de Jean Boghossian qui l’achète en 2006 pour en faire ce centre du dialogue entre Orient et Occident, dont il chérit l’idée. Il a alors dans l’idée de restaurer la villa intégralement – alors qu’elle est dans un bien sale état – ce qu’on a des difficultés à imaginer aujourd’hui.

1930-1937.

Louis Empain inaugure sa villa, sur ce qui est, à l’époque, l’avenue des Nations. C’est l’architecte suisse Michel Polak, alors très en vue car il est l’homme du Résidence Palace, qui édifie la villa aux lignes modernistes, et dans des matériaux de luxe. Les travaux prennent fin en 1935. Louis Empain est domicilié à cette adresse de 1933 à 1937.

1937-1944.

La villa est confiée par son propriétaire à la Ville de Bruxelles qui en fait un musée des arts décoratifs, jusqu’à ce que les lieux soient réquisitionnés par l’occupant allemand, à partir de 1943, jusqu’à la Libération, en septembre 44.

Fin de la guerre-années 60.

La villa devient l’ambassade de l’URSS. Ce qui ne plaît guère à Louis Empain, qui engage un procès contre l’Etat belge pour récupérer son bien. Procès qu’il gagne.

1973-2006.

La villa est revendue à un propriétaire qui loue les bâtiments à la chaîne RTL, qui y installe son quartier général. Devenue trop petite pour le média, malgré ses 3500 M2, la villa passe dans les mains de Stéphan Jourdain, promoteur immobilier et homme d'affaires, qui revend également le bien.

Les Monuments et Sites font poser les scellés et inscrivent la villa sur sa liste de sauvegarde le 12 juillet 2001. Durant sa période d'oubli et de désaffection patrimoniale, la villa aura été aussi squattée, ce que nous montre Cécile Dubois, à travers les vestiges d'un tag, sur le mur de l'escalier d'honneur, savamment gommé par la restauration dont bénéficia la villa.

2007-2010.

La villa est classée. S’entament des travaux de restauration titanesques jusqu’en 2010, date de la réouverture de la Villa Empain comme lieu d’accueil de la Fondation Boghossian.

À l'agenda de La Libre Explore

Exclusif. Qui n’a jamais rêvé de passer une soirée autour de la piscine de la Villa Empain ?
La Libre Explore pousse les portes de la villa Art déco, pour ses lecteurs le jeudi 6 juin, en soirée, dans le cadre de l’exposition "Flamboyant, un art de vivre dans les années 30".

L’actuelle exposition a pour enjeu de redonner à la Villa Empain les couleurs qu’elle pouvait avoir dans les 30’s, quand son propriétaire et maître d’ouvrage Louis Empain, y vivait. Ce dont nous parlera Louma Salamé, directrice générale de la Villa Empain/Fondation Boghossian et commissaire de l’exposition.
La soirée se poursuivra en compagnie de Cécile Dubois, guide conférencière passionnée d’Art déco ; avant un verre partagé autour de la piscine de la villa. Infos et réservations : http://www.lalibre.be/action/explore-villa