“Obligé de travailler au noir pour vivre”

Martin, sans-papiers

Il avait 17 ans à son arrivée en Belgique, venu d'Afrique de l’Ouest, armé d'un seul visa touristique et mû par les intentions fermes de ne pas profiter du système, de faire des études dans son pays d'accueil. Près de 15 ans plus tard, si Martin s'est parfaitement intégré dans la commune où il réside, il n'a pas pu obtenir une régularisation durable de sa situation et est donc condamné à enchaîner les boulots au noir. Le jeune homme n'a pourtant pas ménagé sa peine pour montrer sa volonté d'être un élément productif de la société. Il a fait des études supérieures et suivi une formation dans un métier en pénurie de main-d’oeuvre.

"Le système est fait de telle manière que, peu importe le chemin qu’on emprunte, si ça ne correspond pas à ce qu’ils veulent ‘en haut’, on va te casser. C’est ce qui se passe avec moi depuis très longtemps. Même avec une offre d’emploi légale ferme, s’il y a des Belges qui ont le diplôme adéquat, ils passeront avant moi. Chaque année, la liste s’allonge avec les nouveaux diplômés donc c’est impossible de travailler légalement. Comme il faut tout de même pouvoir vivre, je suis obligé de me tourner vers le travail au noir."

Sales boulots et “salaires” indignes

Quand on est sans-papiers, difficile de faire la fine bouche face aux jobs non déclarés qu'on peut décrocher. Martin a dû se salir les mains : plonge dans une poissonnerie et nettoyage de camions poubelles communaux. Parfois, c'est plus clean : travaux de jardinage, de bricolage, dépannage informatique chez des particuliers, programmation informatique, création d'un site web pour une manifestation culturelle, concerts avec son groupe... Un peu de tout, quelques fois payé au lance-pierre et toujours en cash, évidemment.

Arnaques et solidarité

Car il en a connu des arnaques. Comme cette compagnie d'assurances pour qui il a fait de la programmation informatique pendant presque un an et qui ne l'a payé que 1000 euros. Ou ce commerçant qui ne lui verse finalement que la moitié de la somme négociée pour un travail pourtant parfaitement exécuté. "Là, j’ai râlé. Je ne lui ai pas donné le logiciel que j’avais conçu et je n’ai donc pas reçu le reste de l'argent."

Entre deux boulots, c'est la galère. Martin doit alors compter sur la débrouille et la générosité de ses proches pour survivre. "Si j'avais accès à plus de boulots, ce serait bien", glisse-t-il.

D'un naturel résolument optimiste, Martin veut croire en un avenir meilleur en Belgique. Un chef d'entreprise lui a fait une offre d'emploi ferme et il n'attend qu'une chose : que le jeune homme ait des papiers en règle pour pouvoir l'embaucher.