“La fonction première d’un travail, c’est de gagner de l’argent”

Olivier, coach sportif

“Pour une heure par semaine, je me suis retrouvé avec des charges plus importantes. Au lieu de payer 70 euros de cotisations tous les trois mois, j’ai dû rembourser 5000 euros sur l’année. Je me suis clairement fait avoir”, lâche Olivier, assez remonté.

“Pendant tout un temps, j’étais coach déclaré”, ajoute-t-il, avec un sentiment de nostalgie complètement inexistant. “J’ai décidé de ne plus déclarer les heures, comme ça, ce sera pour moi et je ne devrais plus rien à cet État qui se fout de ma gueule et me pompe du fric en jouant sur une heure par semaine”, s’emporte-t-il, rongeant son frein.

Il a donc contacté un organisme de coaching sportif pour qui il a déjà travaillé mais, cette fois-ci, en exerçant au noir.

“Ils facturaient 80 euros de l’heure et moi je ne touchais même pas 40. Pourtant, il ne faisait que mettre en liaison avec le client. Moi je faisais tout, le programme, l’entraînement, etc. C’est là que je me suis dit que j’allais carrément me mettre à mon compte. Pour éviter de me faire avoir par le fisc ou par des gens qui ne participent pas à ta prestation et se servent de toi”.

Olivier l’avoue, le travail de coach sportif est idéal pour faire du noir. “Tu vas chez les gens ou dans des endroits publics pour courir, donc au niveau du contrôle, c’est compliqué”, lâche-t-il, un peu plus rieur. Mais, là encore, ça ne suffisait pas pour en vivre, selon lui.

Piquer des clients dans un milieu de requins

“J’ai commencé par piquer les clients de l’organisme, afin de faire des séances sur le côté et mettre un peu de beurre dans les épinards. C’était un petit bonus. Mais c’était de l’ordre de l’argent de poche, je ne pouvais pas vivre de ça. C’était sporadique”, dit-il. “La fonction première d’un travail, c’est de gagner de l’argent”, répète-t-il.

Piquer des clients peut être risqué. Ou en tout cas vite repérable. Mais tous les coaches ou presque le font, assure Olivier. “C’est un milieu de requins. La majorité des coaches font des séances en plus à côté. Il y a de la concurrence”. Olivier faisait ça aussi à côté de son boulot principal. Il parle au passé car il a complètement changé de job, ne parvenant pas à s’en sortir, dit-il.

“J’étais professeur de sport, à Bruxelles, dans différentes écoles. Je tiens à dire que je n’ai jamais fait de black en étant au chômage. Mais dans les écoles, je n’avais pas forcément de travail tout le temps. À un moment, je bossais avec cinq écoles différentes pour essayer d’arriver à un temps plein, que je n’avais même pas. Je récoltais 1500 euros maximum quand je gagnais bien mais ça montait plus souvent aux alentours de 1000 euros. J’aurais gagné plus au chômage. Le coaching permettait de gagner un peu plus mais je n’avais pas beaucoup de clients. Je ne faisais pas de publicité, tout fonctionnait au bouche-à-oreille. Donc à 40 euros la séance (qui peut durer plus d’une heure), pour quatre ou cinq clients vus une fois par semaine environ chacun, je ne gagnais pas énormément”, détaille-t-il.

Et le financement de la sécurité sociale ?

Pour Olivier, ce qui le motive le plus dans le travail au noir, c’est la lutte contre l’injustice. Il trouve que les organismes privés devraient mieux rémunérer leurs employés pour atténuer ce problème. Mais l’autre point, c’est la sécurité sociale. “La Belgique a une super sécurité sociale, c’est vrai. Sans la jouer égoïste… je n’en profite absolument pas. Je n’ai quasiment jamais été au chômage, a priori je ne le serai jamais désormais et je ne suis quasiment jamais malade. Je suis d’accord avec le système de solidarité mais il faut aussi penser à ses propres billes. Parfois, il faut pouvoir se mettre un peu d’argent de côté sans le donner à certains qui ne le méritent pas…”, lâche-t-il, se sentant lésé. C’est donc pour cela qu’il a commencé le travail au noir, qu’il continue à pratiquer de temps à autre à côté de son nouvel emploi.

Du noir que ses formateurs en coaching lui ont conseillé de faire, d’ailleurs.

Son avis sur le travail au noir ?

“Énormément de gens font du black car les lois fiscales sont trop drastiques. On a tellement l'impression de se faire avoir qu'on le fait. Je ne suis pas un esclave. Les contrôleurs et l’État n'aident en rien et pompent les fruits de notre travail. Les règles sont trop injustes. Si les lois fiscales étaient mieux ajustées, ça limiterait le travail au noir.”