Sapin, dinde, guirlande lumineuse… Voici d’où viennent les traditions de Noël

Un dossier de Laura Lieu

Dès les premiers jours de décembre, la magie des fêtes de fin d’année s’installe dans de nombreux foyers. Les rues et les magasins s’illuminent et sortent leurs plus belles décorations.

Les boules de Noël, la bûche, les cadeaux, la crèche, le sapin… LaLibre.be vous dévoile l’origine des traditions de Noël.

L’origine de la fête

Selon les archéologues, une fête similaire à Noël était célébrée dès l’Antiquité : les Saturnales. En l’honneur de Saturne (dieu de l’agriculture), de grands banquets étaient préparés pour célébrer la fin de l’hiver, le retour à l’abondance et l’allongement des jours.

Dès 274 après J.C., la fête païenne se clôturait le 25 décembre avec le Dies Natalis Solis Invicti représentant le jour de la renaissance de Sol Invictus, dieu solaire romain.

C’est en 336 après J.C. que le 25 décembre a été choisi pour commémorer la naissance de Jésus (dont le jour exact n’est pas connu), faisant de cette date le symbole de la renaissance de la vie et du fils de Dieu.

C’est seulement à partir du 19ème siècle que tous les éléments vont converger pour créer la fête que nous connaissons aujourd’hui. L’industrialisation et l’américanisation de notre culture ont, quant à elles, joué un rôle indiscutable dans son adoption en Europe dès la Deuxième Guerre mondiale. Sous l’effet de la mode et des médias de l’époque, le Vieux Continent a tenté d’imiter son frère outre-Atlantique jusque dans ses traditions. Le début de la production de masse a permis à tous ceux qui le souhaitaient de s’équiper de décorations de noël standardisées à moindre coût et d’acquérir les jouets tant convoités par les enfants.

Le sapin

Dès l’Antiquité, on retrouve dans les rites païens et religieux le symbole de l’arbre. Il était alors de coutume d’en décorer les branches, symbole de la vie et du renouveau, pour diverses occasions. Le sapin est l’un des rares arbres à garder sa couleur verte en hiver et a donc été adopté au fil des siècles. Mais la paternité du sapin de Noël en tant que tel divise les historiens.

Riga, capitale de la Lettonie, assure qu’un sapin aurait été installé par une guilde de marchands en 1510 sur l’une des places principales de la ville. Alors qu’il devait être brûlé pour le solstice, il a finalement été préservé et décoré. Une dalle de pierre que l’on peut toujours admirer a été installée pour en rappeler l’emplacement.

La majorité des recherches autour de l’origine du sapin convergent cependant vers l’Allemagne. C’est plus précisément à Sélestat en 1521 que la ville aurait autorisé les habitants à couper de petits sapins dans les forêts avoisinantes pour célébrer les fêtes de fin d’année.

Plus récemment, en 1837, ce serait Hélène de Mecklembourg-Schweren, duchesse d’Orléans et belle-fille du roi Louis-Philippe, qui aurait introduit le sapin à la cour de France.

Au Royaume-Uni, le Prince Albert, mari de la reine Victoria qui était d’origine allemande, aurait importé le sapin au château de Windsor en 1841. Une illustration dans un journal d’époque montrait la famille royale devant un arbre de Noël décoré de bougies.

La charge symbolique du sapin a pris de l’ampleur en quelques décennies. Le meilleur exemple et le plus connu est le sapin installé chaque année sur le Trafalgar Square à Londres. Depuis 1945, la Norvège offre au Royaume-Uni un sapin en remerciement de l’aide obtenue durant la Seconde Guerre mondiale.

Les décorations de Noël

Les boules de Noël

Dès le Moyen Age, des pommes étaient accrochées aux branches des arbres. Elles représentaient à la fois le fruit défendu et la fertilité. En Allemagne au 16ème siècle, les premiers sapins de Noël étaient décorés avec du pain d’épice, des fruits et des gaufrettes. Selon la légende, le pays fut victime en 1847 d’une très mauvaise récolte de pommes. Un verrier de Lauscha a donc eu l’idée d’imiter les fruits sous forme de boules de verre de couleur rouge. Une dizaine d’années plus tard, un autre verrier de Moselle cette fois fabriqua à son tour ses propres boules de Noël.

L’étoile

Dès le 16ème siècle, une représentation de l’enfant Jésus était accrochée au sommet de l’arbre. C’est avec le temps qu’elle est descendue jusqu’à son pied pour faire place à un ange puis à l’étoile que les Rois Mage suivirent pour retrouver le fils de Dieu.

La guirlande lumineuse

La première guirlande électrique est apparue aux Etats-Unis en 1895 sous les mains de Ralph Morris. Le but était de remplacer les bougies traditionnellement utilisées pour illuminer l’arbre. En effet, en 1885, un hôpital de Chicago aurait brûlé à cause des bougies installées sur le sapin. Le danger était tel que les assurances américaines avaient fait une demande de loi en 1908 afin d’interdire les bougies car elles avaient provoqué trop d’incendies.

La crèche

La première scène de Noël aurait été jouée par Saint François d’Assises et ses disciples en 1223. Il tenait à rappeler à la population locale que Jésus était, tout comme eux, issu d’une famille pauvre. A l’origine, la scénette était jouée à l’aide de figurines en bois. Mais elle devint si populaire que des acteurs prirent le relais et diffusèrent ainsi la tradition en Europe.

Le Père Noël

Sa ressemblance avec Saint Nicolas n’aura échappé à personne. Quoiqu’un petit peu plus rondouillet, le Père Noël est une dérivation du Grand Saint venue tout droit des Etats-Unis et plus précisément de New York. Son nom « Santa Claus » est tiré de « Sinterklaas », terme importé par les immigrés hollandais.

Selon certains historiens, l’auteur américain Charles Dickens aurait joué au 19ème siècle un rôle important de diffuseur de la tradition de Noël avec son conte A christmas Carol (Un chant de Noël).

Contrairement à ce que racontent les légendes urbaines, ce n’est pas Coca-Cola qui fut à l’origine du personnage. En 1863, Thomas Nast publiait dans le journal new-yorkais Harper’s Illustrated Weekly la première représentation du Père Noël traditionnellement habillé en vert.

Son habit rouge n’est apparu que plus tard, la couleur faisant référence à Saint Nicolas. Des archives attestent que celui-ci possédait différentes tenues pour les célébrations religieuses, mais c’était la rouge dans laquelle il préférait faire les offices.

Cependant, ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale, avec l’avènement de la culture américaine, que le Père Noël s’est réellement installé dans les chaumières européennes.

Les cadeaux

Contrairement à ce que l’on croit, l’échange de cadeaux à Noël ne s’inspire pas des offrandes d’encens, d’or et de myrrhe des Rois mages à Jésus.

Les Romains avaient pour habitude d’offrir des cadeaux le 1er janvier. Pas question ici de jeux mais plutôt de porte-bonheurs comme des plantes ou des figurines en terre cuite. Elles représentaient la promesse d’abondance pour l’année à venir.

Ensuite, la tradition a évolué et les amulettes se sont transformées en nourriture, en objets et en vêtements. C’est ce qu’on appelait les « étrennes ».

Au 12ème siècle, la Saint-Nicolas s’est imposée dans les familles. Le Grand Saint apportait friandises, pommes, bonbons, pain d’épice… Au 19ème siècle, la coutume a encore évolué : les enfants recevaient alors une orange, signe de prospérité.

C’est seulement dans les années 50 avec l’industrialisation que les enfants se sont vus offrir des jouets. L’évolution du commerce et l’apparition des grands magasins au 20ème siècle ont accéléré le processus d’achat de cadeaux.

Les chaussettes accrochées à la cheminée

L’histoire raconte qu’un homme pauvre avait trois adorables filles. Mais n’ayant que très peu d’argent, il ne pouvait payer leur dote et leur offrir un mariage. Une nuit, Saint Nicolas, touché par cette famille, glissa secrètement un sac d’or dans la cheminée. Alors que des chaussettes y avaient été accrochées pour sécher, les pièces tombèrent dans l’une d’elles. Ainsi, l’aînée put se marier. Le saint répéta l’opération un peu plus tard pour la deuxième fille.

Le père, voulant savoir qui se cachait derrière tant de gentillesse, l’attendit toute la nuit. Saint Nicolas fut obligé d’avouer son bon geste mais supplia le veuf de n’en parler à personne.

La nouvelle se répandit néanmoins et on raconta dès lors que chaque cadeau déposé secrètement venait de lui.

L’histoire se répandit à partir du Moyen Age et ne perdit pas de son succès à travers les siècles. Les enfants accrochaient donc leurs chaussettes à la cheminée ou déposaient leurs chaussures à l’entrée de la maison espérant qu’elles se remplissent de pièces et de friandises.

La dinde

Jusqu’à la découverte de l’Amérique au 15ème siècle, les Européens dégustaient de la volaille en guise de repas de Noël et plus particulièrement de l’oie. Cet animal symbolisait la prospérité. Dès 1570, les colons espagnols ont ramené la dinde qui a ensuite remplacé l’oie pour trois raisons : elle était à la fois exotique et moins cher que l’oie mais,en plus, elle était assez grosse pour nourrir toute une famille.

D’ailleurs, savez-vous d’où vient le terme « dinde » ? Les colons, croyant être arrivés en Inde, ont ramené du Mexique ce qu’ils appelaient des « poulets d’Inde », d’où le mot« dinde » en français.

La bûche de Noël

Au Moyen Age, les familles se réunissaient autour d’une bûche bénie (provenant d’un arbre fruitier ou d’un chêne) qui devait se consumer le plus longtemps possible. Un morceau brûlé était ensuite conservé pour protéger le foyer de la foudre et du diable. Les cendres, quant à elles, étaient éparpillées sur les champs.

Le dessert n’est quant à lui apparu qu’à la fin du 19ème siècle sous l’impulsion des pâtissiers français. Paris et Lyon s’en disputent encore la paternité. La bûche de Noël ne s’est toutefois popularisée qu’après la Seconde Guerre mondiale.

Les sucres d’orge

On doit leur création à un chef de chœur allemand. En 1670 à Cologne, l’homme cherchait une manière de garder tranquille les enfants pendant les cérémonies de Noël. Il demanda alors à un confiseur de la ville de lui fabriquer des bonbons en forme de canne pour rappeler les bergers qui étaient venus voir Jésus à sa naissance. La friandise retournée représenterait également le « J » de Jésus.

La carte de Noël

Cette tradition a été lancée en 1843 au Royaume-Uni. Pour promouvoir son nouveau service postal, Henry Cole eut l’idée de créer une carte de Noël. Pour cela, il demande l’aide d’un artiste, John Horsley, qui dessina la toute première carte « postale ». Trois modèles étaient disponibles à la vente pour un prix très attractif.

Bibliographie :

Guides des traditions et coutumes catholiques, Greg Dues, Bayard, France, 2004

Christmas Traditions Uncovered (English Edition), Jason et Lisa Taylor, UKCycopublishing, Royaume-Uni, 2012