"Mon souhait, c'est que Dieu amène quelque chose pour que je reste dans mon village"
Dans le village de Toudou Kemila, situé dans la commune peule et touarègue de Droum, au sud du Niger, il est temps de migrer. Les récoltes sont terminées, la faim commence à se faire sentir. Depuis un mois, il ne reste presque plus rien, si ce n’est de l’arachide. “On ignore pour combien de temps encore, avance Moussa Kemila, le chef du village. Aujourd’hui, la pluie ne vient plus à temps et s’arrête plus tôt que prévu. La fertilité des sols n’est plus ce qu’elle était, le désert avance. Nous n’avons plus assez de vivres pour nourrir les animaux. Et les villageois. Il y a trop de bouches à nourrir.”
D’après Alajimati Kana, un ancien âgé de 75 ans, la migration était autrefois un phénomène rare. “Il y avait quelques exceptions. Mais la règle, c’est qu’on restait toujours ici”, note-t-il, emmitouflé dans son turban blanc. “Tout a changé il y a 40 ans, à cause de l’insécurité alimentaire, de la sécheresse et du manque d’opportunités. C’est toujours le cas aujourd’hui.”