Mödlareuth,
le "Little Berlin" de la campagne allemande

Le village, à cheval sur l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest, a lui aussi été coupé en deux par un mur

La tour de garde héritée de la RDA à Mödlareuth. © S.Vt.

La tour de garde héritée de la RDA à Mödlareuth. © S.Vt.

Il n’a l’air de rien, ce ruisseau. Le Tannbach traverse le village de Mödlareuth, se tortillant un peu par endroits, avant de creuser son lit jusqu’à la Saale. “Certains le qualifient de rivière, on se demande bien pourquoi”, sourit Susan Burger, qui a grandi à une vingtaine de kilomètres d’ici, dans le Land de Thuringe. On a beau l’enjamber sans grand-peine aujourd’hui, le Tannbach est resté (quasi) infranchissable pendant 37 ans, coupant Mödlareuth et ses quelque cinquante âmes en deux, pour en faire un symbole bien malgré lui de la division allemande : un flanc de colline côté République fédérale d’Allemagne (RFA), l’autre côté République démocratique (RDA). Et des habitants qui, s’ils pouvaient s’apercevoir, restaient séparés par un mur, entraînés dans deux visions du monde.

Le Tannbach a servi de frontière naturelle entre les deux pays. ©S.Vt.

Le Tannbach a servi de frontière naturelle entre les deux pays. ©S.Vt.

Aujourd’hui encore, trente ans après la chute du mur de Berlin, la rive droite du Tannbach se situe en Thuringe, elle dépend de la ville de Gefell et de son bourgmestre Marcel Zapf, tandis que la rive gauche, en Bavière, relève de Töpen et de Klaus Grünzner. D’ailleurs, en vue du scrutin régional en Thuringe, le 27 octobre, les affiches électorales étaient accrochées aux lampadaires et poteaux d’une seule moitié de village. À y regarder de plus près, plaques d’immatriculation, codes postaux et indicatifs téléphoniques diffèrent également. Et l’“on ne se salue pas de la même manière non plus”, raconte Klaus Grünzner, en roulant les “r”.

“Pour se dire bonjour, les Thuringiens disent ‘Guten Tag’. Nous, ‘Grüss Gott’!”
Klaus Grünzner

Un village, deux États

Les maisons de Mödlareuth côté Est. ©S.Vt.

Les maisons de Mödlareuth côté Est. ©S.Vt.

Cette étrangeté trouve son origine dans un contentieux ancestral entre principautés au cours des siècles passés, explique le bourgmestre de Töpen. Un accord avait été scellé et des bornes frontalières érigées au début du XIXe siècle entre royaume de Bavière et principauté de Reuss, sans que cela ne prête réellement à conséquences. Avant la Seconde Guerre mondiale, on allait boire une bière à l’auberge et user sa culotte sur les bancs d’école dans la partie thuringienne ; on assistait à l’office religieux en Bavière. On travaillait ensemble, on faisait la fête ensemble, on combattait ensemble… La vie quotidienne n’était guère affectée par la division administrative du village entre les deux Länder. On formait une seule et même communauté.

La partition de l’Allemagne en quatre zones d’occupation changea la donne pour Mödlareuth qui devint moitié soviétique, moitié américain.

Un tank soviétique datant de la Seconde Guerre mondiale. ©S.Vt.

Un tank soviétique datant de la Seconde Guerre mondiale. ©S.Vt.

Puis, avec la fondation des deux États allemands en 1949, une partie se retrouva en RDA, l’autre en RFA. Le Tannbach séparait le socialisme du capitalisme et, quelques années plus tard, le Pacte de Varsovie de l’Otan.

En 1952, la RDA entreprit d’ériger barrières et grillages sur 1400 km de long, pour endiguer le flot de réfugiés qui affluaient d’Est en Ouest. Une première vague d’expulsions forcées commença le long de sa frontière intérieure sous le nom de code “Action Vermine”. Des milliers de personnes furent transférées vers l’arrière-pays et leurs biens partiellement rasés. Les habitants du moulin, dans le haut de Mödlareuth, ont été les premiers touchés. Ils préparaient leurs bagages quand “nous avons changé d’avis”, témoignera le propriétaire, dont on entend encore la voix sur une vieille bande-son. Alors que la commission d’évacuation se trouvait déjà dans la cour du domaine, les femmes sont passées par la fenêtre de l’écurie, lui et son fils sont descendus par le grenier à foin. “Nous sommes tout simplement passés à l’Ouest !”

De la palissade au mur

Des grillages et mirador ont été préservés à titre de mémoire. ©S.Vt.

D'anciennes pancartes ont été préservées à titre de mémoire. © S.Vt.

Les habitants de Mödlareuth ont d’abord vu ériger une palissade. Du jour au lendemain, des agriculteurs ont été coupés de leurs champs, des enfants privés d’école, des familles et des amis séparés. Les frères Goller pouvaient encore voir leurs maisons, mais plus marcher les 80 mètres qui les distançaient l’une de l’autre.

Une première palissade en 1952. © Friedrich Marx, Hof / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Une première palissade en 1952. © Friedrich Marx, Hof / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

À la palissade en bois ont succédé des clôtures barbelées, des piliers en béton et, en 1966, cinq ans après la construction de celui de Berlin, un mur de 700 m de long et de 3,30 m de haut le long du Tannbach.

Les grillages en 1958. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Les grillages en 1958. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Les installations frontalières en 1962. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Les installations frontalières en 1962. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Les pans de béton sont montés en 1966. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Les pans de béton sont montés en 1966. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Tout contact de l’Est vers l’Ouest était interdit, les Thuringiens ne pouvaient ni regarder côté bavarois, ni échanger avec leurs anciens voisins. “Certains, à l’Ouest, agitaient la main ou lançaient des cigarettes par-dessus le mur, mais à l’Est les gens ne pouvaient pas répondre…”, relate Susan Burger, qui raconte l’histoire de Mödlareuth aux visiteurs du Musée germano-allemand créé sur place. Si les villageois communiquaient, c’était par des signes discrets – un chapeau lancé en l’air, un drap blanc pendu à la fenêtre, un coup de fil codé, des vêtements bleus de bébé étendus sur un fil.

“L’atmosphère était tout à fait différente de part et d’autre. À l’Est, c’était le silence, les patrouilles, les chiens, les gens étaient surveillés.” 
Susan Burger

Ils se trouvaient en plus dans la zone d'accès restreint de 5 km de profondeur. “À l’Ouest, il y avait de la vie, de l’activité, des visites. Les gens pouvaient approcher de la frontière. Cela montre l’influence qu’un État pouvait exercer sur l’esprit de ses citoyens.” Un jour, le canard d’un éleveur de l’Est a passé la frontière. “Il a été attrapé par quelqu’un à l’Ouest qui a crié : ‘qu’est-ce que j’en fais ?’ L’autre ne savait pas trop quoi répondre, il ne pouvait pas communiquer avec l’Ouest… Alors il a juste répondu : ‘abats-le !’.”

Malgré les grands moyens déployés par la RDA pour protéger ses citoyens de “l’impérialisme occidental”, un chauffeur de bus de 34 ans a réussi, en 1973, à passer, en plaçant une échelle sur le toit de son véhicule. “Les deux soldats de la frontière avaient 30 à 40 secondes pour tirer, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont dit qu’ils ne l’avaient pas vu, mais les autorités ne les ont pas crus..." 

"Chaque événement de ce type donnait lieu au renforcement de la frontière pour la rendre de plus en plus perfectionnée.”
Susan Burger

Le côté bavarois du village en 1978. ©Bayerische Grenzpolizei / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Le côté bavarois du village en 1978. ©Bayerische Grenzpolizei / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Avec son mur blanc illuminé 24h/24 et la tour d’observation occupée jour et nuit par les gardes, “Little Berlin”, comme Mödlareuth avait été rebaptisé, a attiré touristes, soldats américains et dirigeants étrangers pendant des années. Au fil des pages du livre d’or que Klaus Grünzner a sorti d’une armoire de sa commune, on découvre ainsi George Bush (père) en 1983, alors vice-président des États-Unis, casquette sur la tête et jumelles autour du cou, ou Herman De Croo en 1988, ministre belge des Transports, en costume cravate, dos au mur.

Le bourgmestre de Töpen, responsable de la moitié Ouest de Mödlareuth. ©S.Vt.

Le bourgmestre de Töpen, responsable de la moitié Ouest de Mödlareuth. ©S.Vt.

Le 9 novembre 1989 ? Rien

Le mur côté Ouest. © S.Vt.

Le mur côté Ouest. © S.Vt.

Le 9 novembre 1989, il ne s’est rien passé à Mödlareuth. “Je m’en souviens, c’était un jeudi. Mais quand Günter Schabowski a annoncé que le Mur était ouvert "immédiatement", je n’ai pas réalisé”, raconte Klaus Grünzner. Lorsque les premiers voisins de l’Est sont apparus en Trabi ou Lada, les habitants de l’Ouest en ont été tout surpris.

Dans le village divisé, les installations frontalières n’avaient pas été conçues pour permettre un quelconque passage. Ce n’est qu’un mois plus tard, le 9 décembre, qu’une ouverture a été percée : les deux bourgmestres et une fanfare, pieds dans la neige, suivis de plus de mille personnes, sont passés dans une atmosphère festive. Arnold Friedrich, à l’époque bourgmestre de Töpen, qui déclarait toujours aux journalistes rêver de boire une bière de l’autre côté, a vu son vœu réalisé. Il y avait de la bière, du mousseux et des Bratwürste.

Le 9 décembre 1989, le mur s'est ouvert à Mödlareuth. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Le 9 décembre 1989, le mur s'est ouvert à Mödlareuth. ©BGS Bayreuth / Mediathek des Deutsch-Deutschen Museum Mödlareuth

Celui qui lui succédera à la maison communale était là aussi, bien sûr. “J’avais des attentes, mais je me demandais vraiment comment allait se passer le premier contact avec l’autre côté. Qui allez-vous rencontrer en premier? Quelle impression allez-vous avoir? Ce sont des questions que je me posais. J’étais curieux”, se souvient Klaus Grünzner, une pointe d’émotion dans les yeux. “Cela a été très positif. La chimie a pris. Ce sentiment reste dans mon esprit jusqu’à aujourd’hui.” Karin Mergner, une souriante septuagénaire dont la ferme a fait face au mur pendant tant d’années, n’oubliera “jamais ce moment” non plus.

“Je suis tombée dans les bras d’une dame et on a pleuré. Aujourd’hui encore, on se voit.”
Karin Mergner

Mais les villageois attendront encore six mois, le 17 juin 1990, avant que la pelleteuse n’abatte le béton – certains en ont gardé un morceau, comme à Berlin. “Les deux bourgmestres avaient choisi cette date, appelée ‘jour de l’unité allemande’, en souvenir des émeutes réprimées dans le sang en RDA le 17 juin 1953”, explique Klaus Grünzner. Ce jour-là, le village du bout du monde est vraiment devenu centre de l’Europe, et ses habitants ont pu se retrouver. “On se connaissait déjà plus ou moins. On ne se sentait pas étrangers”, assure Karin Mergner.

La ferme des Mergner (à droite), côté bavarois, donnait juste sur le mur qui séparait la RFA de la RDA. ©S.Vt.

La ferme des Mergner (à droite), côté bavarois, donnait juste sur le mur qui séparait la RFA de la RDA. ©S.Vt.

Depuis la réunification, sa famille cultive des terres des deux côtés du Tannbach. Au village, “on ne fait qu’un sapin de Noël, et plus deux !”, se réjouit-elle. Rive droite, “on a dû aussi réapprendre à fermer nos portes”, s’amuse Susan Burger. “Dans la zone frontalière, à l’Est, c’était tellement sécurisé qu’on laissait nos maisons ouvertes !” Les deux bourgmestres développent des projets en commun pour leur village partagé, comme l’Internet rapide ou la lutte contre les incendies. L’un est trentenaire, l’autre sexagénaire, ils n’ont pas le même vécu, mais “nous sommes tous les deux conservateurs”, dit Klaus Grünzner d’un air entendu.

L'auberge du village, baptisée opportunément Grenzgänger. ©S.Vt.

L'auberge du village, baptisée opportunément Grenzgänger. ©S.Vt.

Des habitants de Mödlareuth, eux, ont créé une association, Orts- und Kulturverein Tannbach, pour se rassembler autour d’activités et de festivités, comme la traditionnelle érection du Maibaum. Sur le mur de la maison verte de l’association, tirée au cordeau et plantée en plein centre du village, un avis appelle les bonnes volontés à préparer des gâteaux et du café en vue de la fête du 9 novembre. Karin Mergner adore ça, “que tout le monde travaille ensemble pour que ce jour soit un succès”.

Connaître le passé, comprendre l’avenir

Les grillages préservés pour les visiteurs. ©S.Vt.

Les grillages préservés pour les visiteurs. ©S.Vt.

Les dates clefs comme celle-ci attirent du monde dans le village. Ce jeudi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, y a rencontré son homologue américain Mike Pompeo. Le 3 octobre dernier, anniversaire de la réunification allemande de 1990, la présidente de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer, le ministre-président de Bavière Markus Söder (CSU) et le leader de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) en Thuringe Björn Höcke y avaient fait le déplacement. Sur les affiches du parti d’extrême droite, qui a cartonné le 27 octobre dernier (23,5 %), on pouvait lire le slogan “Écrire l’histoire”. Or, ce sont bien les leçons de l’histoire que les habitants de Mödlareuth veulent tirer.

“Seul celui qui connaît le passé comprendra l’avenir.”
Un panneau installé par le Musée germano-allemand au centre du village

Le Musée germano-allemand, que le photographe Arndt Schaffner et Arnold Friedrich ont eu la bonne idée de fonder, accueille jusqu’à 80.000 visiteurs par an, dont 13.000 élèves. Ils ont gardé un pan du mur et le mirador, reconstitué des clôtures, réuni des véhicules de l’époque et des pancartes qui ponctuaient l’ancienne frontière.

Les anciennes installations frontalières à Mödlareuth. ©S.Vt.

Les anciennes installations frontalières à Mödlareuth. ©S.Vt.

“Je suis heureuse que les visiteurs viennent et sachent ce qu’il s’est passé”, assure Karin Mergner, qui a placé un panneau de “bienvenue” à côté de sa porte d’entrée. “Je les préfère à ceux qui venaient avant 1989, surtout pour se donner des frissons. Ils causaient du préjudice aux habitants, ils nous demandaient comment on pouvait habiter ici, alors que c’est notre chez-nous !”

Le succès du musée se révèle tel qu’un concours d’architectes a été lancé pour l’agrandir, continuer à “informer, expliquer, clarifier”. “La dictature du SED (le parti socialiste unifié d’Allemagne, NdlR) a influencé tous les aspects de notre vie, en particulier dans les zones frontalières. Cela ne se limitait pas à un mur et des grillages, cela a eu un impact sur l’économie, la société, la vie quotidienne”, insiste Susan Burger. Aux visiteurs qu’elle emmène, “je ne dis pas ce qu’ils doivent penser, je leur donne des informations pour qu’ils pensent par eux-mêmes et en tirent leurs propres conclusions”. Mais elle veut qu’on n’oublie pas que “des gens se sont battus pour la liberté, qu’ils n’ont pas abandonné leur foi dans la démocratie et ont trouvé une manière non violente” d’abattre la dictature.

Sabine Verhest

À Plauen, "nous avons envoyé un signal"

À une trentaine de kilomètres de Mödlareuth, des habitants de Plauen tentent eux aussi d’entretenir la mémoire de leur ville. Manfred Sörgel, 63 ans, en fait partie. Il préside Verein Vogtland 89, une association fondée il y a deux ans pour cultiver le souvenir de la révolution pacifique de 1989. Son objectif: ouvrir un centre d’information qui permettra de raconter aux visiteurs, et aux jeunes en particulier, l’histoire qui s’est jouée dans cette petite ville de Saxe. "Plauen a été le premier endroit en RDA où le pouvoir de l’Etat n’est pas intervenu pour réprimer une manifestation de masse contre le régime. C’était le 7 octobre 1989", se souvient Manfred Sörgel, membre du "groupe des 20" qui a veillé à ce que les revendications des manifestants soient entendues par les dirigeants de l’époque. "Cela a été réellement important pour les grosses manifestations qui ont suivi, comme celle de Leipzig deux jours plus tard. Nous avons envoyé un signal", raconte-t-il, non sans fierté.

Si trente ans ont passé, le rideau de fer reste dans son esprit. "J’ai vécu la moitié de ma vie derrière le Mur, ce n’est pas facile à effacer. Mais les jeunes, eux, ne l’ont pas en tête", constate-t-il. "Il y a quelques années, lors d’une réunion de famille, on parlait des Ossis et des Wessis (les Allemands de l’Est et ceux de l’Ouest, NdlR). Mon petit-fils de huit ans m'a demandé: ‘c'est quoi, les Ossis et les Wessis?’ J’étais très heureux de cette question, parce que c'est ce que nous voulions!" Manfred Sörgel a su que les manifestants de 1989 avaient réalisé quelque chose de grand.

L’histoire de cette "révolution pacifique", après des décennies de dictatures nazie puis communiste, il veut la transmettre aux générations futures, car "ceux qui étaient là en 1989 vieillissent". C’est d’autant plus "important pour l'avenir" que "la démocratie n’est pas acquise pour toujours", dit-il, exécrant le vote d’extrême droite qui s'enracine dans le terreau de l’Est. "Il faut œuvrer" en faveur de la démocratie et, pour cela, "savoir d’où vous venez". "Des gens ont perdu leur vie, il faut comprendre ce qu'il s'est passé et faire en sorte qu'on ne revienne pas à la dictature."

S.Vt.