Sabrina Esmael Fazal

Sabrina Esmael Fazal

24 ans

Étudiante

Belge

d’origine congolaise, indiennes et belge

Sabrina Esmael Fazal, un optimisme à toute épreuve

Le jour des funérailles de leur fille, Sabrina, Hussein et Rita Fazal ont demandé que chacun s’habille en blanc. C’était une ultime façon de rendre hommage au “tempérament joyeux” de cette jeune femme d’origine congolaise qui “croquait la vie à pleines dents”, souligne son père, Hussein Fazal. Sur son profil Facebook, Sabrina s’affichait avec de belles coiffures, grands yeux pétillants et lèvres carmin, et toujours, un sourire immense. Cet optimisme à toute épreuve, elle l’a légué à ses amies qui la considèrent comme une sœur et émaillent leurs profils d’hommages à sa joie de vivre.

Comme tous les matins, elle se rendait à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles, où elle étudiait en première année de soins infirmiers. Sabrina avait 24 ans quand elle a été emportée par l’explosion du kamikaze à la station de métro Maelbeek. Devenir infirmière, un métier qui nécessite tant de dévouement, n’est pas le fruit du hasard. “Elle était tellement serviable” , explique Jonathan Selemani, son compagnon. “Toujours à l’écoute des autres, elle aidait tout le monde.” Inspirée par sa mère, qui exerce la même profession, elle avait déjà réalisé un stage à l’hôpital d’Ottignies. Son père est conducteur de tram à la STIB.

Née en 1991, Sabrina était l’aînée d’une famille de trois enfants aux origines congolaises, indiennes et belges. Ses parents, tous les deux nés dans la République démocratique du Congo (RDC) se sont installés à Ottignies en 1998 après des allers-retours entre les deux pays. “J’ai transmis ces cultures à mes enfants dès leur plus jeune âge , explique Hussein Fazal . C’est une richesse pour eux.” Dans une vidéo sur Internet, on la voit micro en main effectuer un reportage filmé d’un mariage coutumier pour le site d’informations de la diaspora congolaise Congomikili.

Jonathan, le compagnon de Sabrina, venait lui aussi de RDC. Il a grandi à Kinshasa avant d’arriver en Belgique à l’âge de dix ans. Lorsqu’il rencontre Sabrina, elle n’avait que 16 ans; lui, 18. “Elle aimait écouter de la musique , raconte Jonathan . Du hip hop, du rap, du ragga… elle adorait danser.” Elle cuisinait aussi, pour tout le monde, des plats de toutes origines, “nos préférés, c’étaient les mets africains bien sûr” .

Ces dernières années, Sabrina et Jonathan s’étaient installés ensemble à Wavre, où il joue au football, en amateur mais avec un certain succès. Elle allait d’ailleurs souvent l’encourager et leur petit garçon, Heyden, né à la fin de l’année 2014, “tape dans beaucoup de ballons déjà” . Sabrina aimait se promener avec son fils, l’emmener au parc, lui consacrer du temps. Elle avait interrompu ses études d’infirmière pour prendre soin de son bébé pendant une année. “Puis, nous l’avons encouragée à reprendre , explique Hussein Fazal . Elle avait beaucoup de volonté, elle voulait y arriver.”

Sabrina et Jonathan avaient des projets. Ils voulaient se marier.

Camille de Marcilly


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