Portrait de Olivier Delespesse

Olivier Delespesse

45 ans

Fonctionnaire

Belge

Olivier Delespesse, un perfectionniste plein d’empathie et d’écoute

Il avait dans les yeux un éclat malicieux, et dans son sourire, toute la tendresse du monde. Quand on a croisé son chemin, dans les auditoires de l’ULB, en 1989, Olivier était un "bleu", un petit nouveau, fraîchement débarqué à Bruxelles - il habitait rue de l’Eté, ça lui allait si bien -, gourmand de découvertes, d’amitiés, de fêtes. Ouvert, sociable, drôle, curieux, les études de communication sonnaient comme une évidence. Avec Fifi, Hugolin, Sandro et d’autres, celui qu’on surnommait Bouli formait une petite bande, soudée, toujours prête à guindailler autant qu’à se serrer les coudes, les examens venus.

Près de trois décennies plus tard, ils étaient tous là pour lui dire au-revoir, dans l’église de Lessines. Pour témoigner de leur amitié, de leur chagrin, pour dire à ceux qui restent, à sa maman, à son frère Fabian, que d’où il est, c’est sûr, Bouli leur sourit toujours. "Le premier jour des cours, on s’était installés côte à côte. Je suis tournaisien, il venait de Soignies. On avait tous les deux cette culture de province et la curiosité de ceux qui débarquent à Bruxelles", se souvient Laurent, qui a croisé Olivier en 1991 sur les bancs de l’Institut supérieur de formation sociale et de communication, après que celui-ci a changé de cap. "On est devenus très amis, on avait beaucoup de valeurs en commun. Olivier était très rigolo, très jovial, il avait le contact facile, il était plein d’empathie et d’écoute. Mais c’était aussi un perfectionniste, quelqu’un qui avait besoin de sécurité. Il était d’une nature parfois soucieuse. Peu de gens mesuraient son degré d’exigence, envers lui, et envers les autres. Il refusait la médiocrité."

Associés un temps au sein de Trema, une entreprise qui fournissait du matériel sur les tournages de films, l’amitié d’Olivier et Laurent trouve son prolongement dans le travail. "Il sortait de chez McDo, où il avait suivi une formation en gestion et en management et avait appris à être économe et rigoureux."

Des ambitions

Des qualités dont il fera montre dans son nouveau projet : le Bouli’s Express Shopping. "Un truc avant-gardiste à l’heure où Internet était balbutiant", sourit Laurent. "Il livrait à domicile des plats italiens du traiteur au coin de sa rue." Le projet capote mais Olivier ne se démonte pas. Après un long stage à la commission européenne, il finit par décrocher un contrat à la Fédération Wallonie-Bruxelles, en tant qu’agent au service général de l’enseignement supérieur. Là aussi, sa bonne humeur attire toutes les sympathies. "Il se plaisait bien dans son job, il était entouré", confie encore Laurent, l’ami de toujours. "Mais je crois qu’il envisageait autre chose. Il ambitionnait une carrière dans un ministère. Célibataire et sans enfant, Bouli pensait qu’avant de s’engager dans une relation, il fallait avoir les reins solides, une maison, un bagage financier. La vie ne lui en aura pas laissé le temps…"

Le 22 mars, comme tous les matins, il a pris le métro. Une nouvelle journée commençait, pleine de promesses, riche de tous les possibles en lesquels, à 45 ans, il croyait toujours. A Maelbeek, la folie de quelques-uns a eu raison de son sourire, de sa bonhomie, de sa vie. Pas des souvenirs qu’il laisse chez celles et ceux qui l’ont aimé.

Thibault Balthazar


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