Le futur de l'automobile est déjà présent

7 stars qui électrisent le Mondial de Paris

Un salon de l'automobile est toujours, pour les constructeurs, l'occasion de montrer leur savoir-faire et de donner des indications sur leurs intentions en matière de design et d'innovation.

Cette 120e édition du Mondial de l'Automobile, au Parc des Expositions de Paris jusqu'au 14 octobre 2018, est certes amputée de nombreuses marques, comme Fiat, Ford ou Volkswagen, Bentley, ou Aston Martin, mais on y voit quand même la grande tendance émerger, poussée par les normes de CO2 édictées par l'Union européenne. Pour les constructeurs, l'électromobilité est la seule voie actuelle vers la décarbonisation.

La voiture électrique est donc de moins en moins un concept, de plus en plus une réalité. Plusieurs modèles sont déjà commercialisés ou en voie de l'être. L'industrie et les constructeurs tiennent à donner des signes tangibles de leurs visions d'avenir.

Dans le cadre du rendez-vous dominical "C'est pour demain" de LaLibre.be, découvrez un passage en revue des 7 stars qui électrisent le Mondial de Paris.

Renault EZ-Ultimo

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Une allure de limousine

Dans le Pavillon 1, face au lion géant de Peugeot, la trilogie de véhicules Renault EZ ne passe pas inaperçue.

Le dernier né de ces voitures concept chargés de tracer les lignes de la mobilité future, l'EZ-Ultimo se présente comme une grande limousine - 5,8 m de long, c'est la taille d'une Rolls-Royce Phantom - censée assurer des services de transport à la demande, et de très haut de gamme. Idéal pour passer de la Première classe sur un vol Emirates à une suite au luxueux hôtel George V !

Connecté, autonome et électrique comme il se doit, le véhicule offre un espace intérieur cossu qui replonge le passager dans le luxe d'avant-Guerre, anniversaire des 120 ans de Renault oblige.

Dans cet univers hautement technologique, où intervient la réalité augmentée, bois, marbre, cuir rappelle l'environnement familier d'un salon.

Compte-tenu de ses dimensions, peu compatibles avec la plupart des voiries actuelles, la limousine Ultimo est sans doute le concept EZ le plus éloigné de la production.

Peugeot e-Legend

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Entre muscle et légende

C'est la gueule, la belle gueule du Mondial 2018 : aussi réussie, dans son genre que l'Alpine nouvelle génération par rapport à l'historique A110, l'e-Legend est profilée comme la réinterprétation de la Peugeot 504 Coupé.

Dessiné par Pininfarina, ce coupé, devenu classique, a été fabriqué de 1969 à 1983. Chez Peugeot, le designer Matthias Houssan n'a pas du tout voulu s'orienter rétro mais, au contraire, a poussé la logique des lignes au point que l'e-Legend ressemble plus à une "muscle car" américaine qu'à une élégante voiture franco-italienne. Son allure sculpturale impressionne ceux auxquels le coupé d'origine ne dit rien.

Cela étant, on retrouve sur l'e-Legend nombre de détails rappelant le modèle d'origine, comme les doubles optiques de phares ou le tableau de bord à trois petits écrans qui fait écho à celui de la 504.

Loin des concepts nombrilistes, tape à l’œil ou aux proportions inutilisables, l'e-Legend pourrait un jour entrer en production. Jean-Philippe Imperato, patron de la marque, en a exprimé le souhait, tout en précisant qu'aucune décision ne serait prise avant que le groupe n'ait terminé sa mutation électrique, à l'horizon 2020. Plus que deux ans à attendre.

Caractéristiques affichées:

  • Un moteur sur chaque essieu, véhicule 4 roues motrices
  • Puissance: 456 chevaux
  • 0-100 km/h en moins de 4 secondes
  • Vitesse maxi: 220 km/h
  • Autonomie: 600 km

Audi PB18 e-tron

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Une agressive élégance

Ce n'est ni sorcier ni ésotérique : la PB18 porte cet identifiant car elle a été présentée au "Concours d'Élégance" de Pebble Beach en 2018, et parce qu'une partie de ses gènes proviennent de la R18 e-tron hybride, bolide d'endurance auréolé de trois victoires aux 24 Heures du Mans entre 2012 et 2014. Ce n'est pas rien.

100 % électrique jusqu'aux commandes, ce véhicule est là pour appuyer la campagne d'électrification lancée par l'e-tron produite à Bruxelles et vedette pour sa première présentation publique à Paris.

Aspect trapu, lignes tendues, la PB18 a une allure plutôt agressive mais remarquable. Ce concentré de technologie se veut futuriste dans la mesure où il peut être une voiture de sport biplace ou se transformer en monoplace avec poste de conduite central, poste de conduite qui se déplace car il n'a pas de lien mécanique avec les roues ni le moteur. Comme les avions modernes, commerciaux ou de combat, dont les commandes sont électriques. Ce doit être quelque chose comme sensation, quand on aborde la piste pour laquelle la PB18 est aussi faite.

Elle l'est d'autant plus qu'à l'opposé de tout ce qui se montre aujourd'hui, elle n'a aucun système d'aide à la conduite. Zéro, comme une vraie voiture de course. Cette PB18 est donc une ode au pilotage renouant avec l'essence même (bon, elle est électrique quand même) du plaisir de conduire. Cela la rend franchement politiquement incorrecte et lui vaut donc une bonne dose de sympathie. D'autant que cette super, voire hyper-car peut aussi se montrer civilisée, avec un volume de coffre de 470 litres, ce qui lui vaut d'être catégorisée "break de chasse".

Caractéristiques affichées:

  • Capacité batterie : 95 kWh, rechargeable par induction
  • Puissance : moteur avant 204 ch , moteur arrière : 612 ch
  • Puissance cumulée : 680 ch avec boost temporaire à 689 ch.
  • Couple total : 830 Nm
  • Poids : 1550 kg
  • O-100 km/h en un peu plus de 2 secondes
  • Autonomie jusqu'à 500 km.

GAC Enverge

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La vitrine de l'Orient

GAC ? Non, ce n'est pas un gag. Derrière l'acronyme, Guangzhou Automobile Group Co. Ltd, se profile l'un des grands conglomérats industriels comme en connaît la Chine communiste contemporaine. Ayant son siège à Guangzhou, connue aussi comme Canton, l'entreprise construit des centaines de milliers de voitures sous plusieurs marques, dont une certaine Trumpchi, allez comprendre… Essentiellement pour le marché intérieur.

Mais GAC a des visées d'internationalisation. Il s'est présenté au dernier salon de Detroit en promettant de commencer à importer aux States l'an prochain, en 2019. Aux dernières nouvelles, il y aurait quelques soucis, malgré l'aide de FCA, Fiat Chrysler, avec qui l'entreprise chinoise a des coentreprises.

Rien de tout ça pour l'Europe. A Paris, on attendait par exemple Thunder Power, qui a des velléités de production à Gosselies, sur l'ancien site Caterpillar. Mais l'entreprise hongkongaise est aux abonnés absents.

GAC, par contre, est bien là, immanquable au milieu du Pavillon 5, tout près de Jaguar Land Rover et de BMW, auquel certains de ses modèles ressemblent curieusement… Mais pas l'Enverge, concept ou show-car, allez savoir, qui veut surfer sur la vague de l'électromobilité.

Ses portières en élytres ne lui fait pas ressembler pour autant à une BMW i8 ou à une McLaren 720S. Le véhicule est plutôt une vitrine technologique pour une marque qui doit bien évidemment se faire un nom en Occident. Présence parisienne curieuse tout de même, car non assortie d'intentions déclarées d'importation.

Caractéristiques affichées:

  • Capacité batterie: 71 kWh
  • Autonomie annoncé : près de 600 km
  • Transmission intégrale
  • Puissance: 235 ch
  • Couple: 410 Nm
  • 100 km/h en départ arrêté en 4,4 sec.
  • Recharge possible par induction haute puissance

Mercedes-Benz EQ Silver Arrow

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Clin d'œil du passé, aspect du futur

Elle a fait sensation au récent "Concours d'Élégance" de Pebble Beach, en Californie, et elle ne fait pas autre chose au Mondial de l'Automobile : la Mercedes-Benz EQ Silver Arrow s'inspire en droite ligne d'un mythique ancêtre, la voiture de record W125 qui atteignit la vitesse de 432,7 km/h le 28 janvier 1938 sur une portion d'autoroute entre Francfort et Darmstadt, pilotée par Rudolf Caracciola. Plus un show-car qu'un concept, la Flèche d'argent du XXIe siècle est là pour symboliser l'avènement de la puissance électrifiée, qui autorise des performances hors du commun.

La première est esthétique, avec cette forme longiligne faite pour couler dans l'air, dont l'aérodynamisme est exacerbé par la livrée couleur aluminium, soulignée de traits bleus - typiques de l'électromobilité, comme sur les BMW i3 et i8, la Nissan Leaf, etc. - et or rose… Une forme imposante, puissante mais élégante, agrémentée de détails extraordinaires comme ces roues à 168 rayons.

Et en plus, elle roule ! Très vite apparemment, puisque ce show-car, annoncé à 750 chevaux, effectuerait le 100 km/h départ arrêté en… moins de deux secondes. Il va bientôt falloir une combinaison anti-G pour piloter de tels bolides. Et ce n'est pas à ce rythme qu'elle va tenir les 400 km d'autonomie…

Cette Silver Arrow réunit tous les atouts pour être le plus fantastique ambassadeur de la gamme électrique de Mercedes-Benz, inaugurée avec l'EQC, un SUV évidemment, en vedette à Paris.

DS3 Crossback

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L'axe urbain

C'est le crossover qui doit assurer le redressement de DS. Inspiré des nouvelles lignes de la marque, édictées par le DS7, mais aussi de la DS3 dont il conserve le montant latéral en aileron de requin, le DS3 Crossback présente une allure très personnelle et stylée comme il convient dans ce segment destiné aux jeunes urbains.

L'on peut même y voir une concurrence pour l'Audi Q2 ou le BMW X2, pour autant que les qualités de finition et de comportement routier suivent. Il y a tout lieu de s'y attendre : le véhicule repose sur la nouvelle plateforme CMP (Common Modular Platform), dite multiénergie.

Utilisée pour la prochaine génération de Peugeot 208, la CMP accueille des motorisations tant essence que diesel ou électrique. Dans ce dernier cas, les batteries prennent la place du réservoir de carburant et du tunnel central de l'habitacle.

Amené à remplacer progressivement la petite DS3 d'origine, qui a lancé la marque en 2010, le DS3 Crossback marque un choix stratégique d'orientation vers ce segment très prisé.

BMW iX3

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L'évolution d'un modèle

Jusqu'à présent, le groupe bavarois avait basé sa stratégie 100% électrique sur un véhicule dédié, conçu pour cette chaîne de traction, l'i3.

BMW a fait de même avec l'hybride, l'i8, avant d'étendre progressivement cette technologie à des modèles existants, comme la Série 5, la Série 2 Active Tourer, le X5. L'iX3 est le premier véhicule BMW 100% électrique issu d'un modèle déjà existant.

Il a été présenté initialement à Pékin, pour deux bonnes raisons: le marché chinois est le premier au monde pour la voiture électrique... et la BMW y sera fabriquée.

Fruit de la collaboration avec le constructeur chinois Brillance, l'iX3 sera exclusivement assemblée dans l'usine Brillance-BMW de Shenyang et exportée dans le monde. L'iX3 commercialisée en Belgique, à partir de 2020, sera donc "made in China".

Cette année, le groupe munichois a encore étendu sa collaboration avec l'industrie chinoise – le plus souvent étatique – en annonçant la création d'une nouvelle coentreprise, Spotlight Automotive Ltd, avec la marque Great Wall Motor, pour produire la future Mini électrique dans une nouvelle usine située dans la province de Jiangsu. Mais, contrairement à l'iX3, la Mini électrique devrait être produite en Europe pour le marché local. A Oxford, si le Brexit le permet...

Quant à l'iX3, à deux ans de sa commercialisation, il reste toujours assez mystérieux au niveau de ses performances, BMW le qualifiant toujours de concept.