La fabuleuse histoire du football


Des combats de rue aux combats d’argent, en passant par un miracle de guerre



CHAPITRE I: LES ORIGINES


Ce n'est pourtant pas chinois? Eh bien si...

Si l’on résume le football à frapper dans une balle avec ses pieds, on peut dire que ce sport existe depuis des lustres. Il faudra toutefois attendre le 19e siècle pour que la discipline soit réellement codifiée. Et si, comme nous le verrons plus loin, la Grande-Bretagne est considérée comme le berceau du football, la première attestation d’un « jeu avec les pieds » nous vient de l’Antiquité et d’Extrême-Orient.

Le Ts’u Chü (ou Cuju) fait son apparition au 3e siècle avant Jésus-Christ. Créée par la Dynastie des Han, cette activité consiste à envoyer à l’aide de ses pieds une balle en cuir remplie de plumes ou de poils dans un petit filet (de 30 à 40 cm) positionné en hauteur. Déjà à cette époque, deux équipes de douze bataillent sans utiliser leurs mains. 600 ans plus tard, le Kemari apparaît au Japon. Ici, plus question de contacts entre joueurs. Ceux-ci se positionnent en cercle et doivent simplement se passer le ballon, sans qu’il ne tombe par terre.

L’Antiquité nous livre encore trois exemples de ce qui pourrait être considéré comme l’ancêtre du football contemporain. Il y a d’une part la phéninde et l'épiscyre, jeux de balle très répandus chez les Grecs. D’autre part, les Romains s’adonnent eux au « Harpastum », qu’ils importeront d’ailleurs jusqu’en… Grande-Bretagne. Et la ressemblance avec le sport que l’on connaît aujourd’hui est frappante, puisque deux équipes se défient sur un terrain rectangulaire délimité, avec pour objectif d’amener le ballon dans le camp adverse. Seul bémol : l’utilisation des pieds reste limitée. Preuve cependant que le football et le rugby partagent depuis les origines une histoire commune.

Combats de villages, duels féroces… La Grande-Bretagne joue l’attaque

Durant le Moyen Âge et jusqu’à la moitié du 19e siècle, les jeux de balle au pied ont été pratiqués dans le monde entier. Mais la Grande-Bretagne va hériter de la soule des Normands (au 11e siècle, probablement grâce à Guillaume Le Conquèrant) puis du Quico del calcio de la Renaissance italienne (17e siècle) pour faire figure de référence. Que ce soit sur le territoire ou dans les îles britanniques, on va assister pendant plus de 10 siècles à l’apparition d’une multitude d’activités locales et régionales qui donneront finalement naissance au football moderne, mais aussi au rugby.

Les pratiques observées sont assez brutales et sans règle. La soule normande est répandue et des villages s’opposent autour d’une vessie de porc (puis d'un ballon parfois très lourd) sur une superficie non définie. Autrement dit : pas de limite de joueurs, et un « jeu » qui peut très bien se déplacer à travers champs, clôtures ou rivières. Cela donne lieu à des rencontres très longues, intenses et où tous les coups sont permis.

Des rencontres dénuées de sens ? Pas vraiment. Des coutumes existent en effet en fonction des régions. Par endroit, cette activité est « symbolique » : la balle représente le soleil et celui qui remporte le duel s’assure une récolte abondante. Ailleurs en Angleterre, les jeux de balle mettent aux prises des hommes mariés aux célibataires. Et en Ecosse, on retrouve peut-être les prémisses du football féminin puisque la pratique opposerait des femmes entre elles.

Pour ce qui est de l’héritage du sud (Italie), l’influence se fera plus tardivement. Le Quico del calcio, qui ajoute les notions de but, de jeu collectif et de répartition des tâches, apportera en Angleterre un premier cadrage. Avant les grandes révolutions…

Le football hors-jeu pendant 500 ans

Le football développé jusqu’au 19e siècle est tellement brutal qu'il fera d’ailleurs l’objet de nombreuses interdictions à travers les siècles. Par exemple, en 1314, face aux désordres causés, le maire de Londres instaure une loi interdisant la pratique. Quiconque se fait surprendre risque une peine de prison.

Durant la guerre de Cent Ans, opposant la France et l’Angleterre, le jeu est déclaré illégal. Les divers rois britanniques qui se succèdent estiment en effet qu’il « empêche leurs sujets de se consacrer à des disciplines militaires plus importantes comme le tir à l’arc ».

À partir du 16e siècle, le sport est, à l’instar du théâtre, vu comme frivole. Et des puritains parviennent à obtenir son interdiction. Malgré cela, la pratique continuera à faire son petit bonhomme de chemin.

Et dans les années 1860, face à ces activités très variées, qui peuvent s’avérer violentes et qui parfois dégénèrent, les Britanniques décident d’instaurer des règles. C’est alors qu’on assiste à la naissance du football tel qu’on le connaît aujourd’hui.


CHAPITRE II: L’EVOLUTION DES REGLES ET LA CONTAGION


L’école, terrain de jeu

En Angleterre, le football commence à s’imprégner dans les universités dès le début du 19e siècle. Ces fameuses « public schools » organisent des matches dans les cours pavées de leur établissement et bien que les règles ne sont pas encore clairement établies, on se rapproche d’une étape décisive. Le problème à ce moment-là réside dans la diversité des règlements en fonction des écoles. Certaines privilégient encore un jeu physique et du « rentre-dedans » (avec des coups permis sous les genoux), tandis que d’autres commencent à développer le sens technique et les dribbles. De même, certaines acceptent le recours aux mains alors que d’autres bannissent leur emploi.

"Jeu de mains, jeu de vilains": Cambridge marque un grand coup

Après une première tentative en 1848, d’anciens étudiants de l’université de Cambridge uniformisent les lois du jeu en 1863. Fini les variantes, les croche-pieds ou les coups dans les tibias. Le football moderne est né ! De nombreuses écoles adoptent l’initiative, hormis une, celle de Rugby. Contrairement aux autres, cette dernière veut continuer à autoriser l’emploi des mains et tracera son propre chemin. Ce sera la grande séparation entre le football et le rugby, désormais sports à part entière.

Cette même année 1863 est créée la Football Association et à ce moment-là, tout s’accélère. Des clubs prennent forme et rejoignent la fondation. En 1872 se déroule la première compétition de football du monde, la FA Cup (qui existe d’ailleurs toujours). Quant au premier championnat, il est lancé en 1888.

Et à quoi ressemble un match à cette époque ? Les équipes sont soumises à 14 règles établies à Cambridge en 1863, notamment celle du hors-jeu. Mais au fil des années (voir notre ligne du temps ci-dessous), de nouvelles mesures sont prises pour rendre ce sport plus limpide et correct. Notamment l’apparition du sifflet de l’arbitre en 1878 ou du penalty en 1891. Comme on peut le voir dans ce tableau, les règles n’ont cessé d’évoluer jusqu’à aujourd’hui. Et c’est loin d’être terminé puisque de nouvelles technologies comme la vidéo sur la ligne de but sont actuellement en train de s’imposer afin d’éviter les confusions.

L’effervescence autour de ce football codifié et l’apparition de nombreux clubs en Angleterre vont faire du bruit et ce sport va se répandre au-delà des frontières. La contagion touche d’abord les Pays-Bas et le Danemark, qui se dotent d’une association de football en 1889. Suivent alors la Nouvelle-Zélande (1891), l’Argentine (1893), le Chili, la Suisse et la Belgique (1895), l’Italie (1898), l’Allemagne et l’Uruguay (1900), la Hongrie (1901) et la Finlande (1907).

Comment expliquer cette propagation ? Tout simplement par l’influence britannique. Ainsi, par exemple, en Amérique latine, ce sont des colons ou des ouvriers travaillant sur les grandes lignes ferroviaires qui apportent la discipline sur le territoire. Dans le cas de la Belgique, les inspirations sont multiples. Les universités anglaises bruxelloises jouent un rôle majeur, mais le football pénètre également à Bruges par l’intermédiaire du collège des frères xaviériens (dont la congrégation est active en Angleterre), à Anvers via le port et à Liège car des ingénieurs anglais travaillent dans les usines Cockerill.

Face à cette croissance mondiale, un organisme est créé pour encadrer le tout : la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Sept pays (dont la Belgique) contribuent en 1904 à sa fondation. Diverses nations les rejoignent au fil du temps pour aboutir, en 2007, à 208 membres. Preuve que le football est bien vivant.


Chapitre III: LE FOOT RASSEMBLEUR, MÊME PENDANT LA GUERRE


La Coupe du Monde : des débuts houleux mais un succès retentissant

Qui dit football dit inévitablement Coupe du Monde. Cette compétition internationale intéresse tout le monde, même les moins "footeux". La Belgique en a d’ailleurs pu faire la démonstration lors du récent Mondial au Brésil, en juin et juillet 2014. Les Diables rouges ont réalisé un beau parcours (1/4 de finale) sous les yeux de millions de Belges. L’évènement, qui se déroule tous les 4 ans, est un des plus suivis de la planète et sans contestation une vitrine majeure du ballon rond.

Pourtant, tout ne fut pas rose et si « rassembleur » lors de la création de la Coupe du Monde. Comme l’explique l’historien français et spécialiste de l’histoire du football Alfred Wahl à nos confrères français du magazine So Foot, tout est parti d’une rivalité entre la FIFA et le CIO (Comité International Olympique). En effet, de 1900 à 1928, le Mondial n’existe pas encore mais le football fait partie intégrante des Jeux olympiques et un grand tournoi y est organisé tous les 4 ans. À partir de 1912, le CIO laisse le soin à la FIFA de se charger de l’organisation matérielle. Mais face aux recettes grandissantes, cette dernière – via son patron de l’époque Jules Rimet - se met en tête d’en faire un évènement à part entière, distinct des JO. Et ce qui devait arriver arriva : la première Coupe du Monde, indépendante, est lancée en 1930.

Alfred Wahl voit deux raisons à cette émancipation qui a permis l’éclosion du Mondial: « L’intransigeance du CIO arc-bouté sur la défense de l’amateurisme par esprit de caste, et l’aversion qu’éprouvaient ces aristocrates pour le football déjà en partie démocratisé ou comptant des fédérations nationales professionnelles ».

Depuis 1930, 20 Coupes du Monde ont déjà été jouées et seule la Seconde Guerre mondiale a empêché par deux fois la tenue de l’événement (en 1942 et 1946). Outre l’Uruguay, premier organisateur et premier vainqueur, 7 autres pays se partagent les trophées : Brésil (5X), Italie (4X), Allemagne (4X), Argentine (2X), Angleterre, France et Espagne

Pour la petite histoire, la première édition du Mondial ne réunissait « que » 13 équipes dont 4 européennes (France, Roumanie, Yougoslavie et… Belgique). Il faudra attendre 1934, en Italie, pour voir apparaître la formule actuelle des 32 nations en compétition. Finalement, la seule chose qui n’a pas changé au fil de ces nombreuses années, c’est l’engouement quasi sacré du public.

Le miracle de guerre

"Le matin de Noël, comme nous avions pratiquement cessé de tirer sur eux, un Allemand a commencé à nous faire signe, et un de nos soldats est sorti devant notre tranchée et l’a rejoint à mi-chemin où ils se sont salués. Au bout d’un moment, des types de chez nous sont sortis pour retrouver ceux d’en face jusqu’à ce que des centaines d’hommes, littéralement, en provenance des deux côtés, se retrouvent sur le "no man’s land" à se serrer la main, à échanger des cigarettes, du tabac et du chocolat, etc." (Témoignage du soldat anglais Oswald Tilley, dans une lettre datée du 27 décembre 1914)

Le football est rassembleur grâce à la Coupe du Monde. Mais il y a un autre événement historique qui illustre le caractère « unificateur » de ce sport. Durant le Première Guerre mondiale, Allemands et Britanniques se sont octroyés une courte trêve de Noël en 1914 et sont sortis des tranchées pour disputer un match. De quoi mettre de côté, quelques heures, les atrocités d’une guerre sanglante. La partie, disputée à Ploegsteert en Belgique (nord de la frontière franco-belge), avait été remportée 3-2 par les Allemands.

Fin 2014, à l’occasion du centième anniversaire, une reconstitution a d’ailleurs eu lieu à l’endroit en question et le président de l’UEFA Michel Platini est venu inaugurer un monument souvenir.

 

Si certains remettent en doute la crédibilité de ce fait historique, le professeur d’histoire contemporaine Rémy Cazals (Université Toulouse 2) livre sa version à France24 : "Si vous vous attendez à un match comme la finale de la Coupe d’Europe avec un terrain plat, un bon gazon, des buts avec des dimensions réglementaires, eh bien évidemment ce n’est pas un match comme cela. Prenons-le plutôt comme un match bricolé sur un terrain qui n’était pas tout à fait convenable, les gens n’avaient pas de maillot particulier et quant à l’uniforme, il faut savoir que dans les tranchées, on porte n’importe quoi".


LE FOOT « MODERNE » OU LE REGNE DE L’ARGENT : ET DEMAIN ?


Le football professionnel (et donc rémunéré) est apparu assez tôt en Angleterre. Dès 1879, certains joueurs sont payés pour leurs prestations. Mais cela va évidemment provoquer des jalousies de la part de ceux qui ne touchent rien. Quelques années plus tard, la Fédération anglaise est donc contrainte de légaliser le professionnalisme. Cette tendance touchera progressivement les autres pays.

Au fil du temps, les salaires n’ont cessé d’augmenter. Depuis plusieurs décennies, même le football amateur fait l’objet d’arrangements financiers entre directions de clubs et joueurs. Au niveau professionnel, les grandes équipes se battent à coups de transferts aux montants toujours plus faramineux.

« Pour le sport, et le football en particulier, il y aura toujours de l’argent »

Mais le football peut-il survivre à cette mégalomanie ? Achraf Abdelmoula (assistant chargé de cours d’éducation physique à la faculté des sciences de la motricité à l’ULB) et Bernard Jeunejean (entraîneur, collaborateur au Sport/Foot magazine et auteur de nombreux écrits sur le football) lèvent le voile sur la question. Entretiens croisés.


Pourquoi (ou grâce à quoi) le foot est-il parvenu aujourd’hui à s’imposer comme le sport n°1 ?

Achraf Abdelmoula : « Le rôle de la Fifa est prépondérant. L’organisme a tout fait pour que le foot devienne n°1. C’est le sport avec le plus gros budget. On dénombre en outre énormément de pratiquants dans le monde. Cela s’explique par un accès plus facile (équipements, terrains…) par rapport à d’autres disciplines, comme le tennis. »

Bernard Jeunejean : « Il faut d’abord se demander pourquoi le football est n°1 chez nous. Parce qu’il ne l’est pas partout. Aux USA par exemple, les gens se lassent des sports où le score évolue peu. C’est pourquoi ils préfèrent le basket ou le foot américain, avec plus de points marqués. La mentalité européenne est autre. De manière plus générale, si le football rencontre autant de succès, c’est sans doute dû à son côté aléatoire, injuste, règlement de compte. Il y a toujours un arbitre qui est le salaud et qui t’a empêché de gagner. Et ça, c’est très excitant et ça renforce le côté populaire de ce sport. »


On le sait, le football a depuis ses débuts connu une importante évolution, notamment dans les règles du jeu. Pensez-vous que ce sport puisse encore être « chamboulé » ? Comment ?

A.A. : « Des adaptations sont possibles. On le voit après chaque Coupe du Monde. Par exemple dernièrement avec la technologie de la vidéo sur la ligne de but, pour vérifier que le ballon est bien entré. Mais je ne m’attends pas à des évolutions majeures. Dans d’autres sports, on interrompt carrément les matches pour vérifier tout via vidéo. Je ne pense pas que cela touchera le football, et c’est d’ailleurs ce qui en fait le charme. »

B. J. :« Pour moi, les lois du jeu de foot sont catastrophiques, parce qu’elles laissent place à la polémique. Ça en devient un sport malsain. Il faudrait un règlement moins équivoque. Il faut donc des textes plus clairs car, qu’il siffle ou non, l’arbitre parvient toujours jusqu’à présent à trouver des justificatifs dans le règlement. C’est un point à améliorer. D’autre part, je suis favorable à changer des règles pour plus de spectacle. On ne voit pas assez de goals dans le football (2,5 de moyenne). Pourquoi ne pas alors augmenter la surface de jeu, réduire le nombre de joueurs sur le terrain ou agrandir les buts ? Je n’y crois pas trop mais je trouverais cela fantastique. »


Comment se fait-il que l’Europe est actuellement leader en matière de football et que les talents des autres continents sont bien souvent amenés à y venir jouer ?

A.A. : « C’est une question de niveau mais surtout une question de budget. Le fait que la FIFA soit localisée en Suisse n’est pas étranger à cela. Ce que touche un joueur en venant jouer en Europe, il ne peut se l’offrir ailleurs. Certes, on a les cas récents des championnats du Qatar ou des USA, deux pays qui sont prêts à débourser des fortunes. Mais ce n’est que du marketing et les joueurs sont assez intelligents. Ils restent en Europe puis partent finir leur carrière à l’étranger. Ils savent que là-bas, on les attend plus pour faire de la pub que pour élever le niveau… »

B.J. : « C’est une histoire de fric. C’est la loi de l’offre et de la demande. Les clubs européens comme Barcelone offrent un pognon que la star brésilienne Neymar, par exemple, n’aurait jamais touché en restant au Brésil. Comme ces clubs sont les plus riches, ils ont les meilleurs joueurs et deviennent forcément les plus glorieux et les plus attirants. »


L’argent est roi. Des clubs prestigieux s’endettent pour attirer les meilleurs joueurs, à des prix exorbitants. Cela peut-il durer ? Quelle est votre vision de l’avenir pour le football à ce niveau?

A.A. : « L’argent a été roi et il le sera encore. La société est ainsi faite. Je pense que le sport, et le football en particulier, reste une discipline où il n’y aura jamais de problème, de crise. Il y aura toujours des sous pour le financer. »

B.J. : « Le pognon sera toujours le pognon, ce n’est pas ça qui va changer. Mais il y aura peut-être une crise à un moment donné, car on trouvera que le système des transferts est trop permissif. Moi, je suis contre le mercato. Une compétition doit commencer à la première journée et se terminer à la dernière, et entre les deux, tu as ton effectif établi. Pas question de changer de club en cours de route ! D’autre part, je trouve que les noyaux des équipes sont trop importants. A quoi cela sert d’avoir 27 joueurs alors que 16 ou 17 suffisent? Je n’ai rien contre le fait qu’une vedette du ballon rond gagne beaucoup d’argent, mais quand je vois le salaire de certains joueurs qui ne jouent jamais dans leur club mais touchent une fortune, ça me révolte. »


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EQUIPE

Journaliste : Simon Legros

Chef de projet : Pauline Oger

Rédacteur en chef : Dorian de Meeûs

Mise en page : Katarzyna Gunkowska

Mise en page : Raphaël Stadnik