Comment l'industrie de la contrefaçon s'adapte à la crise

Un business juteux qui mute rapidement

À Liège, la traque des produits contrefaits chinois

Il a un sourire en coin. Aurélien Letawe, chef d’équipe Douanes et Accises à l’aéroport de Liège, manipule une ceinture Gucci qui n’a d’italien que le nom. L’imitation est grossière. “Regardez l’emballage, c’est un simple sac en plastique”, explique-t-il. “Et puis cette faute d’orthographe en anglais dans la notice et ce numéro de licence farfelu.” Le douanier jette un coup d’œil sur l’étiquette du colis saisi par ses services. Le destinataire est un particulier vivant à Milan. Il ne recevra jamais sa ceinture commandée en Chine : cette dernière a toutes les chances d’être détruite dans les prochains jours.“Tous les deux mois, nous envoyons un grand container de 20 m3 rempli de produits de ce type vers des incinérateurs en Belgique. Ce sont les détenteurs de marque qui décident ce qu’on fait des produits qui portent atteinte à leur image et ce sont aussi ces marques qui paient les frais de destruction.”

Montres Rolex et maillots de Messi

Avec l’explosion du commerce en ligne, le travail des 160 douaniers de l’aéroport a considérablement évolué. “Face à l’afflux de travail, 40 nouveaux douaniers ont été engagés récemment et on s’attend à ce qu’une centaine d’autres nous rejoignent dans les prochaines années. On devient une vraie porte d’entrée en Belgique”, précise le chef, qui se faufile à travers la montagne de colis saisis ces derniers jours. La chasse a été particulièrement bonne : 80 % des 15 000 colis ouverts par ses équipes ces trois dernières semaines contenaient des contrefaçons. Montres Rolex ; maillots floqués au nom de la nouvelle star du PSG, Lionel Messi ; faux parfums ; fausses cartes Pokémon … L’immense majorité de ces produits provient de Chine. L’Empire du Milieu reste le pays de prédilection pour la contrefaçon en Belgique avec près de 80 % de toutes les constatations en 2020. La Turquie, deuxième, arrive loin derrière avec 12 %. À Liège, ce chiffre dépasse même les 95 %, vu les échanges commerciaux forts avec la Chine. “Les colis étaient destinés à des particuliers en France, en Italie et en Allemagne. On n’a quasiment rencontré aucun contrefait vers l’Allemagne, où les règles semblent être très respectées en la matière.”

Ce qui n’est visiblement pas le cas pour tous les pays européens. En plus de l’emballage – “plus il est bon marché, plus il est suspect” – et de l’origine, la destination d’un colis est ainsi devenue l’un des critères de contrôle des douaniers. En ligne de mire : certaines zones urbaines du Vieux Continent réputées pour leur marché au noir. “En plus de contrôles purement aléatoires, on a aussi parfois des dénonciations ou des indications fournies par les marques contrefaites, voire de collègues européens”, poursuit M. Letawe.




Réservé aux abonnés


Pas encore abonné ?


Lisez l'article gratuitement avec notre offre
"Premier mois gratuit"

1er mois gratuit puis 10,99 €
par mois sans engagement

Déjà abonné ?


Verification de sécurité en cours