L’Histoire est remplie de grandes épopées et de faits d’armes spectaculaires. Des batailles gagnées in extremis par l’ingéniosité d’un seul homme, des soldats qui révolutionnent la manière de combattre et des destins dignes des plus grands mythes et légendes. Certains d’entre eux furent, parfois, tellement hors normes et exceptionnels que leurs existences paraissent impossibles. Dans ce grand format, nous allons vous raconter l’histoire d’un homme dont les exploits feraient pâlir de jalousie le fictionnel Rambo. Une histoire aussi invraisemblable que folle. L’histoire du lieutenant colonel John Malcolm Thorpe Fleming Churchill alias MAD JACK.

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Mais qui est vraiment ce MAD JACK ?






Contre toute attente, en pleine Seconde Guerre mondiale, Jack Churchill porte en permanence une large épée écossaise autour de la taille, une Broadsword. Il s’agit d’une épée traditionnelle écossaise avec une lame lourde de près d’une mètre de long. De telles épées étaient réservées aux guerriers écossais assez puissants pour les manier.

Jack - qui n'a aucun lien de parenté avec Winston Churchill - est, comme le montre son utilisation de la Broadsword, écossais. Cette épée, loin d’être un ornement inutile, lui permet de capturer pas moins de 42 soldats, en 1943, dans la province de Salerne en Italie. Et ce, en passant d’un poste de garde allemand à un autre avec un de ses caporaux, surprenant ses ennemis armé uniquement de son épée. Action aussi improbable que héroïque qui lui permet de recevoir la “Distinguished Service Order”. Une récompense gratifiant les plus grands héros de l’armée anglaise.

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Ce n’est pas tout






La marque de fabrique de Jack Churchill est, en plus de l’épée écossaise, un arc et des flèches. Avant la guerre déjà, celui-ci participa au Championnat du monde de tir à l’arc. Cette arme d’un autre temps lui permit de rentrer dans l’Histoire. En 1940, alors qu’il se tient avec son bataillon en embuscade dans le Pas-de-Calais, Jack Churchill lance l’attaque contre une patrouille allemande en abattant d’une seule flèche un des soldats ennemis. Devenant ainsi le seul soldat à avoir utilisé cette arme efficacement durant la Seconde Guerre mondiale.

Bien que l’arc ait un avantage certain dans l’art de la guerre par le peu de bruit qu’il fait durant son utilisation, Jack Churchill ne l’utilise certainement pas dans cette optique. En effet, la discrétion est un concept qui lui est assez étranger. Il a l’habitude de crier en chargeant ses ennemis et ce, le plus fort possible tout en agitant son épée. Une tactique improbable qui joue à la fois sur la surprise et sur l’intimidation provoquée par la folie inconcevable d’une telle charge.

Cornemuse et défaite yougoslave






En 1944, Jack Churchill est en Yougoslavie et continue de briller par sa bravoure. Durant une longue bataille contre des soldats allemands, des 80 soldats sous les ordres de Churchill seuls 6 survécurent. Alors que la bataille est perdue, “Mad Jack” continue à faire honneur à son surnom et sort sa cornemuse. Il se met à jouer « Will Ye No Come Back Again » chanson profondément écossaise. Il est finalement assommé par une grenade et fait prisonnier.





Il est alors envoyé à Berlin pour interrogatoire puis au camp de concentration de Sachsenhausen. Il s’échappe du camp de la mort et est capturé à quelques kilomètres de son objectif, la mer Baltique. Il parvient ensuite à s’échapper en avril 45.

La guerre touchant à sa fin, les gardes SS qui sont chargés de surveiller les prisonniers, dont fait partie Churchill, les abandonnent derrière eux et fuient. Jack marche alors près de 150 km jusqu’en Italie où il rencontre les Alliés en manœuvre dans la région de Vérone.

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Crédit photo: DR
Photo prise le 6 juin 1944, au lendemain de la libération de Jack Churchill (à droite sur l'image)



Et après ?






Très déçu que la Seconde Guerre mondiale ait pris fin, il s’engage dans un conflit en Palestine, durant l’époque de la Palestine sous mandat britannique. Durant cette période, les Anglais doivent gérer une arrivée massive de populations juives qui fuient les persécutions en Europe. Après la guerre, de nombreux juifs décident d’émigrer en Palestine pour vivre dans ce qu’ils considèrent comme leur propre nation sans plus subir de persécutions. Cette immigration se heurte à une résistance des Palestiniens arabes qui y vivent.

Juste avant la fin de ce mandat, Churchill s’implique avec 12 de ses soldats dans une autre mission. Il protège des convois médicaux qui sont attaqués par les forces arabes et finalement coordonne l’évacuation de plus de 700 patients, étudiants et médecins juifs d’un hôpital de Jérusalem.

C’est encore une fois une mission hors norme mais aussi son dernier acte militaire.

Il apparait par la suite dans le film Ivanhoé en 1952 dans un rôle d’archer, et finalement continue sa vie d’aventurier en s’installant en Australie.

Là-bas il découvre un sport pour lequel il se passionne rapidement : le surf. Il revient d’ailleurs après en Angleterre où il est le premier à avoir surfé sur les vagues naturelles du fleuve d’Angleterre occidentale, La Saverne.



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Crédit photo: Wikipédia



Il termine une vie d’aventures et de périples dans sa région natale d’Angleterre, où il continue jusqu'à la fin à être fidèle à son personnage excentrique. Vers la fin de sa vie, par exemple, il surprend le contrôleur du train dans lequel il voyage après avoir jeté par la fenêtre du train en marche sa valise. Il explique par la suite que, les rails passant devant son jardin, il avait préféré la lancer dans celui-ci plutôt que de la porter sur tout le trajet.

Jack Churchill meurt à 89 ans dans sa ville natale. Une longue vie qui l’aura vu archer au championnat du monde de tir à l’arc, pourfendeur de l’ennemi à coups d’épée et de flèches, vainqueur de nombreuses batailles et dompteur des vagues australiennes.

Une vie riche et haletante, incroyable et pourtant vraie.

Jérôme

Loumaye


Journaliste

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