Waterloo :
Pas si morne plaine que cela !

Victor Hugo a beau écrire "Waterloo ! Morne plaine !"
dans l'un de ses poèmes, on voit bien qu'il n'y était pas.

La Libre EXPLORE revient sur ce qui a fait Waterloo.
Une occasion d'évoquer la somme des petites histoires
qui firent la grande.

© Jean-Luc Flémal

© Jean-Luc Flémal

La butte au lion, a été commandité par le roi de Hollande pour célébrer la victoire, et est précisément situé à l'endroit où son fils, le  Prince Guillaume d’Orange a été blessé.
Le lion flamand pose la patte sur le monde et regarde vers le sud, la France vaincue.
Quand on cherche le sud à Waterloo, il suffit de suivre le regard du lion.

Une vue au drône de la Butte au lion © Jean-Luc Flémal

Une vue au drône de la Butte au lion © Jean-Luc Flémal

Notre expert EXPLORE

En compagnie de Jacques Pirlet, responsable des guides "Waterloo 1815 - La Bataille", bénévole enthousiaste et multilingue, on traverse le terrain de la Bataille.
"Quand j'avais 10 ans", nous raconte-t-il, "je venais avec l'école primaire, on montait et on descendait la butte. Il n'y avait rien hormis le Panorama (NdlR,le bâtiment circulaire recouvert d'une fresque de la bataille) qui avait été édifié à l'époque du Centenaire de la bataille vers 1914.  

"Alors certes, il n'y a rien qui soit construit sur le site même de la bataille, - ce qui est très rare lorsque l'on parle de bataille historique - , mais le revers de la médaille, c'est que l'on découvre un terrain vide".

C'est alors qu'interviennent deux choses.
D'abord, le Mémorial (que l'on voit sur la photo, derrière notre guide), créé au moment du Bicentenaire, et dont les installations muséologiques permettent d'appréhender les faits de la Bataille.
Et ensuite, les guides Waterloo 1815, qui racontent, au-delà du positionnement des différentes armées, les états d'âme et les états d'esprits.




© Jean-Luc Flémal

Pourquoi  une bataille historique
à Waterloo ?

Aquarelle de John Atkinson, à gauche Wellington et son chapeau et à droite Blücher, qu'il salue.© Reporters

Aquarelle de John Atkinson, à gauche Wellington et son chapeau et à droite Blücher, qu'il salue.© Reporters

Sans Napoléon, point de Waterloo !

C’est lui le moteur de l’histoire. En 1813, il se prend une sacrée veste durant la campagne de Russie : c’est la fameuse Bérézina. Napoléon doit abdiquer en 1814, exilé sur l’île d’Elbe. Il y reste un an et choisit de revenir sur la scène politique en mars 1815. C’est ce qu’on va appeler Les Cent jours, jusque Waterloo.

A l’époque, la France compte 30 millions d’habitants (contre 15 millions en Angleterre), ce qui fait que Napoléon a de la ressource en matière de soldats.

Cependant, les soldats de 1815 sont moins enthousiastes que durant les guerres napoléoniennes qui suivirent la Révolution Française. “C’est parce que Napoléon réhabilite la solde aux militaires qu’ils finissent tous par crier “Vive l’Empereur” et le suivre pour sa fameuse bataille de reconquête”.


Pourquoi Napoléon choisit-il de revenir ?


“Napoléon sent que c’est la dernière chance pour la France de se maintenir dans le concert des nations européennes”.
Jacques Pirlet, Responsable des guides Waterloo 1815

Les autres nations européennes, craintives des idées révolutionnaires qui avaient germé en France, avaient décidé d’une levée en masse d’hommes qui devaient envahir la France. “Napoléon arrive à convaincre les parlementaires français de lever une armée. Cette bataille est décisive pour les Français, qui soit, gardent une place en Europe, soit seront éliminés de la carte”.

Napoléon va donc à la rencontre des armées alliées (Anglais, Hollando-Belges et Prussiens) qui marchent sur la France. Il doit remonter le plus vite possible, car il ne possède que 124  000 hommes et ne veut pas que les armées anglaises de Wellington (106 000 hommes) et les Prussiens de Blücher(124 000 hommes) se rejoignent.

Ils lui seraient alors supérieurs en nombre.


😉 l'anecdote 😉

Dans une bataille, on doit toujours compter un soldat contre un, pour remporter le combat.
Napoléon, lui, a parfois réussi le prodige de batttre une armée supérieure en nombre, mais, à chaque fois, Napoléon a su profiter de l’effet de surprise, dont il a fait sa spécialité.


© Olivier Papegnies/Collectif Huma

© Olivier Papegnies / Collectif Huma

© Olivier Papegnies / Collectif Huma

Raconte-moi la bataille !

© Olivier Papegnies /collectif Huma

© Olivier Papegnies /collectif Huma

Le 18 juin 1815, au petit jour...

Napoléon n’est pas au top de sa forme lorsque la bataille va commencer. Ses hommes, quant à eux, ont marché toute la nuit pour rejoindre la zone et ont dormi sur la route.
La veille de ce 18 juin 1815, Napoléon n’a pas pris le temps d’aller repérer le terrain comme il le fait d’habitude. Il n’a donc pas les moyens de savoir qui est face à lui – puisque les Alliés de Wellington sont cachés derrière la crête.

Par ailleurs, il ne sait pas si Wellington acceptera la bataille, car l’Anglais connaît bien les lieux, et est homme de défense et non d’attaque.


Vers 13h30. Il décide cependant de lancer le combat et fait tirer ses canons. Il a un plan déterminé : passer par le centre de la ligne de Wellington. Ses canons tirent de façon à créer la panique dans les lignes des Alliés.


Mais les terrains sont humides de la pluie de la veille, et les boulets de canon s’enfoncent dans le champ de bataille sans faire les dégâts espérés.

Autre élément modificateur pour Napoléon : Jérôme Bonaparte, son frère, a mal compris ses ordres (ou alors a voulu se faire remarquer), mais il a lancé, dès 11H30, des combats à la ferme d’Hougoumont.
Une partie des troupes des Français est donc réquisitionnée sur un terrain annexe de la bataille, à l'extrème gauche de la zone d'attaque des Français.

A 14h30, Napoléon lance une attaque d’infanterie. Les Français doivent attaquer en traversant le vallon tandis que les Alliés attendent, repliés derrière leur ligne de défense.

15h. L'infanterie parvient presque à percer les lignes alliées, mais la cavalerie des Anglais se lance, traverse le champ de bataille et arrête l’infanterie française.

Si cette attaque de cavalerie est efficace, elle n’est pas déterminante, d’autant que Wellington y perd la quasi-totalité de ses chevaux, qui s’enlisent dans le terrain détrempé de Waterloo.

Vers 16h30, la cavalerie du maréchal Ney (le second de Napoléon) essaie de percer, avec 8000 chevaux (c’est la scène que l’on voit dans le bâtiment dit du Panorama, au Mémorial) .

Vers 16h30, 17h, sur le terrain de Plancenoit, au sud du champ de bataille, les Prussiens arrivent par surprise.

Napoléon y envoie donc sa jeune garde, si bien que quand le maréchal Ney lui demande des réserves pour le soutenir sur le terrain de Waterloo, Napoléon n'a plus de réserve.

Vers 18h30, il décide d’envoyer à Ney sa vieille garde, ses meilleurs soldats, que normalement, il garde toujours à ses côtés.

Sa fameuse garde impériale de 10 000 hommes ne peut contrer les Prussiens, et recule.

Vers 19h30, c’est le “sauve qui peut”.

La bataille de Waterloo est perdue pour Napoléon.


😉 L'anecdote 😉

On parle de la bataille de Waterloo mais le site du combat est sur la commune de Braine-L’alleud. Pourquoi ?
Le quartier général de Wellington était situé à Waterloo, et, quand le vainqeur envoie son billet de victoire à son roi, il signe :


“Fait à Waterloo, le 18 juin 1815”.
Arthur Wellesley, Duc de Wellington et commandant des Anglais

Depuis, la ville est entrée dans l'imaginaire universel et sera éternellement prononcée “Waterlou” par ABBA.

La bataille de Waterloo
en accéléré

Le champ de la bataille © Reporters

Le champ de la bataille © Reporters

Les petites histoires
qui firent la grande

© Olivier Papegnies/collectif Huma

© Olivier Papegnies/collectif Huma

Les combattants sur le champ de bataille étaient 140 000 au total.


70 000, dans le camp français et autant chez les Alliés. Ce jour-là, la bataille fit 40 000 pertes, 10 000 morts et 30 000 blessés.

A noter cependant, sur le champ de bataille de Plancenoit, la moitié des soldats engagés dans les combats perdirent la vie.

Sur les 40 000 chevaux lancés dans le combat, 10 000 chevaux restent sur le champ de bataille.

Waterloo est la dernière grande
bataille de cavalerie.

Les fantassins ont une petite besace avec cartouche et poudre, tandis que les cavaliers ont un sabre et un pistolet. C’est donc la force du nombre qui va faire la différence dans ce genre de combats.


“Si la bataille deWaterloo avait eu lieu du temps des Romains, elle aurait été fort similaire – notamment les combats de Plancenoit qui se firent à la baïonnette.”
Jacques Pirlet, Responsable des guides Waterloo 1815

On peut dire que Waterloo est encore de l’ordre du combat au corps à corps. Car le fusil du fantassin, à l’époque, ne tire avec précision qu’à 25 ou 30 mètres.

Il faut près d’une minute pour le recharger. Et le temps de recharger en poudre, l’ennemi est à votre niveau.

C’est pour cela que la cavalerie joue un rôle important à Waterloo, car elle va vite et n’a pas peur des baïonnettes.

Des hommes du même camp
se sont tirés dessus.

Même si on a tendance à dire que l’infanterie française est en bleu, l’infanterie anglaise en rouge et les Prussiens en bleu de Prusse (une sorte de vert en réalité), ce n’est pas aussi simple que cela.

Dans la pratique, les soldats sont d’abord identifiés par leur appartenance à un corps d’armée particulier, et ensuite en fonction de leur rôle : fantassin, artilleur, cavalier, lancier...

Mais, chez les Prussiens, par exemple, beaucoup de soldats avaient été appelés en dernière minute et n’avaient pas d’équipement.

Dans l’aile gauche de Wellington, les Hollando-Belges, qui un an avant étaient des Français, portent encore l’ancien costume.

On a donc parlé du phénomène de "Friendly Fire" : à Waterloo, des gens du même camp se sont tirés dessus.


© Olivier Papegnies/collectif Huma et Reporters

Poursuivre la découverte


LaLibre EXPLORE vous invite sur le terrain de la Bataille, le 13 juin.

Au cours d'une après-midi découverte, nous vous donnons l'occasion de revivre la bataille de Waterloo aux côtés des spécialistes du terrain, les guides Waterloo 1815.
Au programme : appréhension du paysage de la bataille, depuis les hauteurs de la butte du lion, récits des combats au Panorama. On entrera également au coeur des lieux qui firent la bataille,notamment la ferme d’Hougoumont aux sanglants échanges.

Pour toute info et les inscriptions, www.lalibre.be/action/waterloo