En route versles voitures sans conducteur

entre espoirs, craintes et interrogations

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Dis papy, est-ce que c’est vrai que de ton temps il y avait des accidents sur la route ?

Et si, dans un futur proche, ce genre de question n’était pas si fantasque que cela ? Devrons-nous expliquer aux prochaines générations que les accidents de voiture tuaient encore, sur l’année 2016, 1,2 million de personnes à travers le monde ? Pour éviter, ou du moins tendre à faire disparaître complètement, ce fléau, un nouveau type de voitures s’apprête à arriver sur le marché : des véhicules intelligents. Ceux-ci, grâce à leurs nombreux capteurs, seront conduits automatiquement par un ordinateur embarqué. Ces petits bijoux technologiques, qui commencent à apparaître sur le marché, auront une conséquence majeure : la suppression du facteur humain dans la conduite et donc de l’erreur humaine qui mène à plus de 90 % des accidents de la route.

Mais, l’argument de la sécurité ne doit pas faire oublier d’autres aspects de la problématique. Voulons-nous vraiment d’un monde où nous ne conduisons plus les voitures, mais où ce sont elles qui nous conduisent ?

Alors : en route vers des voitures sans conducteur ?

Intérieur voiture sans volant

Une révolution positive

Une révolution positive

Les avantages de l’apparition de véhicules autonomes sont nombreux et se classent dans 3 catégories différentes.

1. Sécurité

C’est ici l’argument numéro 1 des constructeurs et industriels derrière cette innovation : une route plus sûre en retirant de l’équation le facteur humain. En Belgique, environ 700 personnes meurent chaque année dans un accident lié à un véhicule. Un chiffre énorme qui pourrait être divisé substantiellement. Il est certain que des accidents pourraient toujours arriver, les machines elles aussi n’étant pas infaillibles. Mais, retirez de l’équation la distraction, la conduite sous l’emprise de l’alcool, la fatigue ou toute autre cause liée au conducteur du véhicule et vous aurez, on ne peut le nier, une route beaucoup plus sûre.

2. Commodité

Finis les longs voyages au volant de votre voiture, grommelant contre les bouchons et la météo qui rend la visibilité déplorable. Cette technologie permettra un voyage dans le calme, mais aussi aux personnes âgées ou ayant un handicap de conduire et de gagner de l’indépendance. Dans ce futur de voitures autonomes, il vous faudra juste vous asseoir et vous relaxer, peut-être même qu’il ne faudra pas vous asseoir, mais vous coucher ? La conception de l’intérieur d’un véhicule étant, avec cette innovation, à l’aube d’une révolution.

3. Productivité / Efficacité

Cette métamorphose de l’intérieur du véhicule amènerait aussi une nouvelle perspective de productivité. L’homme d’affaires aura un bureau et un siège confortable pour travailler sur son chemin vers ses différentes réunions. On peut aussi imaginer un lit pour permettre aux passagers de continuer leurs rêves qui furent interrompus quelques dizaines de minutes plus tôt par leurs réveils. Les possibilités sont illimitées pour permettre de transformer efficacement ce temps perdu derrière notre volant.

Mais ce n’est pas tout, il y a un gain conséquent en termes de fluidité du trafic. Fini les bouchons, les ralentissements et autres désagréments qui nous mettent en retard, la conduite automatique prenant une partie infime du temps de réponse d’un humain pour s’adapter à son environnement. Une réaction immédiate de la voiture à celui-ci permettrait une vitesse maximum en tout instant. Cela rendrait même peut-être obsolètes les feux de signalisation et autres signalétiques.

Pour mieux comprendre ce phénomène de fluidité amené par l’autopilotage du véhicule nous vous proposons deux animations. À gauche, vous retrouvez notre système routier actuel, classique. Celui-ci nécessite un système de signalisation, mais aussi implique des ralentissements liés aux conducteurs. À droite, une projection de ce que pourrait être un monde sans conducteur. Les feux de signalisation y sont obsolètes et les véhicules y calculent instantanément la conduite à suivre, rendant le trafic ultra rapide et efficace.

circulation actuelle

Cliquez sur l'image pour rejouer l'animation circulation actuelle

circulation de véhicules sans conducteur

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Parking de voiture vertical

Un monde 2.0

Un monde 2.0

Les voitures sans conducteur, si elles s’imposent majoritairement, changeraient le paysage urbain drastiquement. On assisterait à une disparition quasi totale des espaces de parking qui sont innombrables dans toutes les grandes villes.

Plus besoin d’espaces immenses pour stocker des véhicules vides toute la journée en plein centre-ville. Après vous avoir déposé, votre voiture ira alors se garer par elle-même dans un parking à l’extérieur de ville ou dans une zone prévue à cet effet. Ce serait la fin des innombrables tours afin de trouver une place de parking pas trop loin de votre destination. Vous programmerez juste depuis votre smartphone une heure pour que votre véhicule vienne vous rechercher. Un système assez semblable à celui utilisé pour commander un taxi par les applications comme Uber, compagnie qui d’ailleurs est parmi les pionnières de ce domaine, exploitant déjà deux villes au moyen de ces voitures intelligentes.

Déjà une réalité

Alors que ces concepts ont l’air futuristes et pas du tout d’actualité, les véhicules autonomes sont pourtant déjà une réalité. Selon une prédiction de Business Insider, d’ici 2020 plus de 10 millions de voitures qui se conduisent toutes seules seront sur le marché, augurant un avenir prometteur pour ce type de véhicules.

Actuellement il existe plusieurs modèles de niveau 3 sur le marché, mais aucun ne rentrant complètement dans la catégorie 4. Celle-ci est la catégorie des voitures totalement autonomes.

Mais nous n’y sommes pas encore totalement, les véhicules actuels étant pourvus d’une autonomie très relative. Pour mieux s’y retrouver, il existe une classification du rapport d’interaction entre le véhicule et le conducteur. Cette échelle va de 0 à 4 et permet de mieux comprendre les différents niveaux de délégation de compétences à la voiture en elle-même.

Actuellement il existe plusieurs modèles de niveau 3 sur le marché, mais aucun ne rentrant complètement dans la catégorie 4. Celle-ci est la catégorie des voitures totalement autonomes.

La voiture « autonome » la plus vendue dans le monde est la Tesla model S, voiture qui se situe au niveau 3 (pour rappel, à ce niveau, un conducteur est présent derrière le volant et reste parfois nécessaire). Cette voiture, qui s’est déjà vendue à près de 130 000 exemplaires dans le monde, dont un peu moins de 2000 en Belgique, est trouvable sur le marché pour un peu plus de 80 000 euros. La conduite autonome est, pour cette voiture, une option (donc pas présente sur l’entièreté des modèles en circulation) qui coûte une dizaine de milliers d’euros supplémentaires. Une technologie qui est donc encore très chère.

Tesla model S

Tesla model S

Démonstration de la conduite autonome d’une voiture Tesla

Si vous n’avez pas les économies pour vous acheter une Tesla, mais que vous voulez vivre l’expérience de la voiture autonome alors nous avons la solution pour vous ! Il vous suffit de prendre un billet d’avion en direction de San Francisco ou Pittsburgh afin de pouvoir y commander un Uber, sans conducteur !

Enfin presque. En effet, là encore la voiture nécessite une personne qualifiée derrière le volant pour agir en cas de problème (et pour satisfaire la loi, qui n’autorise pas encore l’absence de conducteur). L’entreprise américaine travaille sur ces voitures intelligentes depuis quelques années et a commencé à les utiliser dans des villes tests depuis 2016 : Pittsburgh en Pennsylvanie en septembre et San Francisco depuis décembre. Uber utilise comme voiture une Ford Fusion, équipée de nombreux capteurs et de 22 caméras.

Ford Fusion

Ford Fusion

Ce système très précis s’améliore et s’enrichit au fil du temps. Maintenant, en plus de localiser les cyclistes, la voiture peut aussi distinguer les mouvements de bras qui indiquent que celui-ci veut tourner.

Dans ce domaine, il faut aussi bien entendu parler de Google, qui investit des millions dans les véhicules autonomes depuis des années. Précurseur de la voiture intelligente, leur voiture, la Google Car, en est à près de 3,2 millions de km au compteur. Une avance prise sur le reste du marché qui assure à la multinationale un avenir radieux dans le domaine des voitures intelligentes.

Comme pour son moteur de recherche, ce qui différenciera les Google Car de ses concurrents est le logiciel derrière la technologie. Celui-ci, au fil des années de perfectionnement tend à imiter parfaitement la conduite humaine. Pour l’instant, comme vous pouvez le voir, Google se focalise davantage sur le logiciel que sur le design du véhicule.

Google Car

Google Car

Et demain ?

Depuis quelques années, de nombreux concepts de voitures autonomes voient le jour. Mercedes par exemple a présenté son modèle F015 « luxury in motion ». Une projection dans ce que pourrait être le marché de l’automobile dans quelques années.

Mercedes modèle F015

Mercedes modèle F015 « luxury in motion » : intérieur

Mercedes modèle F015

Mercedes modèle F015 « luxury in motion » : extérieur

Chevrolet a aussi dévoilé son concept du futur de l’automobile : la Chevrolet FNR.

La Chevrolet FNR

La Chevrolet FNR

La Chevrolet FNR

Ces deux modèles sont très représentatifs de la vision de l’avenir de l’automobile par les grands constructeurs : ils en sont sûrs, la voiture de demain se pilotera toute seule.

Renault, Peugeot et Citroën travaillent eux aussi sur le concept et promettent des voitures autonomes pour bientôt. La vidéo suivante est une démonstration d’un des véhicules autonomes de Citroën encore en phase de test.

Voiture autonome : vers une conduite automatisée

Principes fondateurs

Le revers de la médaille

Le revers de la médaille

Malheureusement tout n’est pas si rose, en effet, une telle innovation soulève de nombreuses questions. Qu’adviendra-t-il de toutes ces personnes dont le travail est de conduire un véhicule ? Il nous faut aussi réfléchir sur l’éthique et la morale que ces voitures auront. En effet, celles-ci pourraient se retrouver dans une situation où il faut faire un choix entre deux maux. Pour mieux comprendre, voici une animation qui représente une telle situation :

Si la voiture continue tout droit, elle risque de blesser voir tuer le passager de la voiture, si elle va à gauche elle tuera probablement la personne qui se trouve sur la route. Quel va être le choix de la voiture ? Et s’il faut choisir entre un enfant ou deux personnes plus âgées ? On en viendrait à devoir programmer un code éthique qui ne pourrait qu’être controversé. Celui-ci apprenant à la voiture qu’il est tolérable de tuer une personne pour en sauver une autre. Et qu’adviendrait-il si un enfant était en déguisement d’Halloween ? La voiture le reconnaîtrait-il en tant qu’enfant ? Il s’agit ici d’un débat houleux qui agite les sphères qui entourent cette avancée technologique depuis le début.

En plus de cela, découle aussi une autre question de sécurité. Est-ce que le logiciel de la voiture sera assez sécurisé ? On peut en effet imaginer une nouvelle forme de kidnapping ou des hackers prendraient le contrôle de votre véhicule pour vous amener où bon leur semble.