Certes de telles publicités ne sont pas encore à l’ordre du jour, mais pour certains scientifiques cela ne saurait tarder. Cyborg, jeunesse éternelle et fin de toutes les maladies : seront-ce les prochaines étapes de l’évolution ? Les transhumanistes en sont certains, l’homo sapiens est bientôt fini. L’homme augmenté artificiellement sera son successeur et se faisant l’Homo sapiens deviendra la première espèce à prendre contrôle sur son évolution.
Dans ce dossier, nous mettrons à part le caractère éthique et moral d’une telle hybridation de notre humanité et allons davantage nous concentrer sur la réalité d’une telle évolution.
Le mouvement transhumaniste est à la fois culturel et intellectuel. Il prône une utilisation des sciences et de la technologie sur l’humain. Le but est clair : améliorer celui-ci physiquement, mais aussi influencer sa longévité.
Le transhumanisme a pour but la création d’un « posthumain » débarrassé de toutes les maladies du monde, y compris la vieillesse qui, selon ce mouvement, est une maladie comme les autres.
Les augmentations technologiques sur l’homme amèneraient un changement drastique dans la médecine actuelle. On passerait d’une science thérapeutique (qui se contente de soigner) à un modèle augmentatif (l’humain devient plus fort, plus rapide, plus endurant grâce à la médecine).
L’homme qui ne mourra jamais est-il déjà né ?
La parenté du mouvement est généralement accordée au biologiste Julian Huxley en 1957. Julian est le frère d’Aldous Huxley, écrivain du célèbre roman « Le Meilleur des mondes ».
Bien qu’il soit un des premiers à définir l’idéologie, ce n’est pourtant que dans les années 80 que les premiers transhumanistes se reconnaissant comme tels font leur apparition. Il s’agit d’un groupe de chercheurs qui se rencontrent à Los Angeles.
Bien que le transhumanisme se veuille positif, il remet sur le devant de la scène l’idéologie de l’eugénisme, mise au placard après ses applications désastreuses durant la Seconde Guerre mondiale.
L’eugénisme fut créé par le cousin de Charles Darwin, Francis Galton, en 1870.
Il y a deux types d’eugénisme. Le premier, dit « Positif », veut encourager la reproduction des individus considérés comme ayant plus de valeur. Le second, « Négatif », vise à limiter la reproduction des personnes considérées inaptes.
Les deux idéologies sont proches, mais alors que l’eugénisme n’utilisait que la sélection génétique (positive ou négative) pour augmenter l’homme, le transhumanisme quant à lui entend utiliser des implants, de la nanotechnologie, des prothèses, de la biologie et beaucoup d’autres aspects des sciences modernes et futures.
Kevin Warwick est un professeur de cybernétique anglais qui, le 24 août 1998, est devenu le premier cyborg volontaire de l’Histoire. Un cyborg est un « Cybernetic organism » : homme à la fois humain et machine.
Il mérite ce titre pour s’être implanté une puce dans le bras gauche qui lui permet de contrôler la domotique de son laboratoire. Cette puce ordonnait aux lumières de s’allumer sur son passage, aux portes de s’ouvrir devant lui ainsi qu’à l’ordinateur du laboratoire de le reconnaître et lui souhaiter la bienvenue.
Quelques mois après, il franchit une autre étape historique en se faisant greffer une nouvelle puce, la « Brain Gate » liée directement à son système nerveux. Cette petite pièce restera 3 mois dans son bras.
Celle-ci lui permet de faire des choses qu’aucun humain auparavant n’avait pu vivre, notamment l’expérience d’un sixième sens. Grâce à un appareil à ultrasons sur le front lié à son système nerveux par son implant, il pouvait se rendre compte des distances au moyen de ces ondes.
Pour Warwick c’est certain, dans quelques générations, l’humain n’aura pas que 5 sens, mais une vingtaine, lui donnant une bien meilleure compréhension du monde qui l’entoure.
Depuis ses différentes expériences fin du XXe siècle, Warwick a continué ses travaux dans la robotique, mais sans plus rien s’implanter dans le corps. À ce jour, il enseigne toujours la cybernétique et en plus de ses recherches, fait des conférences sur le transhumanisme à travers le monde.
Grâce à la puce « Brain Gate », le professeur Warwick pouvait aussi contrôler une main robotique à distance.
En 250 ans, l’espérance de vie en Belgique a triplé, passant de 25 à plus de 80 ans. Actuellement, elle croît de 3 mois par an. En clair, quand on vieillit une année, l’on ne se rapproche de sa mort que de 9 mois. (…) Ce n’est que le début de la fin de la mort.
Alors que l’on vit de plus en plus longtemps, de nouvelles forces sont en marche pour améliorer encore davantage notre longévité. Les recherches sont prometteuses. Ainsi à la Mayo Clinic de Rochester aux USA, on est parvenu à augmenter de 30 % la vie des souris. Certes ce ne sont que des souris et pas des humains, mais cela indique clairement la direction dans laquelle se dirige la science. Dans une société qui ne veut pas vieillir, un remède de jeunesse éternelle a un impact économique potentiel considérable, ce qui n’échappe pas aux grands groupes industriels.
Pour envisager le futur d’un corps de cyborg, il faut examiner les avancées faites dans le domaine des prothèses. Avant de changer le corps de personnes volontaires et en pleine santé, les premiers cyborgs sont les personnes amputées ou ayant une déficience physique.
Des produits révolutionnaires comme Internet et l’intelligence artificielle sont tous deux des produits dérivés de recherches dans le domaine militaire. C’est ainsi que sans surprise, les progrès extraordinaires faits dans le domaine de la prothèse sont les conséquences directes du programme « Revolutionizing Prosthetics » lancé et financé par le département de la Défense américaine. Initiative qui, au premier abord, semble noble et désintéressée. Le but officiel étant de permettre aux soldats amputés d’avoir une prothèse effective. Néanmoins on pourrait penser que le département de la Défense américain joue un double jeu, finançant sans vraiment le faire, le prochain super-soldat.
Pour l’instant, l’armée américaine ne compte pas de super soldats cyborgs et doit se contenter de l’exosquelette « HULC » qui permet aux soldats de porter 90 kg sans aucun souci. Il n’est pas encore question d’augmentations technologiques sur le corps des soldats afin d’améliorer leurs capacités, mais serait-ce le futur des conflits armés ?
Le transhumanisme est étroitement lié à la compréhension du cerveau humain. Si celle-ci était totale, tous les fantasmes les plus fous des transhumanistes seraient possibles. Pour l’instant cette connaissance du cerveau est relative et, bien que l’on ait fait des avancées extraordinaires, on est loin de tout comprendre.
Une de ces avancées les plus spectaculaires est celle du Professeur Alim Louis Benabid, neurochirurgien au CEA de Grenoble, qui grâce à des impulsions électriques au plus profond du cerveau est parvenu à stopper les effets de tremblements dus à la maladie de Parkinson. L’intervention chirurgicale longue de 10 heures permet de stopper les symptômes, mais pas la maladie. La technologie vient ainsi en aide au patient, au sein même de son cerveau.
La volonté la plus courante chez les transhumanistes est la connexion d’un micro-processeur au cerveau afin d’augmenter la mémoire ou les capacités du cerveau, chose pour l’instant impossible. La difficulté n’est pas seulement d’insérer un mini-ordinateur dans le corps, mais que les scientifiques ne sauraient pas comment y faire accéder le cerveau. Les scientifiques ne comprenant pas encore assez les connexions nécessaires à un tel échange de données entre l’humain et la machine.
Beaucoup craignent que l’avènement du transhumanisme crée une société divisée. La technologie s’implantant, on risque une fragmentation de l’humanité entre deux espèces différentes : les augmentés et les naturels. Reste à voir si une telle cohabitation serait possible. Selon les transhumanistes, c’est certain, la sélection serait alors moins « naturelle » et davantage « intelligente ». L’Homo sapiens cesserait d’exister, laissant sa place à un humain hybride, mi-homme, mi-machine.