Un scénario catastrophe:

Le 26 avril 1986, la ville de Tchernobyl rentre dans l’Histoire. Elle sera désormais synonyme d’horreur et de destruction.

Les événements de ce vendredi soir d'avril à Tchernobyl semblent tout droit sortis d’une fiction apocalyptique et ont marqué des générations entières. Alors que Jean Cocteau disait : 

"Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière",

la rédaction de LaLibre.be vous invite à découvrir la série de films catastrophe que serait le XXe siècle si l'Histoire se déroulait comme au cinéma. Une plongée dans les terribles événements qui prirent place il y a de ça plus de trente ans à Tchernobyl.

Prologue

Nous sommes le vendredi 25 avril 1986 et c’est une très belle journée printanière pour les plus de quarante mille habitants de la ville de Prypiat en Ukraine. Ce soir, au sein de la centrale nucléaire Lénine à trois kilomètres de là, l’inimaginable va se produire.

En effet, comme bon nombre de récits catastrophes, tout commence par une expérience qui tourne mal. Ce soir-là, 176 personnes travaillent sur le réacteur numéro 4. À 1h23 du matin, ils commencent un test de sécurité. Quelques minutes après, le couvercle du réacteur, qui pèse plus de 1200 tonnes, vole dans les airs et un nuage de vapeur radioactive inonde les alentours. Un trou béant dans le bâtiment laisse s’échapper un jet de flamme de près d’un kilomètre de haut. La plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle vient d’avoir lieu.

Le meurtrier

Quelques minutes après l’explosion, les premiers pompiers arrivent sur place pour faire face au brasier colossal. Ces derniers se retrouvent sans les protections adéquates et face à un feu impossible à éteindre. Cette nuit-là, deux pompiers perdront la vie. Une trentaine d’autres décéderont dans les mois qui suivent.

Ce sont les premières des très nombreuses victimes de la catastrophe de Tchernobyl.

Pendant des heures les soldats du feu déversent des tonnes d’eau pour tenter, en vain, d’éteindre l'énorme brasier.

Dès le lendemain matin, les nuages au-dessus de la centrale sont contaminés par la colonne de radiation de près d’un kilomètre de haut.

Alors que le Kremlin ne reçoit encore que peu d’informations sur la tragédie, le nuage de particules radioactives est soufflé vers le nord par le vent. Il dérive sur plusieurs centaines de kilomètres, jusqu’à être détecté, deux jours après l’incident, en Suède.

Ci-dessous, une carte faite par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire qui représente les mouvements du nuage radioactif se déplaçant entre 0 et 10 mètres au-dessus du sol à travers l'Europe et ce du 26 avril au 9 mai 1986.

La situation dans le réacteur effondré est alors critique. Au fond de celui-ci se trouvent une masse de 1200 tonnes de magma qui continue à brûler à plusieurs milliers de degrés, projetant de la fumée radioactive dans l’atmosphère.

Toute l’Europe se retrouve à la merci des vents qui emportent ces particules. 

Le 28 avril, l’URSS se décide finalement à envoyer 80 hélicoptères depuis Moscou dans le but d’éteindre le feu et de sceller le réacteur.

L'alternative

Le ciel de Tchernobyl est alors le théâtre d’un ballet aérien incessant, les hélicoptères se relaient un par un pour permettre aux soldats se trouvant à bord de lancer des sacs de 80 kg de sable dans le réacteur.

L’idée trouvée par les autorités étant donc de colmater la brèche sous une montagne de sable (de plus de 5000 tonnes). À cela se rajouteront 40 tonnes d’acide borique qui sont larguées elles aussi par hélicoptère lors des 11 premiers jours suivant la catastrophe. Cette solution chimique a pour but de limiter la dispersion des radiations.

Une solution à court terme, car, en dessous de tout ce sable, 195 tonnes de combustible nucléaire sont toujours en train de brûler et la chaleur dégagée fait doucement fondre le sable.

Cerise sur le gâteau, les experts découvrent que les substances nucléaires en fusion pourraient bien entrer en contact avec les tonnes d’eau utilisées quelques jours auparavant par les pompiers (qui se sont accumulées en sous-sol) et provoquer une explosion équivalente à plusieurs fois celle d'Hiroshima.

Une semaine après l’incident, une évacuation massive est finalement lancée, et plus de 100 000 personnes sont évacuées.

Les héros

La situation étant alarmante, deux mesures drastiques sont alors prises. On envoie un bataillon de pompiers pour retirer l’eau se trouvant sous le réacteur et on œuvre pour colmater efficacement le réacteur. Pour ce faire, ils lâchent 2400 tonnes de plomb en deux jours sur la brèche.

Le métal entre alors en contact avec le magma, absorbe la chaleur et solidifie le tout.

Par ailleurs, une partie du plomb se vaporisera dans l’air au contact de la substance en fusion, entraînant des problèmes de santé sur toute la région. Cette intervention aérienne engendre au final, sur le long terme, la mort de plusieurs centaines de pilotes.

Leur acte de bravoure ne permet que quelques jours de répit. En effet, le magma continue à brûler et à s’enfoncer dans le sous-sol. Ce faisant, il s’approche dangereusement d’une réserve d’eau souterraine encore plus vaste que celle amenée par les premiers pompiers.

Des milliers de mineurs sont alors mobilisés afin de créer un tunnel de 150 mètres de long se terminant par une pièce de 90 mètres carrés juste en dessous du réacteur afin d'y placer un système de refroidissement. La bataille contre le magma est enfin gagnée, mais la guerre est encore loin d’être terminée.

Sur la dizaine de milliers de mineurs ayant travaillé sur ce tunnel, on estime qu’un quart d’entre eux sont morts avant l’âge de 40 ans.  

Mi-mai 1986, Mikhaïl Gorbatchev s’adresse finalement à la nation et lance une mobilisation massive.

Cette mobilisation, à terme, verra la participation d’un demi-million de personnes. Ces 100 000 soldats et 400 000 civils qui se mobilisent sont appelés liquidateurs. Ils ont une seule mission: liquider toute trace de radiation.

Ces derniers vont nettoyer chaque maison, en abattre des centaines et enfouir des tonnes de terres contaminées.

Epilogue

Finalement, huit semaines après l’explosion du réacteur 4, les liquidateurs entament les préparatifs d’une solution à long terme, permettant d’empêcher aux déchets radioactifs de se répandre davantage. C’est finalement un sarcophage d’acier et de béton qui sera construit autour du réacteur. Les travaux de construction commencent 3 mois après l’incident et se font, encore une fois, au prix de nombreuses vies. Le challenge est de taille, car la construction doit se faire dans un endroit hautement radioactif.

En 2016, une nouvelle enveloppe de confinement ayant pour but de sécuriser le site pour les cent années à venir est mise en place. Construite à partir de 2007, elle se positionne au-dessus du premier sarcophage.