Pesticides: le grand malaise

DOSSIER PESTICIDES – CHEMIN DE FER

Gilles Toussaint

Prudence ! Le dossier que vous avez sous les yeux, c'est de la nitroglycérine. Pas parce qu'il comporte des révélations explosives, mais parce que l'équipe qui l'a rédigé a été frappée par la grande méfiance, voire une certaine crainte, manifestée par la plupart de nos interlocuteurs. La période des épandanges battant son plein, “La Libre” a en effet voulu faire le point sur le dossier des pesticides agricoles.

Alors que des questions se posent avec toujours plus d'acuité sur l'impact sanitaire de ces produits, les pouvoirs publics ont trop souvent détourné les yeux, se défaussant derrière les avis rassurants des agences de santé publique (nationales ou européenne); avis très largement basés sur l'expertise des industriels. Le temps passant, des problèmes sont en effet apparus et les doutes se sont mués en sérieuses inquiétudes au sein de la population comme l'illustre le dossier du glyphosate, celui des perturbateurs endocriniens ou, plus récemment, des néonicotinoïdes.

Le sujet est complexe et le débat scientifique n'est pas pas clos. La prudence reste donc de mise. Il n'empêche, un drôle de climat s'est installé dans les campagnes et, plus largement, au sein de la société. On assiste aujourd'hui à un dialogue de sourds entre “agriculteurs empoisonneurs”, “riverains paranoïaques” et “utopistes écolos” - on caricature à peine.

Dans ce contexte, la campagne “Propulppp” de mesures de l'exposition des riverains aux pesticides qui s'est déroulée au cours de ces dernières semaines à l'initiative du gouvernement wallon est une bonne chose. Ce n'est qu'un premier pas : d'autres évaluations sont indispensables. Pour évaluer les risques encourus par les agriculteurs eux-mêmes notamment. Car un autre constat nous a frappés lors de cette enquête : celui de la volonté (ou à tout le moins du souhait) largement partagé(e) de s'affranchir au maximum de ces produits. Diverses pistes existent, elles sont crédibles et en plein développement. Encore faut-il leur permettre d'émerger.

Dans tous les cas, cette transformation ne se fera pas sans une réflexion de fond sur le modèle agricole que nous voulons, ni sans une prise de conscience par les consommateurs de leurs propres responsabilités : bien se nourrir a un prix.




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