Ce que vous ignorez sur les sept nouvelles merveilles du monde

Par Jérôme Loumaye

Intro


En 2001, la New7Wonders fondation lance un vote à une échelle internationale pour déterminer les sept nouvelles merveilles du monde. Une entreprise dantesque qui comptabilisera plus de 100 millions de votes. Six ans plus tard, une cérémonie grandiose prend place à Lisbonne. Lors de cet événement hors norme, sont annoncés les grands gagnants de ce nouveau classement. Du Mexique en passant par l’Inde, cette liste veut mettre en évidence les constructions les plus exceptionnelles réalisées par l’homme. Au contraire des sept merveilles du monde antique, chacun de ces bijoux architecturaux peut encore être visité et existe toujours.

Cette semaine dans le cadre de notre rendez-vous dominical « Il était une fois », La Libre.be vous propose de découvrir l’histoire de ces monuments, mais aussi de voyager, le temps d’un article, à travers le monde et ses merveilles.


Il existe peu de statues aussi facilement reconnaissables que le Christ Rédempteur. L’édifice d’une quarantaine de mètres de haut surplombe la ville de Rio depuis le mont Corcovado, qui culmine à plus de 700 mètres. La sculpture est un des symboles les plus imposants du Christianisme en Amérique du Sud et une destination phare qui attire plus d’un demi-million de visiteurs chaque année. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2007, c’est l'attraction la plus récente de la liste des sept nouvelles merveilles du monde, avec une construction qui débute en 1922 et mettra neuf ans à être terminée.



Paternité contestée

Tout comme le personnage qu’elle représente, la paternité de l’édifice est contestée par certaines personnes. C’est Heitor da Silva Costa qui est lauréat du concours organisé pour son édification, mais son projet n’est pas abouti et il doit s’entourer d’autres personnes qui métamorphoseront son idée originelle. Alors certes, il s’agit toujours d’une statue représentant le Christ, mais da Silva Costa, dans sa vision originelle, voyait un Christ avec un globe et une croix dans les mains. On doit le design actuel épuré à l’artiste Carlos Oswald. Pour ce qui est de la conception, c’est un artiste français, Paul Landowski, qui réalisera les moules de taille réelle dans lesquels sera par après coulé le béton qui servira à la construction de la statue.



Alors que celle-ci est composée de béton, elle est recouverte d’un matériau un peu particulier : la stéatite. Il s’agit d’une roche peu soumise aux variations de température, mais qui reste tendre. Disposée en mosaïque, elle épouse la forme du monument.

Chaque année la statue est touchée en moyenne 6 fois par la foudre



Sur le continent américain, au Christ Rédempteur vient s’ajouter dans cette nouvelle liste le site historique de Chichén Itzá : une ancienne cité maya qui s’étend sur plus de 300 hectares dans l’est du Mexique. Parmi les nombreux bâtiments sur cette énorme superficie, un édifice est particulièrement célèbre : la pyramide de Kukulcán, également appelée El Castillo. Cet édifice n’est certes pas la plus grande construction maya (certaines faisant presque le double de sa taille), mais ses caractéristiques architecturales particulières et son symbolisme en font un des sites les plus connus du Mexique.



Un calendrier et un escalier

Architecturalement, l’édifice est un bijou d’ingénierie lorsqu’on sait qu’il a été érigé il y a plus de mille ans. En effet, aux équinoxes et au solstice d’été, grâce à certains alignements astronomiques, la structure produit des jeux d’ombre évoquant l’ondulation du corps d’un serpent descendant le long des marches de son escalier au nord. Escalier qui compte d’ailleurs 365 marches. Un nombre pas anodin, car il représente les 365 jours du calendrier maya.



L’ancêtre mortel du basketball

En plus de la pyramide de Kukulcán, le site de Chichén Itzá possède le plus grand terrain de « jeu de balle » maya au monde avec ses 146 mètres de long sur 36 de large. Ce jeu qui consistait à faire passer une balle en caoutchouc dans des arceaux n’était pas à prendre à la rigolade. En effet, il servait principalement à résoudre des conflits politiques et sociaux avec une conséquence simple en cas de défaite : la mort (souvent par décapitation).

Arceau du terrain de jeu de balle de Chichén Itzá



La cité de Pétra, au sud de la Jordanie, est le seul site du Moyen-Orient à être parvenu à rentrer dans le club très fermé des sept nouvelles merveilles du monde. Créée vers la fin du 8e siècle avant Jésus-Christ, elle tombe dans l’oubli pendant près de cinq siècles. La « cité perdue » de Pétra est redécouverte en 1812 par un explorateur d’origine suisse : Jean Louis Burckhardt. Une ville magnifique est dévoilée au public, atteignable uniquement en empruntant un canyon étroit sur une distance de plus d’un kilomètre.



Depuis 1985 dans le patrimoine mondial de l’UNESCO, cette ville taillée dans la pierre tient d’ailleurs son nom du grec « petros » qui signifie « pierre ». Visiter Pétra, c’est surtout visiter ses plus de 600 tombeaux creusés dans la roche.



Ville ou Nécropole ?

Pétra à son apogée abrite jusqu’à 25 000 habitants. Cela, les archéologues vont mettre longtemps à le découvrir. En effet, celle-ci ne s’étant pas établie comme une cité antique ordinaire, il n’y avait pas de centre unique, mais plusieurs, et pas de grandes rues, mais des petites ruelles. Des vestiges inhabituels qui déroutent pendant longtemps les historiens. Toutes ces traces sont celles d’une ethnie : les Nabatéens. Peuple marchand de l’Antiquité, celui-ci voit sa culture disparaître aux alentours du premier siècle après Jésus-Christ.

Indiana Jones et la cité de Pétra

Le plus grand des explorateurs hollywoodiens passera brièvement par la cité de Pétra lors du troisième volet de la saga de Steven Spielberg. Toute la séquence finale d’Indiana Jones et la dernière croisade se déroule entre les murs de cette nouvelle merveille du monde.







L’amphithéâtre le plus grand de Rome est le seul édifice européen à être rentré dans la liste des sept nouvelles merveilles du monde. Sa construction commence entre 70 et 72 après Jésus-Christ, et s’achève en 80 sous l’empereur Titus, faisant de cet amphithéâtre un des joyaux de l’Empire romain et un des symboles de l’Antiquité. À son apogée il pouvait contenir plus de 50 000 spectateurs. A titre de comparaison le Sportpaleis d’Anvers peut aujourd’hui accueillir jusqu’à 18 400 personnes.

Des bateaux dans le Colisée



Selon certains écrits antiques, se seraient déroulées au sein même de l’édifice romain des reconstitutions de combats navals. Mais ce n’est pas tout : les jeux inauguraux offerts par l’empereur Titus auraient aussi vu dans l’arène des courses de taureaux et de chevaux spécialement entraînés pour la nage. La véracité de tels événements fait débat entre les historiens depuis longtemps, non pas que l’approvisionnement en eau soit un problème, mais davantage par rapport à l’étanchéité qu’il aurait fallu donner à l’édifice et qui semble techniquement compliquée à atteindre.

Le Colisée en chiffres







Mille fois plus longue que n’importe quel édifice jamais construit par l’homme, la grande muraille de Chine est un incontournable de la liste des nouvelles merveilles du monde. Sa construction fut enclenchée avant la naissance de Jésus-Christ et était toujours en cours lorsque Christophe Colomb naviguait vers les Amériques. Une construction fastidieuse donc, mais aussi au bilan humain lourd. En effet, elle est aussi appelée « le plus long des cimetières » car, selon les historiens, plus d’un million de personnes auraient perdu la vie afin de parvenir à l’ériger.

La dynastie des Ming

Dans la création de cet édifice de plus de deux mille ans, la dynastie des Ming a pris une part majeure. Sur les 21 196,18 km historiques sur lesquels s’étendait la muraille, plus d’un tiers fut érigé durant le règne des Ming (1318-1644). Les parties de la muraille les plus célèbres sont d’ailleurs de leur réalisation. Il faut savoir qu’une grande section du mur, encore aujourd’hui, n’est pas constituée de tours et de pierres, mais d’argile.

Section en argile de la grande muraille


Allo Houston ? Ici la grande muraille !



La muraille s’étend aujourd’hui sur près de 10 000 kilomètres à travers presque la moitié du pays.

Pourtant, contrairement à la croyance populaire, il n’est pas possible de voir la grande muraille à l’œil nu depuis l’espace.


Le mausolée célébrissime qu’est le Taj Mahal est lui aussi dans la liste des sept nouvelles merveilles du monde. L’édifice indien, dont le nom persan signifie « le palais de la couronne », prit près de 20 ans à être terminé, pour un coût qui reviendrait aujourd’hui à un milliard d’euros.

Amour et mausolée

Le Taj Mahal est une des plus imposantes preuves d’amour que l’histoire n’a jamais connues. Celui-ci fut construit par l’empereur moghol Shâh Jahân afin de servir de mausolée pour sa défunte femme, Mumtaz Mahal. Elle est la troisième épouse de l’empereur et décède en donnant naissance à son quatorzième enfant. Un décès qui, selon la légende, touchera grandement le souverain et fit que la barbe de celui-ci devint grise en l’espace de quelques mois.



Géométrie presque parfaite

Le Taj Mahal est une des structures les plus symétriques au monde. Les quatre côtés du bâtiment sont ainsi totalement identiques. Les quatre minarets sont eux tous penchés légèrement vers l’extérieur pour éviter qu’ils ne tombent sur l’édifice en cas d’effondrement. Complètement symétrique donc, sauf pour les deux tombes à l’intérieur du Mausolée. Patriarchie oblige, celle de l’empereur se devait d’être plus imposante que celle de l’impératrice.


La dernière des trois merveilles situées sur le continent américain est le Machu Picchu, vestige de la civilisation inca au Pérou. Découverte en 1911, il s’agit d’un des grands mystères de l’Histoire. En effet, personne ne sait avec certitude le motif ayant amené cette cité de plus de 150 bâtiments à être érigée dans un endroit aussi difficile d’accès. Par ailleurs, c’est cette situation géographique hors norme qui lui a permis de survivre aux conquêtes espagnoles. Ce faisant, le Machu Picchu est un des sites archéologiques incas les mieux préservés.

Entre le jeune et le vieux


À 2 438 mètres d’altitude, les ruines sont à cheval sur une crête entre deux sommets. Le Huayna Picchu est le Machu Picchu, signifiant respectivement « jeune montagne » et « vieille montagne ». Les photographies les plus connues sont prises depuis le Huayna Picchu. Ces ruines datant probablement du 15e siècle sont l’objet de nombreuses légendes. Elles seraient ainsi les vestiges d’une cite inca perdue. Pourtant les historiens semblent désormais s’accorder qu’elle fut davantage désertée, car son intérêt géographique ne se faisait plus sentir par la population.

Découverte polémique

Le site historique du Machu Picchu, connu jusqu’alors que localement, fut dévoilé au public en 1911 par un professeur de l’université de Yale, Hiram Bingham, dans son livre « la cité perdue des Incas ». Après cette découverte, près de 35 000 fragments de poteries et autres artefacts archéologiques sont envoyés pour étude dans l’université américaine. Un transfert qui devait être temporaire. Pourtant, ce n’est que 100 ans plus tard, en 2010, que Yale, sous la menace de poursuites judiciaires, accepte de restituer les objets.






En plus des sept nouvelles merveilles du monde, la pyramide de Gizeh, seule rescapée du premier classement, a droit au statut particulier de merveille honoraire et est donc la 8ème entrée dans ce classement. L’ancienne liste contenait aussi les jardins suspendus de Babylone, la statue de Zeus d’Olympie, le temple d’Artémis, le Mausolée d’Halicarnasse, le colosse de Rhodes et le Phare d’Alexandrie.

Les sept sites retenus ne font pourtant pas l’unanimité. En effet selon les détracteurs, malgré les 100 millions de votes, cette liste ne représente que l’avis des personnes ayant accès à internet, et non celle du monde dans son ensemble. Elle n’est d’ailleurs en aucun cas liée à l’UNESCO comme certains pourraient le penser. Le système de votes de cette nouvelle liste était simple et dépourvu de toute démarche scientifique, car il était possible de voter par internet et par message texte, et ce plusieurs fois. Ce fut alors très vite exploité par certains gouvernements afin de bénéficier d’une publicité bénéfique pour les lieux touristiques.

Le Brésil en est un bon exemple : le vote par téléphone mobile fut rendu gratuit ce qui permit au pays d’enregistrer près de 10 millions de votes nationaux. Ce fut encore plus frappant en Jordanie, où un programme similaire permit l’enregistrement de 14 millions de votes au sein du pays, alors que la population jordanienne était de 7 millions de personnes à l’époque.




Les sept nouvelles merveilles du monde par La Libre




Journaliste





Jérôme
Loumaye