Portrait de Johan Van Steen

Johan Van Steen

58 ans

Employé

Belge

Johan Van Steen, un expert juridique et un artiste très inspiré

Johan Van Steen, 58 ans, prenait quotidiennement le métro pour se rendre à son travail. Conseiller général au SPF Mobilité et Transports, le hasard l’a mis, ce mardi 22 mars, dans le wagon de métro qu’a choisi le terroriste pour se faire exploser à Maelbeek. Il est décédé suite à l’onde de choc. "Un grand réconfort, c’est de savoir qu’il était en chemin pour remplir une fonction qu’il appréciait particulièrement, explique son père, Godfried Van Steen. Il considérait sa tâche comme un service à la société."

Le Directeur général du SPF Mobilité et Transports a d’ailleurs tenu à souligner ses diverses contributions, tant au niveau national qu’international. Cet expert juridique a notamment joué un rôle dans l’application de la loi de 2013 autorisant la présence de gardes armés sur les bateaux battant pavillon belge, afin de prévenir tout acte de piraterie.

Johan était l’aîné de quatre garçons. Il était aussi le plus âgé de sa génération dans la famille. C’est sans doute ce qui explique qu’il avait un grand sens des responsabilités. Sans compter une bonne dose de générosité. "Quand sa maman est décédée en 1991, il a proposé de s’occuper de moi. J’étais d’avis qu’il ferait mieux de continuer à construire sa propre vie", se rappelle son père. Au moindre souci, il volait également au secours de ses jeunes neveux et nièces.

Originaire d’Opdorp, en Flandre, Johan vivait avec sa compagne Kristin à Beersel, au sud de Bruxelles. "C’était son grand amour", sourit Godfried. Ils ont choisi de ne pas se marier par convictions. "Nous entendions vivre notre relation de la façon la plus authentique possible", explique Kristin. A l’automne passé, le couple a cependant fêté ses 30 ans de vie commune, entouré de sa famille et de ses amis. "Cela nous a encore rapprochés", se réjouit-elle.

Touche-à-tout, Johan écrivait de la poésie, jouait du saxophone, jardinait, cuisinait, pratiquait le yoga… Ces derniers temps, il portait beaucoup d’intérêt à l’art de la photographie. "Mais, quand il s’adonnait à un hobby, il ne se contentait pas de lire deux ou trois livres sur le sujet, il se lançait dans la pratique", précise Kristin. Ainsi, il avait suivi une formation professionnelle, "jusqu’à capter l’essence des choses", avance sa compagne. On peut voir ses clichés sur son blog. Jusqu’au 1er juin, il y a aussi une exposition de ses œuvres dans les locaux du SPF Mobilité et Transports, à Bruxelles. Pour sa compagne Kristin, c’est l’occasion de diffuser un message d’amour et d’espoir.

Elle s’attarde devant un cliché qui conserve les derniers rayons du soleil se reflétant sur l’Yser, alors que les alentours sont déjà plongés dans le noir. Kristin se souvient que Johan en était fier : "Il y a l’avant-plan et l’arrière-plan, il y a la lueur et les ténèbres." Les deux côtés de la vie que Johan s’employait à dévoiler. Dans les moments de deuil, "seul l’amour permet de passer de l’obscurité à la lumière, conclut Kristin. La colère et la peur peuvent émerger, nous sommes humains. Pourtant, quand nous arrivons à nous en détacher, nous retrouvons ce qui nous lie les uns les autres, l’amour."

Baptiste Erpicum


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