La traduction instantanée

La technologie contre la malédiction de Babel

Imaginez un monde dans lequel chacun est capable de comprendre son voisin, où la barrière de la langue n’est plus qu’un lointain souvenir. Un monde dans lequel l’apprentissage des langues étrangères relève du loisir plus que d’une nécessité, et ce, grâce uniquement aux avancées technologiques. De la science-fiction ? Pas totalement ! La traduction quasi-instantanée est déjà une réalité.

De la pierre de Rosette à l’oreillette qui traduit en temps réel une autre langue, l’humanité a fait des avancées hors du commun en matière de traduction. Intelligence artificielle et traduction neuronale : LaLibre.be vous invite à plonger dans le monde de la traduction de demain.

Le futur déjà dans la poche

Une fonctionnalité méconnue

Avant de plonger dans ce que nous réserve le futur, il existe une fonctionnalité déjà accessible mais trop peu connue.

Le 16 mai 2014, Google fait l’acquisition de la société World Lens qui, depuis 2010, propose la traduction de textes en réalité augmentée. L’application est alors fusionnée avec celle de Google Traduction. Cette fonctionnalité plutôt pratique permet donc de traduire relativement fidèlement les panneaux et autres inscriptions. Pour l’utiliser, rien de plus simple, il suffit d’appuyer sur le logo en forme d’appareil photo au sein de l’application de Google.

Une discussion multilingue

Alors que l’utilisation de logiciels de traduction en ligne est devenue totalement ordinaire, le 4 octobre dernier, un produit pas comme les autres destiné au grand public a été annoncé. Ce dernier augure une révolution dans l’utilisation des services de traduction et voit le jour au sein de la très célèbre entreprise Google. Le géant de l’informatique a ainsi dévoilé ses nouveaux écouteurs : les Pixel Buds

Qu’est-ce qui démarque ces écouteurs de la concurrence ? Leur capacité à permettre la traduction d’une quarantaine de langues, rendant ainsi possible la discussion avec des personnes ne parlant pas le même langage, et ce, de manière quasi-instantanée.

Une démonstration impressionnante même si l’on est loin du niveau technologique suffisant pour tenir une discussion fluide. Pour être utilisés, les Pixel Buds de Google nécessitent donc les écouteurs, mais aussi un téléphone avec l’application Google Traduction.

Les oreillettes se basent donc sur un logiciel fort des 11 années d’existence du service de Google qui, au fil du temps, s'est fortement amélioré. Par ailleurs Google n'est pas le seul acteur majeur dans la traduction en ligne. DeepL, nouveau venu dans la cour des grands, affirme être jusqu'à trois fois plus performant que le service proposé par Google. La différence qualitative est compliquée à quantifier mais, après quelques tests, l'affirmation semble se justifier.

Par ailleurs ces plateformes sont en perpétuelles mutations, ce qui rend le classement assez éphémère. La plus importante transformation de la plateforme de Google a pris place en 2016 avec une véritable révolution au sein de son algorithme: l’apparition de la traduction automatique neuronale.

La traduction neuronale?
C'est-à-dire?

La traduction neuronale se base grossièrement sur le schéma de fonctionnement d’un vrai réseau de neurones biologiques. Ce "cerveau" digital permet une approche plus globale et fidèle de la traduction d'un texte.

Avant l'arrivée de cette méthode, les logiciels fonctionnaient en se basant sur l’analyse de petits fragments de chaque phrase (par mot ou par expression) alors qu’avec la traduction neuronale, l’approche est tout autre. En effet, afin d’optimiser son exactitude, l’algorithme neuronal se concentre sur chaque phrase comme un bloc uni à traduire. Cette approche permet une très nette différence qualitative dans la traduction. Un mélange d’apprentissage continu et d’intelligence artificielle permet à l’outil de passer en revue chaque mot de la phrase. Il détermine ensuite l’importance de chacun d’entre eux et les réorganise afin de créer une phrase correcte dans la langue voulue.

Pourtant, même si l’arrivée du géant Google avec Pixel Buds est historique, ce n’est pas le premier produit qui offre un tel service.

Avec plus de quatre millions de dollars récoltés durant sa campagne de financement participatif, le projet Pilot (1) de Waverly Labs concerne lui aussi des oreillettes connectées. Ce projet se base sur le même principe que les Pixel Buds de Google et devrait être commercialisé d’ici la fin de l’automne.

Le boîtier ili (2) est une autre alternative au produit de Google. Conçu par l’entreprise japonaise Logbar, il permet avec la pression d’un seul bouton de traduire des phrases courtes d’une langue à une autre. Un concentré de technologie fonctionnant hors connexion mais qui a ses limites. L’appareil ne rend possible la traduction que dans un sens (du français au japonais par exemple) et permet donc uniquement de se faire comprendre par autrui.

Et après?

Le but ultime du développement technologique dans le milieu de la traduction est très certainement de se débarrasser complètement de tout appareil externe ou d’intermédiaires afin d’avoir une véritable compréhension et traduction instantanée. Ce qui rend l’utilisation de cette technologie encore assez pénible est l'absence de spontanéité du processus. Les experts s’accordent sur la diminution progressive de la taille des interfaces technologiques jusqu’à disparition ainsi qu’une instantanéité et une précision toujours plus grande.

Le reste des prédictions sont à laisser aux auteurs de science-fiction comme Douglas Adams et son célèbre poisson Babel.