Voici à quoi ressemblera la maison du futur

Le salon Consumer Electronic Show de Las Vegas qui fait la part belle aux technologies s’ouvre ce mardi, l’occasion de faire le point sur les avancées en matière de domotique et de maison intelligente.

Il est 23h. Vous vous mettez au lit. Les capteurs présents sur le matelas adaptent sa température pour que vous puissiez vous endormir dans les meilleures conditions. Le lendemain, vous commencez le travail à 8h. La maison le sait en regardant votre planning et vous réveille doucement à l’aide d’une musique à 6h30. Elle vous laisse 15 minutes pour vous réveiller tranquillement avant d’ouvrir les volets. Vous quittez la chambre pour rejoindre la salle de bain, les lumières s’éteignent et s’allument à votre passage. Après avoir pris votre douche (ça, il faudra encore le faire vous-même), des serviettes chaudes vous attendent, le porte-serviette chauffant s'étant allumé à votre réveil. Vous vous habillez puis vous regardez dans le miroir. Celui-ci, muni de caméras, analyse le grain de votre peau et vous propose un maquillage adapté avec les produits que vous possédez déjà.

Lorsque vous descendez à la cuisine, un bon café vous attend et une voix artificielle vous tient au courant du trafic vers votre boulot afin que vous sachiez à quelle heure vous devez partir. Puisque vous êtes maintenant sorti, le chauffage se coupe, toutes les lumières s’éteignent et les volets s’ouvrent. S’il y a trop de vent, ils se refermeront. Lorsque vous rentrerez du travail, votre maison sera de nouveau à la température idéale, vous proposera des recettes de cuisine avec les produits présents dans votre frigo et des programmes à visionner à la télévision basés sur vos préférences.

Et tout cela n’est qu’une infime partie du potentiel offert par les maisons connectées...

La domotique vient du latin “domus” qui signifie “maison”. Il s’agit, selon le Larousse, de “l’ensemble des techniques visant à intégrer à l’habitat tous les automatismes en matière de sécurité, de gestion de l’énergie, de communication, etc.”

Contrairement à ce que l’on peut penser, la “maison connectée” ne date pas d’hier. En effet, les premières habitations intelligentes ont fait leur apparition dans les années 70-80. Pierre Sarda, précurseur dans ce domaine, présentait déjà en 1974 la maison du futur, appelée alors “la maison de l’an 2000”. Cette maison, il l’occupait déjà, à Bruxelles.

Porte de garage qui s’ouvre à l’arrivée de la voiture, jets d’eau pour la laver en cas de besoin, rideau infrarouge pour la sécher; autant de technologies qui faisaient partie de son quotidien. En appuyant sur un bouton depuis son lit, l’ingénieur français pouvait se faire couler un bain réglé à la bonne température et se préparer un café. Tout cela était rendu possible par un ordinateur “pas plus grand qu’une valise”.

“La technique consiste à connaître son environnement et à le commander. Le connaître grâce à un certain nombre de détecteurs, de renifleurs d’environnement comme des thermomètres, des hydromètres, des radars. Grâce à cela, nous pouvons, à l’intérieur d’un ordinateur, connecter l’ensemble des informations participant au bien-être d’un individu et les traiter pour que celui-ci obtienne la meilleure qualité de vie possible”, expliquait Pierre Sarda. Celui qui a longuement travaillé sur le programme Apollo aux Etats-Unis énonçait à l’époque en des termes simples les principes sur lesquels les ingénieurs du monde entier s'appuient encore et toujours pour créer et perfectionner les appareils de domotique.

Vous l’avez compris, ce n’est pas réellement la maison qui est “intelligente” mais plutôt l’ensemble des appareils électroniques qui transforment les signaux reçus en actions concrètes. Si l’ensemble fonctionne mal ou est mal programmé, la maison n’aura d’intelligente que le nom. Voici les éléments essentiels à toute installation domotique.

Les capteurs

Ils sont chargés de récolter des données sur l’environnement à l’intérieur voire à l’extérieur de la maison. Ils peuvent prendre la forme de détecteurs de mouvements, de fumée, de chaleur, de lumière, etc. Ces capteurs convertissent les données récoltées en signaux qui seront envoyés vers le coeur de l’installation domotique.

Le réseau

Les capteurs envoient les informations récoltées vers la centrale domotique en utilisant des câbles, des ondes radio ou infrarouges (sans fil) ou du courant porteur. C’est de cette manière que tous les éléments peuvent communiquer entre eux et interagir.

La centrale domotique

C’est le coeur ou le cerveau du réseau. C’est cette centrale qui traite les informations reçues et envoie des ordres aux autres appareils via des programmes élaborés. Elle est entièrement configurable par l’individu qui peut créer différents scénarios comme “travail” ou “vacances”.

Une interface

Elle peut se présenter sous la forme d’une télécommande mais, de plus en plus souvent, l’interface est le smartphone (via des applications) ou une enceinte connectée. L’utilisateur peut donc donner ses ordres oralement ou en appuyant sur un bouton. Il peut également le faire directement sur internet à travers un programme spécialisé.

Les appareils domotiques

Bien entendu, il ne sera pas possible d’ordonner à n’importe quelle télé de s’allumer dès qu’on rentre du travail. C’est pour cela qu’il faut acheter des appareils connectés compatibles avec cette nouvelle technologie.

De nombreuses se mettent à la domotique : les géants des nouvelles technologies comme Apple (HomeKit), Google (Google Home), Amazon (Amazon Alexa), Microsoft ; les fabricants d’électroménagers tels que Philips, LG, Samsung ; les fabricants de composants électriques comme Intel et IBM et même les fournisseurs d’énergie. Les multinationales comme les start-ups comptent bien profiter de ce marché juteux.

Etant donné que les grands principes ont déjà été inventés ces dernières années, les nouveautés se résumeront vraisemblablement à l’amélioration de ce qui existe déjà.

Les commandes vocales

Le HomeKit d’Apple basé sur Siri, le Google Home et son Assistant, Amazon Echo avec Alexa et, bientôt, Microsoft avec Cortana ; selon plusieurs experts interrogés par l’AFP, 2018 sera plus que jamais l’année de l’intelligence artificielle. Et celle-ci compte bien s’inviter dans nos maisons ! Comment? Au travers des enceintes connectées à commande vocale aussi appelées “assistants personnels intelligents”.

Ces objets dernier cri présentés sous la forme d’un cylindre design renferment des micros capables d’entendre les requêtes des utilisateurs. Ceux-ci peuvent activer leur gadget à l’aide de formules bien précises. Pour l’instant, les assistants sont capables de faire les mêmes recherches que les smartphones si ce n’est qu’ils peuvent en plus s’intégrer dans la maison à condition d’avoir les appareils compatibles. Par exemple, on peut donner l’ordre oralement (en anglais pour Amazon, en français pour Google) d’allumer une lampe en particulier, de changer la couleur de l’ampoule, de lancer une vidéo sur un poste de télévision, d’ajouter un objet à sa liste de course, de commander une pizza, etc. Etant donné qu’il s’agit avant tout d’enceintes, il est bien entendu également possible d’écouter de la musique avec une qualité de son supérieure.

Si, pour l’instant, les assistants personnels rencontrent encore quelques bugs (questions mal formulées, termes non reconnus ou non gestion des bafouillements), il est certain qu’ils seront de plus en plus perfectionnés. Dans le futur, ces appareils pourront sans doute répondre aux requêtes complexes et ce, même s’ils n’ont pas été programmés pour le faire. Grâce à l’intelligence artificielle, l’appareil sera en effet capable d’apprendre tout seul à exécuter certaines tâches.

Des objets de plus en plus perfectionnés…

Quand on sait que le Samsung Family Hub Refrigerator est déjà capable de prendre des photos de ce qu’il contient, on peut affirmer que, dans le futur, le frigo pourra dresser tout seul un inventaire des aliments qu’il renferme, avec les dates de péremption, afin d’éviter au maximum le gaspillage. Il ne faudra plus non plus chercher de recette spécifique pour utiliser vos produits puisque votre assistant connecté pourra vous en trouver une et vous la dicter, ou alors l’afficher directement sur votre taque de cuisson qui servira également d’écran.

Chalmers Brown, fondateur de Due, explique dans Forbes qu’il est convaincu que “les objets connectés seront un jour capables de prévenir un réparateur en cas de problèmes ou de faire l’entretien. Ils seront également capables de commander eux-mêmes les pièces dont ils ont besoin pour être réparés.”

… et imbriqués

A terme, tous les objets pourront devenir “connectés”, même ceux auxquels on ne pense pas forcément. Et étant donné qu’ils fonctionnent tous en réseaux, ils pourront s’échanger de précieuses informations. Votre matelas pourra détecter combien d’heures vous avez dormi cette nuit et demander aux hauts-parleurs de mettre une musique plus douce qu’à l’accoutumée pour vous réveiller. Il pourra également demander à la machine à café de vous préparer un breuvage plus corsé que d’habitude. Et ce, sans que vous ne leviez le petit doigt.

Gain de confort et de temps

C’est la raison d’être de la domotique qui souhaite que ses adeptes profitent d’une expérience de bien-être incomparable. Si certains trouvent la domotique “gadget”, ses partisans répondront qu’elle peut réellement améliorer le quotidien. Pus on multiplie les objets connectés, plus on gagnera du temps. Et dans notre société où tout doit toujours aller très vite, le temps est l'une des denrées les plus précieuses qui soient.

Gain d’énergie et d’argent

Il ne vous est jamais arrivé de partir travailler en oubliant d’éteindre les lumières? Eh bien, avec une installation domotique, ce genre de problèmes n’arrivera plus. De même, si vous sortez d’un pièce “seulement pour quelques minutes” et que vous finissez par vous absenter plus d’une heure, plus aucune perte d’énergie puisque la maison l’aura détecté et aura mis vos appareils électriques connectés en veille. Qui dit gain d’énergie (électricité, gaz ou eau) dit forcément gain d’argent.

Aide aux personnes handicapées

Cette technologie peut, dans certains cas, être une véritable délivrance pour les personnes âgées ou souffrant d’un handicap. En effet, il existe de nombreuses situations où il sera compliqué pour quelqu’un de fermer ses volets (plus assez de force, douleur dans les bras, membres en moins). Dans ces cas-là, une installation domotique peut changer la vie.

Sécurité

Si quelqu’un tente de s’infiltrer dans votre maison, un détecteur de mouvement pourra aussitôt vous prévenir. Grâce à votre interface, vous pourrez alors allumer la lumière chez vous (même si vous n’y êtes pas) pour faire croire à une présence. Il y a fort à parier que le cambrioleur prenne peur et renonce à son larcin.

Des détecteurs de fumée intelligents peuvent également vous éviter bien des ennuis. Si vous avez laissé votre fer à repasser allumé, le détecteur de fumée le remarquera et donnera l’ordre à votre appareil électrique de s’éteindre pour éviter l’incendie. Il en va de même pour les détecteurs d’inondations qui vous permettront d’agir le plus vite possible en cas de pépin.

Coût

Depuis des années, on entend dire que la maison connectée “c’est pour demain” mais dans l’imaginaire de tout un chacun ce genre d’installations coûte très cher. Or, grâce à la mise en concurrence de plusieurs entreprises dans ce domaine, les prix tendent à se démocratiser. Bien sûr, pour avoir une maison entièrement équipée, il faudra mettre le prix. Mais pour quelques centaines d’euros, il est déjà possible d’automatiser quelques éléments de sa maison, comme les volets.

En résumé, il est bien sûr très compliqué de donner une fourchette de prix étant donné que cela dépend du nombre de pièces de votre habitation, de sa configuration, du nombre d’éléments que vous souhaitez automatiser, etc. mais tout cela est bien moins inabordable qu’il y a quelques années… tout en restant inaccessible pour les personnes au budget serré.

Cybersécurité

Des spécialistes en matière de cybersécurité ont fait le point sur les menaces à craindre en 2018. Parmi ceux-ci, l’éditeur japonais Trend Micro pointe "une augmentation des failles liées aux objets connectés, de plus en plus d'appareils étant conçus sans respecter les réglementations de sécurité ni les normes industrielles. Ainsi, la connectivité accrue et l'augmentation de la surface d'attaque permettent aux cybercriminels de mieux exploiter les failles connues dans le but d'infiltrer les réseaux", prévient-il.

Beaucoup de réseaux domotiques utilisent internet pour fonctionner. Dès lors, il s’agit d’appliquer les mêmes précautions que si vous alliez sur internet via votre ordinateur.

- faire les mises à jour

- utiliser un mot de passe compliqué

- installer des antivirus ou des pare-feux

- ...

Avoir un virus sur son ordinateur peut s’avérer très embêtant, dans votre maison connectée une véritable catastrophe !

https://www.maison-et-domotique.com/
01net.com
https://www.techniques-ingenieur.fr/
https://www.objetconnecte.net/
http://www.domdomotique.com/
AFP

Photos : fotolia, reporters