La grande histoire des emojis

Les Égyptiens avaient leurs hiéroglyphes, la génération Y a ses emojis. D’une popularité exponentielle depuis le début du siècle, ces petits pictogrammes sont devenus presque indispensables pour toute une génération. Aujourd’hui, plusieurs milliards d’emojis sont envoyés chaque jour et plus de 90% de la population connectée les utilise plus ou moins fréquemment.

Des 176 grilles originelles de quelques pixels à peine, aux plus de 2000 emojis disponibles actuellement, la rédaction de LaLibre.be vous invite à vous plonger dans l’histoire de ces pictogrammes qui ont révolutionné la communication moderne.

Avant toute chose, ne pas confondre:
smiley, émoticône et emoji!

Dès le départ, il est important de faire une différence sémantique entre les émoticônes et les emojis. Toutes les émoticônes sont désormais des emojis, mais tous les emojis ne sont pas des émoticônes.

En clair, les émoticônes, fruits de la contraction des mots « émotion » et « icônes », représentent des expressions faciales. Les emojis, eux, regroupent ces émotions du visage, mais aussi d’autres symboles tels que des pêches ou encore des cœurs.

Finalement, le smiley est, lui aussi, à différencier des deux premiers. Ancêtre artistique de ces derniers, il date des années 60 !

Ces trois innovations ont donc des créateurs différents, des usages variés et sont apparues dans des périodes distinctes.

Trois styles, trois dates, trois chapitres

Chapitre 1:
Le smiley de Harvey

Bien avant de peupler nos smartphones, les petits visages jaunes et leurs sourires naissaient sous le pinceau du graphiste Harvey Ball. C’est en 1963 qu’il crée pour la compagnie « State Mutual Life Assurance of Worcester » le premier smiley.

Sa création se caractérise par une charte graphique assez précise.

N’ayant pas déposé sa création, il ne percevra que son salaire pour cette invention: 45 dollars de l'époque.

Un français et un brevet

En 1972, c’est un français qui dépose finalement le premier brevet sur le smiley: Franklin Loufrani. Il fera fortune grâce à cela. À ce jour, sa famille possède encore les droits dans près d'une centaine de pays.

Chapitre 2:
Scott Fahlman: l'icône des émoticônes

Le smiley fait son entrée dans l’ère digitale et devient émoticône grâce à Scott Fahlman et un mail d’apparence anodine le 19 septembre 1982. On pouvait y lire :

Ce faisant, il crée la première émoticône. Cette innovation se popularise et se diversifie jusqu’à subir une transformation au pays du soleil levant en 1999.

Chapitre 3:
avec Shigetaka Kurita, les emojis sont là!

Derrière le raz-de-marée des emojis qui crée une toute nouvelle manière de communiquer, un Japonais : Shigetaka Kurita. Créés en 1999, en un mois seulement, les 176 premiers emojis de l’histoire subissaient une contrainte technique majeure. En effet, les caractères sur les téléphones se dessinant, à l’époque, sur des grilles de 12 pixels de côté, les emojis ne pouvaient pas dépasser ce canevas.

Shigetaka Kurita va donc s’inspirer notamment des mangas pour représenter les différents objets et expressions.

C’est un succès fulgurant qui lui vaudra d’être exposé, en 2016, au célébrissime Musée d’Art moderne de New York : le MoMA.

Un phénomène mondial

Les emojis font maintenant partie du quotidien et sont utilisés des milliards de fois par jour. Rien que sur Twitter, l’emoji du "petit bonhomme qui pleure de rire" a été utilisé plus de 2 milliards de fois.

Il existe d’ailleurs un site internet qui recense l’activité de ces emojis sur ce réseau social, un résultat vertigineux.

Avec l’engouement pour les emojis, les utilisateurs du réseau au petit oiseau ont pu assister à des utilisations très variées de ces pictogrammes. Que ce soit quand Hillary Clinton demandait à ses abonnés de décrire la dette étudiante en trois emojis maximum ou quand Andy Murray, le joueur de tennis, racontait sa journée de mariage au moyen de ces petites images.