La Défense du futur

L'enjeu du drone dans les airs, sur terre et dans les mers

La Défense est un sujet sensible. À commencer par son nom, "Défense", qui a été adopté afin de supprimer le caractère belligérant du feu "Ministère de la Guerre".

Pourtant, une certitude: la Défense est un enjeu international majeur. Poids dans les décisions politiques, dissuasion, géopolitique, place sur la scène internationale : on ne peut pas dire que l’atout "armé" soit de second plan pour les États.

Et la Défense est en pleine mutation. Aux oubliettes, l’armée "à l’ancienne". Exit "la Défense de papa". Place aux pros. Place à la technologie. Place… au futur ? 

Abordons trois axes, trois corps d’armées, qui pourraient être révolutionnés grâce à une chose : le drone.

  • L’Armée de l’air et les drones de combats
  • L’Armée de terre et les drones portatifs
  • La Marine et les drones sous-marins

Armée de l'air

Vers une refonte en profondeur ?

Alors que la Belgique se pose la question de savoir quel appareil elle choisira pour remplacer ses F-16 vieillissants, la problématique du drone se pose de plus en plus dans le monde, et ce depuis de nombreuses années.

Réduction des "coûts" et réduction de pertes humaines en combat aérien, le drone a ses avantages. Surtout qu’il peut être piloté de loin. Très loin. A tel point que certains remettent en cause son utilisation. Tellement "simple" à utiliser qu’il banaliserait la guerre, au point de ne plus réveiller l’opinion publique du pays belligérant de la même manière que lorsqu’il y a des hommes à bord. Donc de permettre une guerre quasi "incognito"…

"LE VÉRITABLE AVANTAGE DU DRONE, C'EST DE PERMETTRE DE PROJETER DU POUVOIR, SANS PROJETER DE VULNÉRABILITÉ"
David Deptula, officier de l'US Air Force (cité dans "Théorie du drone", de Grégoire Chamayou)

Mais derrière ces considérations, prenons le temps de nous attarder sur les évolutions majeures des drones de demain.

Parmi les projets les plus symboliques – jugement complètement arbitraire, on vous le concède -, le Dassault nEUROn.

Symbolique par sa forme d’aile volante qui rappelle le bombardier le plus cher de l’histoire, le B-2 Spirit. Symbolique par sa furtivité. Symbolique par son conglomérat européen qui participe au projet et enfin symbolique par son esthétisme innovant.

Pourtant, la technologie de "l’aile volante" n’est pas si récente. Les premiers prototypes virent le jour dans les années 1940.

Le drone du futur, comme le nEUROn, doit donc répondre à de nouvelles exigences:

Maniabilité

À distance, l’aéronef doit offrir des informations en temps réel ultra-claires, des images parfaites, des informations sur l’environnement les plus complètes possible afin de le piloter sans soucis.

Furtivité

Il doit être le moins détectable possible. Fini les bombes ou missiles embarqués sur le fuselage extérieur, comme sur les premiers drones et la plupart des avions de chasse. Afin d’avoir une signature radar la plus faible possible, et de prétendre à la furtivité, l’aile volante doit embarquer son armement en soute. Ce qui implique deux autres contraintes : la place disponible, et la rapidité d’exécution de tir. L’ouverture de la soute ralentissant le "largage".

Fiabilité

L’aéronef doit pouvoir détecter des menaces présentes au sol comme dans les airs de manière fiable.

Enfin, si les drones comme le nEUROn répondront aux nouvelles exigences en termes de capacités, ceux-ci ne seront probablement pas une simple évolution de l’avion de combat. Ils devront entrer dans une nouvelle logique, dans un système repensé : le "SCAF", pour Système de combat aérien du futur. Ce système mettra donc en place des avions de combat de nouvelle génération, des drones, des avions radars, voire des mini-drones, comme ceux largués par des F-15 pour un test en 2016 (voir vidéo ci-dessous).

Un des challenges sera de connecter toutes ces technologies entre elles tout en évitant le brouillage, voire le piratage.

Armée de terre

Des yeux pour les jambes

SWNS TV

SWNS TV

Si le drone de reconnaissance, optionnellement de combat (comme le "Reaper" ou le "Predator" de General Atomics) aide déjà l’armée de terre, les drones miniatures pourront potentiellement changer la donne sur le terrain.
Déjà utilisés depuis quelques années, ceux-ci ont l’avantage de ne pas alourdir le fantassin, de multiplier potentiellement le nombre de points de vue, et d'éviter l’encombrement des drones de taille moyenne.

D’une autonomie d’une vingtaine de minutes, sa rapidité d’utilisation et sa polyvalence sont des atouts cruciaux. Surtout que l’armée a besoin de s’adapter à plusieurs types de terrains : déserts, espaces ouverts, forêts mais aussi terrains urbains et autres.
Ce type de drones peut sembler être un gadget et ne pas révolutionner la donne. D’ailleurs, il n'est utilisé que par un nombre restreint de pays, mais les combats se jouent parfois à peu de choses. Reste à voir si son utilisation se généralisera.

Vidéo: BSS Holland

Vidéo: BSS Holland

Marine

Les dieux des abysses

Si le drone volant est devenu au fil des années incontournable, ça l’est moins pour le drone sous-marin.

La composante "sous-marine" n’est déjà pas une évidence à la base, puisqu’il faut avoir un accès à la mer, un certain budget ainsi que la nécessité de disposer d’une puissance telle. On peut clairement dire que la Belgique sort presque complètement du cadre.

De plus, l’évolution à la fois moins spectaculaire et moins rapide de l’armement sous-marin rend le sujet plus discret. Plus "furtif".
Depuis la création des systèmes de propulsion anaérobie, qui ne nécessitent pas un retour à la surface régulier afin de récupérer de l’air pour faire fonctionner les "moteurs thermiques" - l’accès aux moteurs nucléaires étant très onéreux -, il n’y a plus vraiment d’avancée particulièrement frappante.

Le drone va-t-il tout changer ? Absence d’équipage, propulsion, autonomie, positionnement, contrôle de zones maritimes ? Autant de points sur lesquels les drones pourraient apporter une réelle plus-value.
La hausse des tensions dans les zones maritimes, comme en mer de Chine, ou même le regain d’activités russes en mer Baltique, poussent les pays à repenser leur Marine, voire à opter pour des drones, en coordination avec d’autres appareils. Mais pour le moment, ces derniers ont une capacité limitée : surveillance, détections de menaces, voire explosions d’engins dangereux.

Mais ils ont déjà fait parler d’eux. Fin 2016, la récupération par la Chine d’un drone sous-marin américain avait déjà mis le feu aux poudres. Et ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Sous la ligne de flottaison, qui peut savoir ce qu’il se passe réellement, à part ceux qui sont aux commandes ?

D’où l’intérêt de ne pas être à la traîne dans le domaine...