La grande Histoire de la Corée du Nord

La République populaire démocratique de Corée, nom officiel de la Corée du Nord, est l’un des pays les plus fermés du monde, mais aussi l’un des plus mystérieux. À la tête de la RPDC, la dynastie des Kim tient le pays d’une main de fer depuis trois générations. Un régime totalitaire basé sur un culte de la personnalité de ses dirigeants.

Alors que les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang voient aujourd’hui les équipes nord et sud-coréennes unies sous le même drapeau, la situation géopolitique n’est toujours pas idyllique et le retour à la Corée unifiée du début du siècle passé n'est pas pour demain. Dans le cadre du rendez-vous dominical "Il était une fois", la rédaction de LaLibre.be vous invite à découvrir les évènements qui ont causé la création du régime nord-coréen. De l’invasion japonaise aux essais nucléaires, voici la grande Histoire (2.0) de la Corée du Nord.

Sur la page Facebook de l’Histoire avec un grand « H », la date du 26 février 1876 est très importante : il s'agit du jour de la signature du traité de Ganghwa. Avec cette signature, c’est certain, le statut de la relation entre la Corée et le Japon est alors passé à :

« C’est compliqué ».

Ce traité est le premier d’une série d’autres qui mèneront la Corée à son annexion définitive en 1910. Elle restera sous le joug japonais jusqu’en 1945.

Les décennies sous l’emprise du pays du soleil levant amèneront le peuple coréen à développer un sentiment hostile face à son colonisateur. En effet, le Japon tient le pays à genoux et ne se prive pas d’exploiter ses ressources et son peuple. Les déportations, l’esclavage sexuel et la marginalisation de la culture coréenne sont quelques-unes des armes utilisées par l’empire colonial japonais.

La fin de la Seconde Guerre mondiale et la capitulation japonaise voient l’instauration d’un nouveau protectorat en Corée. Désormais, le pays sera séparé en deux au niveau du 38e parallèle. De 1945 à 1948, le nord du pays sera occupé par les Soviétiques et le sud par les Américains.

Une situation qui se voulait temporaire, mais c’était sans compter sur l’arrivée de la guerre froide entre les deux grandes puissances qui fait échouer la commission mixte chargée de trouver un accord visant à la création d’une Corée unique.

Les Soviétiques mettront à la tête du nord du pays un individu choisi par leur soin.

En 1948 ont lieu des élections parrainées par les Nations Unies qui ont pour but d’unifier les Corée, c’est un échec. En effet, le sud, et peu après le nord, se proclament comme étant des Etats indépendants.

La République populaire démocratique de Corée est née.

Actif politiquement dès son plus jeune âge, Kim Il-sung, contrairement à ce que veut faire croire la propagande mise en place par les Soviétiques, ne revient en Corée qu’en 1945. Date à laquelle le conflit est terminé et la moitié nord sous l’emprise communiste. Une fois à la tête de l’Etat nouvellement formé, il crée l’armée populaire de Corée. Deux ans plus tard, cette dernière se lance dans ce qui sera connu comme la guerre de Corée.

L'armée populaire de Corée est aujourd'hui la quatrième plus grande armée au monde.

En plus de cette armée, afin d’assurer la pérennité de son pouvoir, il met en place peu à peu un culte autour de sa personnalité. On peut ainsi souligner l’existence de plus de 35 000 statues de Kim Il-sung à travers la RPDC et encore davantage de portraits de lui.

Statue représentant Kim Il-sung de 22 mètres de haut.

Statue représentant Kim Il-sung de 22 mètres de haut.

Progressivement, Kim Il-sung remplace le socialisme soviétique par sa propre philosophie politique : le juche.

Cette dernière se base sur l’idée que le pays peut être vainqueur sans aucune aide économique ou militaire externe. Cette idéologie se trouve à la fondation même du régime actuel.

La véritable déification de celui qui est appelé maintenant Président éternel de la République en Corée du Nord n’a d’égal que la diabolisation des Américains que le régime a transmise à son peuple depuis des décennies. En voici quelques exemples :

Après la mort de son père en 1994, son aîné, Kim Jong-il, reprend le flambeau. Personnage mystérieux, le leader nord-coréen ne fera aucun discours public sur les 17 années de son règne.

Quelques années après son accession au pouvoir, il lance la politique de Songun. Introduite en 1998, cette dernière donne priorité à la militarisation accélérée de l'Etat. Afin d’y arriver, le régime utilise des techniques de propagande visant à conditionner la population à se sacrifier pour maximiser les forces armées du pays.

La politique de Songun ne fera qu’amplifier la forte menace militaire qui s’installera alors peu à peu en Europe et à travers le monde.

Photo de Kim Jong-il - le 17 avril 1992

Photo de Kim Jong-il - le 17 avril 1992

Cette escalade militaire a pour conséquence de relayer au second plan les conditions de vie catastrophiques des Nord-Coréens ainsi que les abus graves aux droits de l’Homme dans le pays.

L’absence de liberté individuelle, de liberté d’expression, ou encore la présence de goulags complètent un tableau bien sombre.

Un pays sombre dans tous les sens du terme d’ailleurs dû au manque énorme d'électricité.

Dernier dirigeant en date, Kim Jong-un, troisième fils de Kim Jong-il, est entré en fonction à la mort de son père en décembre 2011. D’un caractère très différent de ses prédécesseurs, l’héritier de la dynastie a une petite trentaine d’années lors de la passation de pouvoir. Il s’illustre par la suite par son goût pour les produits de luxe. Il aurait ainsi dépensé des millions d’euros de l’Etat dans l’achat de cognac, de cigarettes, de jet skis ou encore d’un yacht fait sur mesure.

Malgré certains assouplissements et une ouverture (légèrement) plus grande vers le monde, Kim Jong-un a sans aucun doute continué l’œuvre de ses prédécesseurs en exerçant son pouvoir d'une main de fer sur son peuple.

Pour la vidéo suivante, il est nécessaire de remettre un peu de contexte. Chaque année, quelques centaines de voyageurs visitent la Corée du Nord, une visite ultra-encadrée et ne laissant rien au hasard, mais qui permet de comprendre ne serait-ce qu’un peu la vie des Nord-Coréens. Voici les images ramenées de ce voyage par l'auteur de cet article :