La conquête

SPATIALE









Deux hommes, deux puissances ennemies, un seul rêve :
conquérir l’espace



Récemment, le petit robot Philae lancé par l’Agence spatiale européenne (ESA) a réussi l’incroyable exploit de se poser sur la comète Tchouri, à plus de 500 millions de kilomètres de notre planète. Alors que, pendant ce temps, l’équipage de la Station spatiale internationale (ISS), en orbite, poursuit ses expériences scientifiques et ses observations de la Terre. Autant de succès qui laissent rêveurs mais, ce qui intéresse réellement les scientifiques les plus ambitieux et qui constitue le plus grand défi spatial du XXIe siècle, c’est un voyage habité vers l’une de nos voisines: la planète Mars.
C’est d’ailleurs le principal objectif de l’Agence spatiale américaine (Nasa) qui a récemment testé la capsule Orion destinée à remplacer l’Apollo lors de nouvelles missions. D’autres entreprises privées, comme Mars One, désirent même envoyer des hommes sur la planète rouge sans leur donner la possibilité de revenir. Et ce, alors qu’il y a moins d’un siècle, l’idée même de s’aventurer dans l’espace paraissait ridicule.


C’est le travail de deux scientifiques de génie durant la Guerre Froide qui va ouvrir la voie à la conquête spatiale. Wernher Von Braun, un ancien nazi naturalisé américain, et Sergueï Korolev, un ingénieur soviétique, vont se livrer une guerre sans merci pour permettre à leurs nations respectives de devenir maître de l’espace. Leur rivalité va donner naissance aux avancées les plus extraordinaires : du premier satellite en orbite aux premiers pas sur la lune. Entrez dans l’histoire fascinante de la « course à l’espace ».

L'Espace livre ses premiers secrets



« Merci Monsieur Spoutnik. Vous ne saurez jamais tout ce que vous avez engendré. […] Vous avez infligé un sacré coup à notre fierté. Vous nous avez fait réaliser que nous ne sommes pas les plus forts dans tous les domaines. Vous nous avez fait redécouvrir l’humilité.»


- Gabriel Heatter, animateur américain de la radio MBS.



L’histoire des fusées est intimement liée à celle des missiles, et plus particulièrement à celle du V2, une arme développée par l’Allemagne nazie. Dès 1944, les troupes d’Hitler commencent à perdre du terrain sur tous les fronts. Les Allemands fidèles au Führer n’attendent qu’une chose : une invention militaire qui pourra leur faire reprendre le dessus sur leurs ennemis. Cette arme, c’est le V2, un missile capable d’atteindre une vitesse de Mach 3,5, soit presque 4 fois supérieure à celle du son. Wernher Von Braun, un scientifique ayant intégré le parti nazi pour bénéficier de subventions, est à la tête de ce projet. Dès les premiers essais, l’engouement pour cette technologie est tel que le camp de concentration de Dora sera exclusivement destiné à la fabrication de V2. Un fait dont était parfaitement conscient Von Braun qui n’a pas protesté.


Même si ces projectiles balistiques n’ont pas permis à Hitler de gagner la guerre, ils intéressent particulièrement les Etats-Unis et l’URSS. Les premiers accueillent Von Braun sur leur territoire. Les seconds, eux, parviennent à mettre la main sur les plans du V2. Il ne leur manque qu’une seule chose : un scientifique aussi brillant que Von Braun pour construire un prototype de ce missile. Les communistes vont finalement trouver l’heureux élu dans un goulag, emprisonné injustement suite aux purges staliniennes : Sergueï Korolev. Cet ingénieur soviétique va créer une version améliorée du V2 : la R7. Malheureusement, ni le V2 ni la R7 ne seront vus par leur pays respectif comme un moyen d’aller vers l’espace, mais uniquement comme une arme capable d’anéantir la partie adverse.


En pleine Guerre Froide, Von Braun et Korolev vont donc tenter de convaincre leurs supérieurs du bienfondé des voyages vers l’espace. Avec l’aide des studios Disney, Von Braun va tourner un film promotionnel à destination du grand public tandis que Korolev préfère vanter son projet au premier secrétaire du parti communiste, Nikita Khrouchtchev. Leurs efforts s’avèrent payants puisque les deux Etats finissent par annoncer publiquement leur volonté de lancer un satellite dans l’espace. Mais les Américains, convaincus que les communistes n’avaient pas les moyens de leurs ambitions, sous-estimeront leur ennemi. A tort car, après plusieurs vols ratés, Korolev réussit l’impossible. Le 4 octobre 1957, depuis Baïkonour (Kazakhstan), il met en orbite le premier satellite de l’histoire, le Spoutnik 1. Celui-ci effectuera même une transmission depuis l’espace. Un deuxième Spoutnik suivra à peine un mois plus tard avec, à son bord, la chienne Laïka, le premier être vivant à aller dans l’espace...
et à y mourir.









Ces victoires soviétiques successives font de la conquête de l’espace l’un des thèmes majeurs de la Guerre Froide, chacun essayant de montrer sa suprématie dans ce domaine. Les Américains, à la traîne, ont à cœur d’égaler leurs rivaux. L’US Navy - la marine américaine - invite donc les journalistes à ce qui doit être un jour exceptionnel : le lancement du premier satellite américain. Malheureusement, la fusée Vanguard TV3 se soulève de quelques centimètres avant d'exploser sur son pas de tir. Ce regrettable incident lui vaudra le surnom moqueur de « Flopnik ». Les échecs de la marine ont un impact direct sur Von Braun. Considéré comme le visage du programme spatial américain suite à sa collaboration avec Disney, le scientifique qui n’avait pourtant rien à voir avec ces lancements endosse le rôle du coupable.
Ses origines nazies lui seront également reprochées.









Loin de se soucier des critiques, l’Allemand, devenu citoyen du pays de l’Oncle Sam, parvient finalement à lancer le premier satellite américain avant la marine. Depuis Cap Canaveral (Floride), l’Explorer 1 est mis en orbite moins de quatre mois après celui des Soviétiques. Il sera à l’origine de la découverte de la ceinture de Van Allen, région de la magnétosphère où sont présentes des particules de haute énergie. Le lancement de ces premiers satellites a surtout rendu possible divers gestes qui nous paraissent aujourd’hui anodins: utiliser un GPS ou regarder le programme télé d’un pays situé à l’autre bout du monde. L’URSS restera en tout cas dans l’Histoire comme le premier pays à avoir lancé un satellite. Inacceptable pour les Etats-Unis qui, pour contrer les Soviétiques, vont créer la Nasa, l’agence spatiale américaine.


L’homme voyage dans l’espace



« En 43 ans de pouvoir soviétique, la Russie naguère illettrée dont certains parlaient avec mépris en la considérant comme un pays arriéré, a parcouru une route grandiose. Notre pays a maintenant créé le premier un vaisseau-satellite, il s'est élancé le premier dans le Cosmos. N'est-ce pas la manifestation la plus éclatante de la liberté authentique du peuple le plus libre du monde, du peuple soviétique ! »


- Discours de Nikita Khrouchtchev, le 14 avril 1961.



Les Etats-Unis ignorent toujours le nom du père du programme spatial russe étant donné que le KGB, les services secrets soviétiques, font l'impossible pour le garder secret. C’est donc un inconnu qui leur inflige un revers supplémentaire en lançant le Luna 1 dans l’espace. A l'époque, les Etats-Unis et l'URSS ont une nouvelle fois le même objectif : lancer une sonde vers la lune.
Malheureusement pour elles, les deux nations accumulent les échecs. Si les Soviétiques donnent l'impression de dominer les Etats-Unis, c'est en partie parce que leurs essais se font dans le plus grand secret et ne sont révélés qu'en cas de succès tandis qu'aux Etats-Unis, chaque essai est annoncé des jours à l'avance et fortement médiatisé.


En envoyant le premier objet de réalisation humaine vers la lune avant son rival, l'Union soviétique fait une nouvelle fois la Une de l'actualité. Deux jours avant la visite historique de Khrouchtchev aux Etats-Unis, l’URSS fait décoller le Luna 2 qui dépose un objet un peu particulier sur la lune : une sorte de ballon orné des armoiries soviétiques. Khrouchtchev n'hésitera pas à offrir une réplique de cet objet à Eisenhower qui tentera tant bien que mal de faire bonne figure. Maîtrisant à présent parfaitement l'envoi de sondes, l'URSS en propulse une troisième qui restera célèbre pour avoir fourni les premières images de la face cachée de la lune.




Suite à ce nouvel affront, une pression colossale est mise sur les épaules de la Nasa et de Von Braun qui y occupe un poste de directeur. Mais, dans les années soixante, les premières sondes américaines à destination de la lune atteignent enfin leur objectif. Les Américains prendront des milliers de clichés qui serviront de base à l'étude de la surface de la lune. Si ce succès est suffisamment important pour être signalé, il est rapidement éclipsé par un autre : l'envoi d'un homme dans l'espace.


Aussitôt, un défi technologique de taille se pose puisque, contrairement aux autres missions, il faudra faire revenir en un seul morceau la capsule qui aura décollé. Sur ce terrain, les deux grandes puissances sont de nouveau au coude-à-coude. Chaque pays choisit d’ailleurs celui qui aura la chance de participer à ce moment historique : Youri Gagarine pour les Soviétiques, Alan Shepard pour les Américains. De ces candidats, un seul passera à la postérité car, encore une fois, les Soviétiques seront les plus rapides. Jugeant les essais concluants (avec pourtant seulement 50% de chances de réussite), l’URSS envoie en 1961 Youri Gagarine dans l’espace à bord du Vostok 1. Gagarine, extrêmement détendu, déclarera simplement « et c’est parti » avant de quitter la Terre. Un tour de notre planète et 1h et 48 min dans l’espace suffiront à faire de lui un héros national. A son retour, il est invité à défiler sur la place Rouge devant une foule émue aux larmes. Plus personne n’oubliera le nom de cet homme d’origine modeste.







A peine un mois plus tard, le programme Mercury permet aux Américains d’envoyer Shepard dans l'espace. Mais cet événement ne suscite qu’une demi-joie : ils se sont encore fait devancer par les communistes. Lassé d’être toujours second, Kennedy à présent Président des Etats-Unis décide de frapper un grand coup. Il prononcera cinq petits mots qui résonneront comme un coup de tonnerre : « Nous irons sur la lune ».





Un objectif partagé : la lune!



«  Nous avons choisi d'aller sur la lune au cours de cette décennie et d'accomplir d'autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c'est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres. »


- Discours de Kennedy à l’Université Rice en 1962.



En Union soviétique, le manque de moyens, le décès de Korolev et celui de Gagarine vont petit à petit mettre un terme à l'engouement autour du programme spatial. Korolev, dont le nom sera connu du grand public après sa mort, deviendra néanmoins, comme Gagarine un héros national. Malgré toutes ces déconvenues, l’URSS investira quelques maigres fonds dans le programme Soyouz dont le but était d'envoyer un homme sur la lune. Mais, dès le premier lancement, un problème technique conduit à la mort d'un cosmonaute. Un énième échec.


Finalement, ce qui devait arriver arriva : l’Union soviétique apprend via les médias que les Etats-Unis ont réussi à aller sur la lune avant elle. Afin de sauver la face, elle jurera alors n’avoir jamais eu ce projet en tête et affirmera que les Etats-Unis n’avaient fait que « gagner une bataille contre eux-mêmes ». La politique de glasnot (transparence) menée par Gorbatchev dévoilera le pot aux roses. Néanmoins, le programme Soyouz vit toujours aujourd'hui : il permet à la Russie de transporter des hommes et du matériel vers et depuis la Station spatiale internationale (ISS).


(voir au chapitre 4)







Vu le contexte, les Etats-Unis ont presque le champ libre pour déployer leur nouveau programme. Des hommes vont donc régulièrement dans l'espace et testent des manoeuvres d'arrimage. Après tous les crashs, il n'est plus question de prendre le moindre risque. Malheureusement, ces précautions ne suffiront pas. En 1967, l'Apollo 1 est détruit lors d'un entraînement au sol. Trois personnes meurent. Ce drame mettra le programme Apollo en standby. Mais, deux ans plus tard, Apollo 11 décolle avec, à son bord, Buzz Aldrin, Michael Collins et Neil Armstrong. Il leur faudra quatre jours pour atteindre leur destination. Le 21 juillet à 3h56min heure belge (le 20 juillet aux Etats-Unis), Neil Armstrong pose le pied sur la lune. Ce sont plus de 500 millions de personnes qui, en direct, entendent le désormais mythique :


« C’est un petit pas pour l’homme, mais un pas de géant pour l’Humanité ».


Rejoint par Aldrin, Armstrong prend quelques photos et récolte des échantillons du sol lunaire. Le Président Richard Nixon va même jusqu’à leur téléphoner pour échanger quelques mots avec eux en direct. Mais le geste qui restera dans la tête de tous les Américains qui se sont sentis humiliés par les Soviétiques, c’est celui de Neil Armstrong plantant la bannière étoilée sur la lune. Une revanche qu’ils attendaient depuis plus de vingt ans. Après de nombreuses batailles perdues, les Américains ont donc finalement gagné cette guerre d’egos, beaucoup plus politique que scientifique.



Les anciens ennemis avancent main dans la main



« Aujourd'hui, j'oriente la Nasa pour qu'elle développe une station spatiale habitée de manière permanente et ce, en une décennie. (…) Mais nous voulons que nos amis nous aident à relever ce challenge et à en partager les bénéfices. La Nasa invite donc les autres pays à participer à ce projet afin de renforcer la paix, assurer la prospérité et étendre la liberté pour tous ceux qui partagent nos objectifs ».


- Extrait du discours de Reagan, le 25 janvier 1984.



Au cours de la décennie suivante, plusieurs hommes sont retournés sur la lune, douze pour être précis, tous américains. Parmi ceux-ci, l’on retrouve… Alan Shepard, le premier Américain à avoir été dans l’espace. Il a d’ailleurs enfin goûté à la célébrité en jouant une partie de golf sur notre satellite naturel. Mais ces grandes expéditions cesseront étant donné leur coût astronomique. D’autant que les Soviétiques sont à nouveau les premiers dans un tout autre domaine : les stations spatiales. Placées en orbite autour de la terre, ces stations sont conçues pour permettre à des hommes de vivre confortablement dans l’espace.


La première à être lancée fut Saliout 1, en 1971. Ce n’est que deux ans plus tard que les Américains réussissent le même exploit. Nommée Skylab, leur version de la station spatiale était même équipée d’une douche et d’une cuisine. C’est également depuis leur Skylab que des Américains observeront le Soleil et prendront accidentellement une photo haute résolution de la Terre où l’on pouvait voir la base militaire américaine ultra-secrète située dans la Zone 51. La station laissée à l’abandon finira par s'embraser lors de son retour sur Terre.









Finalement, les Soviétiques lancent la troisième version de leur Saliout, une station spatiale militaire. Au lieu de contenir des instruments scientifiques, elle est équipée d’appareils photo et même d’un canon. Les communistes réussissent d’ailleurs à abattre un satellite depuis leur station spatiale. Le premier tir ciblé depuis l’espace. Pour désamorcer les tensions qui commencent doucement à réapparaitre, Léonid Brejnev et Richard Nixon ont une idée brillante : organiser un rendez-vous dans l’espace. Une rencontre historique qui portera ses fruits étant donné que les Soviétiques ne lanceront plus que des stations civiles. De leur côté, les Américains resteront cloués au sol durant trois ans suite à l’explosion de la navette Challenger (1986), responsable de la mort de 7 personnes dont une institutrice.









Mais, ce qui permettra réellement à l'Union soviétique de retrouver son prestige d'antan, c'est le lancement du premier module de Mir, une station spatiale composée de différentes parties destinées à être assemblées. Le succès est tel que pendant dix ans des cosmonautes se relayeront pour y vivre. Suite à l’effondrement de l’URSS, les Américains recevront même l’autorisation de la visiter et d’y séjourner. Mais à cette époque, Bill Clinton craint surtout que les scientifiques russes mettent leurs connaissances au service de puissances étrangères. Il propose donc à la Russie une collaboration entre leurs deux nations. La Station spatiale internationale (ISS) sera le fruit de leurs talents conjugués. Même si le lancement des différents composants prend du retard suite à l’explosion de la navette Columbia (2003), l’ISS est aujourd’hui parfaitement opérationnelle puisque des astronautes y vivent en permanence.

On se bouscule aux portes de l'espace



« Nous devons renforcer notre position sur la scène mondiale, et cela passe par le domaine spatial. Le bien-être de nos citoyens dépend de plus en plus d’applications spatiales dans les domaines comme l’environnement, la sécurité et les transports. […] L’exploration spatiale est essentielle pour étendre nos connaissances et pour stimuler l’innovation. En comprenant mieux l’espace et l’évolution des autres planètes, nous comprendrons mieux notre propre environnement. »


José Manuel Barroso, l’ex président de la Commission, le 15 octobre 2009 à Bruxelles



D’autres pays se sont également essayés à la conquête spatiale, comme la Chine - qui est devenue le troisième pays à envoyer un homme dans l’espace par ses propres moyens - ou l’Inde et le Japon. Mais les fonds engloutis dans les programmes spatiaux encouragent plutôt la coopération internationale. C'est dans ce but que l’Agence spatiale européenne (ESA) est créée. Aujourd’hui composée de 20 pays membres, l’ESA était dotée en 2014 d’un budget de 4,1 milliards d’euros auquel la Belgique a participé à hauteur de 188,6 millions. Un coût supportable pour tous ces pays qui n’auraient pas pu développer seuls un programme spatial de cette envergure. A titre de comparaison, le budget de la Nasa est d’environ 14 milliards d’euros. Si la Belgique fait donc partie de l’Agence spatiale européenne, notons tout de même que c’est paradoxalement avec la Nasa que Dirk Frimout deviendra le premier Belge à aller dans l’espace.


L’ESA, nouvelle venue dans le domaine de la conquête spatiale, n’en est pas à son coup d’essai. En effet, après quelques ratés, elle parvient très vite à faire voler l’Ariane 1 depuis la base de Kourou en Guyane. Par la suite, des modèles de fusées plus puissants seront construits rendant ainsi l’Europe maître dans l’art délicat du lancement de satellites. Aujourd’hui, elle possède d’ailleurs 50% de ce marché juteux. Malheureusement, elle se fait de plus en plus concurrencer par SpaceX, une entreprise américaine capable de lancer ces objets à moindre coût. C’est pour cela que, début décembre, l’Europe a décidé de renforcer sa compétitivité dans ce domaine en annonçant la construction de la fusée Ariane 6 dont le coût de lancement d’un satellite devrait être plus compétitif que l’Ariane 5.


Toujours dans l’idée de devenir moins dépendante des Etats-Unis et de la Russie, l’Europe a choisi de s'attaquer … au GPS. Elle souhaite en effet créer sa propre version: le projet Galileo.

Mais, bien entendu, l’ESA collabore également volontiers avec la Nasa, ce qui a d’ailleurs contribué à la création du télescope Hubble mondialement connu pour livrer des photographies de très grande qualité de l’espace.

Galerie photos





Et la Belgique ?

A la fin des années septante, plusieurs entreprises belges participent au programme Spot qui regroupe des satellites chargés de l’observation de la Terre. Il faut dire que le savoir-faire de notre pays est reconnu dans le milieu. Ainsi, le Centre Spatial de Liège (CSL) fait des tests de précision, l’Institut Von Karman à Rhode-Saint-Genèse étudie l’entrée des véhicules spatiaux dans l’espace, et le Centre de recherche du Cyclotron à Louvain-la-Neuve s'intéresse aux effets du rayonnement cosmique sur les composants électroniques.


Une base indienne va également lancer le Proba 1, le premier satellite entièrement construit par une entreprise belge et géré depuis la Belgique. C’est ensuite au tour du Proba 2 de goûter à l’espace. Conçu pour être autonome, il a notamment enregistré près de 6000 éruptions solaires et pris plus d’un million d’images du soleil.



La lune, bientôt une attraction touristique ?

A l'aube du deuxième millénaire, des sociétés privées décident de se lancer dans les vols spatiaux. Richard Branson, propriétaire de Virgin Galactic, a d’ailleurs annoncé en grande pompe la création du SpaceShipTwo, un vaisseau capable de transporter des humains dans l’espace à une fréquence encore jamais vue. Malheureusement pour ces hommes fortunés désireux de passer quelques minutes dans l’espace, le 31 octobre 2014, le SpaceShipTwo s’écrase dans le désert des Mojaves avec à son bord deux personnes (dont l’une décèdera sur le coup). Si cet accident met à mal le tourisme spatial, il ne le stoppe pas. D’autant que l’agence spatiale russe, en quête de financement, s’est elle aussi tournée vers ce business juteux. Malgré tout, il faudra vraisemblablement encore attendre plusieurs années avant d’imaginer des voyages touristiques à destination de la lune et, pourquoi pas un jour, vers Mars.

SOURCES


Trochon Jean-Marc. Les États-Unis à la conquête de la lune. In:
Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°57, janvier-mars 1998. pp. 3-18.

Arte – A la conquête de l’espace

Ciel & Espace – Les stations spatiales

NASA, ESA Belgique