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LES COCOTTES

de la séduction à la destruction

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Chapitre I.
Paris, ville qui brille

"Représentatives de la sensualité de leur temps mais très contemporaines par leur indépendance, [les courtisanes] ont la rage de vivre chevillée au corps, le sourire enjôleur, la langue acérée et la dent dure… A croquer des diamants. Voilà pourquoi sans doute leurs aventures, surtout les plus piquantes et amorales, subjuguent encore."

(Caroline Guigon, dans "Les cocottes, reines du Paris 1900")





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Les vingt années qui précèdent la Première Guerre mondiale sont empruntes de luxe, d’extravagance et de débauche à Paris. La révolution industrielle a entrainé dans son sillage une aristocratie qui peut se permettre de dépenser sans compter. En outre, l’Exposition universelle de 1889 attire les regards du monde entier sur la Ville Lumière qui a récemment doté ses réverbères de l’électricité et qui a, par la volonté du baron Haussmann, réaménagé ses artères.

Toutes les conditions sont donc réunies pour que financiers, industriels, artistes et têtes couronnées viennent s’encanailler dans les restaurants et salles de spectacles les plus prestigieux. Dans cette société, où l’argent est triomphant et où l’ostentation ne connaît ni gêne ni limite, les courtisanes vont facilement trouver leur place.

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D’autant que leur attractivité sexuelle s’entrechoque avec le puritanisme et la pudeur vécus dans les relations matrimoniales, où l’usage du corps est extrêmement contrôlé. "Au sein de la bourgeoisie, la femme ne montre pas sa cheville, la vie de couple traditionnelle est plutôt ennuyeuse et le mariage sert davantage à agrandir ou sauvegarder un patrimoine qu’à assurer les joies de la chair. L’acte sexuel est pensé en terme de reproduction plutôt que de plaisir. Les femmes portent même des chemises en coton avec un trou bien placé afin de ne pas devoir se dévêtir", décrit la journaliste Catherine Guigon, qui a rédigé l’ouvrage "Les cocottes, reines du Paris 1900".

"Pour les hommes riches et puissants, les courtisanes offrent une fantaisie, une liberté qu'ils ne trouvent pas ailleurs", renchérit le professeur d’histoire contemporaine Jean Garrigues.

A la fin du 19e siècle, il souffle donc sur Paris un vent de dévergondage propice au libertinage…

CHAPITRE II

Culottées, désirées et fortunées

CHAPITRE III

Caroline Otero, la "fée des pierres précieuses"

"À un certain niveau de fortune, un homme n'est jamais laid"
(Caroline Otero)

peinture La Belle Otero est sans nul doute la plus ardente des cocottes. "C’est une gitane espagnole qui fascine tout Paris par la sensualité, la liberté du corps, l’érotisme qu’elle dégage. Sa manière de danser est une forme de résonance de ce qu'elle promet à ses amants", avance Jean Garrigues.

Son enfance se déroule pourtant loin de la vie parisienne. Née en Galice, elle est élevée par une mère délaissée par son mari et qui est obligée de se prostituer, de temps à autres, pour subvenir aux besoins familiaux. A 11 ans, l’enfant est violée sur le bord d’un chemin.

Finalement montée à Paris avec son banquier de mari, elle décide de tout plaquer et de prendre son indépendance. "Elle a 20 ans, élancée et ondulante, le menton un peu lourd mais la peau claire, le cheveu noir, le regard ‘andalou’, la bouche fraîche comme une grenade", détaille Catherine Guigon.

peinture Elle est rapidement engagée aux Folies Bergère, ce haut lieu de cocoterie et de débauche. Ses espagnolades, sa manière de mouvoir ses châles et ses jupes lui procurent un immense succès. Un succès encore conforté par l’une de ses principales caractéristiques : les bijoux dont elle s’affuble en nombre, au point d’être surnommée "fée des pierres précieuses". Pour les courtisanes, ces parures ont évidemment une valeur marchande, mais aussi sociale. C’est "le symbole du prix de leur charme", commente Catherine Guigon.

D’Albert Ier de Monaco à Nicolas II de Russie, en passant par Léopold II ou le prince de Galles, les têtes couronnées se bousculent dans la loge de la fougueuse Espagnole. L’activité est telle que la Belle Otero se voit accolée un autre sobriquet : la "ministre des Affaires étrangères de Paris". Mais elle ne s’en émeut guerre. Elle précisera d’ailleurs que sa maxime préférée est "La fortune vient en dormant. A condition de ne pas dormir seule". Et à propos du roi des Belges, elle couchera sur papier qu’"Il faut huit jours pour s'en remettre".

Vénale, elle va jusqu’à conclure un marché avec un richissime financier, au physique peu avantageux, qui lui offre 25 000 francs (une fortune !) pour passer une demi-heure avec elle en tout intimité. Otero lui raconte des anecdotes, prend le temps d’enfiler une tenue légère puis, sans vergogne, lui signale que le temps est écoulé.

"Moins riant, les exploits d’alcôve de Caroline Otero virent parfois au drame. La Belle est créditée du suicide de six amoureux éconduits, dont deux au moins sont avérés", relate la journaliste Catherine Guigon.

CHAPITRE IV

Liane de Pougy, le "bébé rose"

CHAPITRE V

"Cléopold", entre réputation et dénégation

"Parfaitement, j’ai toujours été un bon époux… Mais à condition de changer d’épouse de temps en temps"
(Le caricaturiste Edouard Bernard fait prononcer ces mots à Léopold II sur une affichette)

peinture Le roi de Belgique fait partie de cette horde de grisonnants fortunés qui courent les music-halls à la recherche de jeunes femmes à entretenir. Bien que le souverain soit avide d’aventures, il jette son dévolu sur Cléo de Mérode après l’avoir vue incarner une jeune fille du Nil à l’Opéra. A l’entracte, Léopold II susurre à la danseuse tout le bien qu’il pense d’elle. Le lendemain, il sème sa garde rapprochée pour se rendre au domicile de Cléo, à la stupéfaction de celle-ci.

Trois jours plus tard, le sexagénaire retourne à l’Opéra et se faufile en coulisse. La journaliste Catherine Guigon relate la suite : "Le roi l’entraine, l’entretient une demi-heure à l’écart et lui glisse à l’oreille : ‘Si tu veux être Mme Léopold, tu aurais hôtel à Bruxelles, villa à Ostende’… Sous les plafonds dorés de la salle, dans les salons et le vestibule, le public en grand tralala s’impatiente : le spectacle prend du retard, la disparition de Sa Majesté fait jaser…".

peinture Les caricaturistes ne loupent ce duo ô combien baroque, qui se voit affublé du sobriquet "Cléopold". Mais le roi ne s’en offusque pas. De toute façon, sa réputation est faite depuis 1895 et les dix jours et dix nuits lors desquels il a folâtré comme jamais. Il n’hésite pas, il affiche d’ailleurs son goût pour "les jolies femmes". On lui prête même un dialogue avec son médecin, qui lui aurait demandé "Où avez-vous mal ?". Léopold aurait rétorqué "Partout, sauf à Paris".

La sainte-nitouche Cléo de Mérode s’est toujours défendue de cette relation, bien soutenue par sa mère dans cette dénégation. Elle va même jusqu’à affirmer conserver les "ravissants cadeaux" de Léopold pour ne pas le vexer. Et la stratégie paye puisqu’un véritable engouement entoure celle qui se coiffe "à la Botticelli" et dont la réputation n’est désormais plus à faire...



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Lorsque l’hiver vient frapper Paris de son souffle glacial, un "exode mondain" a lieu vers la Côte d’Azur. Fidèle à sa réputation, Léopold II y participe et ancre son yacht à Villefranche. Il y passe d’agréables moments avec Blanche Delacroix, une "grande horizontale" de cinquante ans sa cadette. Bien que la paternité ne fût jamais établie, Léopold II lui aurait fait deux enfants, avant de la nommer baronne de Vaughan et de conclure par un mariage morganatique cinq jours avant sa mort.

CHAPITRE VI

Les difficultés de la vie "rangée"

Références

- Guigon Catherine, "Les cocottes, reines du Paris 1900", Parigramme, Paris, 2012
- Drouzy Fabrice, "Poules aux yeux d'or", Libération, 2012
- "Les Courtisanes, les reines de Paris", France 2, août 2014
- Entretien avec Jean Garrigues, réalisé le 1er octobre 2014
- Entretien avec Catherine Guigon, réalisé le 24 octobre 2014

Crédits

- Reporters/Rue des Archives
- Wikipedia

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