L’agriculture urbaine

Repenser demain

Bruxelles - Hong Kong

Par Aurélie Moreau


En 2014, la faim tenaillait 795 millions de personnes dans le monde (une personne sur neuf). Parallèlement, l’excès pondéral touchait 1,9 milliard d’adultes ; l’obésité, 600 millions d’entre eux.

Nos systèmes de production alimentaire, basés sur des surfaces cultivables et des ressources limitées, devront par ailleurs nourrir deux à trois milliards d’êtres humains supplémentaires d’ici 2050.

« Soixante-six pour cent de l’humanité vivra bientôt dans les villes qui concentreront la majeure partie de la croissance démographique, indique Nicolas Tsurukawa, chercheur en agriculture urbaine à l’Université de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg). Transporter la bouffe, ça a un coût, surtout si tu dois respecter la chaîne du froid. D’un point de vue environnemental, l’agriculture urbaine a donc un sens. Faire du soja au Brésil pour nourrir des porcs en Belgique que l’on va ensuite exporter, c’est un non-sens total. C’est aussi une question de sécurité alimentaire. A côté de ça, tu as les problèmes de relèves dans les exploitations agricoles en zone rurale. Il faut que les jeunes qui veulent devenir agriculteurs puissent le faire. Mais tu ne peux pas le devenir du jour au lendemain. Il faut des portes d’entrée et l’agriculture urbaine en fait partie. »

Au cours des 35 dernières années, 60% des fermes belges ont disparu. Le prix de la terre agricole atteint désormais 25 à 50000 euros l’hectare. Le pays dépend des importations pour deux tiers de son alimentation - et exporte sa production dans des proportions similaires. Il s’agit d’un véritable enjeu dans la mesure où 32000 personnes dépendent de l’aide alimentaire et un tiers des Bruxellois touche un revenu inférieur au seuil de pauvreté.

Pourtant, l’agriculture urbaine est encore perçue comme une activité sociale et pédagogique. L’objectif de production reste secondaire mais de jeunes entrepreneurs passent à l’étape supérieure. Objectif ? Permettre à Bruxelles de jouir d’une véritable autonomie. Entomophagie, toitures cultivées, jardins comestibles, permaculture, myciculture, aquaponie… Ils ont déjà lancé leur start-up et multiplient les initiatives pour développer une alimentation durable, locale, saine et, surtout viable.

En mission à Hong Kong, ils ont rencontré leurs confrères (et consœurs) pour apprendre ; partager des expériences ; surmonter les obstacles ; institutionnaliser des initiatives individuelles, personnelles, de quartier ; créer des synergies ; valoriser le potentiel économique de l’agriculture urbaine.





Selon la FAO (organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), l’agriculture urbaine et péri-urbaine est pratiquée par 700 millions de citadins (soit une personne sur quatre dans le monde). Près de 70 millions d’hectares seraient également cultivés à l’intérieur des villes.

En 2005, après la crise automobile, Détroit (USA) a ainsi reconverti une grande partie de ses friches industrielles en 1600 fermes urbaines. A présent, le secteur emploie près de 16000 personnes.

Selon une étude menée par Bruxelles Environnement, 17% des Bruxellois cultivent leurs propres légumes. Un Bruxellois sur dix possède également un poulailler. L’alimentation durable pourrait par ailleurs supporter la création de 7700 emplois.

« Good Food », stratégie mise en place par l'Institut Bruxellois pour la Gestion de l'Environnement, vise le développement de nouveaux projets d’agriculture urbaine avec un objectif de production locale de 30% pour nos fruits et légumes d’ici 2035.




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