De Bonaparte à Hoover:

la grande Histoire du FBI

“ FBI, levez les mains en l’air ! ”

À la lecture de cette phrase, il est difficile de ne pas s’imaginer l'une de ces scènes d'action vues tant de fois dans les séries et films hollywoodiens. On y verrait un agent au blouson bleu marqué de trois grandes lettres jaunes pointer son arme vers le «méchant» de l’histoire. Car dans l'imaginaire collectif tout comme dans la réalité, le FBI est devenu l'une des agences les plus célèbres du monde. Pourtant, à ses débuts, l'institution était limitée et certaines la considéraient comme inutile.

D'une idée de Bonaparte aux dossiers secrets de J. Edgar Hoover : pour la série "Il était une fois, la rédaction de LaLibre.be vous invite à découvrir la grande Histoire du FBI.

L’histoire du FBI commence avec un Bonaparte certes, mais pas avec Napoléon 1er. En effet, malgré son très impressionnant curriculum vitae l’empereur français précède de près d’un siècle la création de l’agence. C’est à un autre Bonaparte, son petit neveu, que l’on doit la création du Bureau of Investigation (ou BoI), ancêtre du FBI. Ce Bonaparte, c’est Charles Joseph Bonaparte, petit-fils de Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère du célèbre empereur. Il crée ainsi en 1908 le BoI dont le but est de réguler les affaires qui concernent plusieurs Etats américains et qui sont depuis peu sous la juridiction fédérale.

Charles Joseph Bonaparte est alors procureur général des États-Unis. Il est donc en charge du département de la Justice au sein du cabinet du président Theodore Roosevelt. Il choisit les dix premiers agents du BoI venant principalement des services secrets.

48 ans au pouvoir

En 1917, alors que le BoI continue de se développer, à Washington un tout jeune diplômé en droit, John Edgar Hoover, rejoint le département de la Justice. En 1919, il se fait engager au sein du Bureau of Investigation et impressionne grandement ses nouveaux employeurs. Cinq ans plus tard, il en prend la direction. Il y restera pendant près de 48 ans.

Il a alors 29 ans et se retrouve à la barre d'une institution de plus de 600 employés qui peine encore à trouver sa légitimité. En 1924, les agents du BoI ne peuvent toujours pas porter d’armes ni effectuer d’arrestations. Pourtant Hoover croit en l'utilité de son agence. A l'époque, la loi américaine veut que les forces de police "classiques" s’arrêtent à la frontière des Etats voisins même en cas de poursuite de suspects.

En 1935, le Bureau of Investigation devient le Federal Bureau of Investigation. Il aura fallu près de 10 ans et un changement de nom pour que le BoI devienne ce que Hoover voulait vraiment : une entité efficace, fédérale et capable d’effectuer des missions de plus en plus diversifiées.

Des dossiers pour mieux régner

Dans les années qui suivent, J. Edgar Hoover s’assure une pérennité quasi illimitée grâce à son arme favorite : l’information. Ce dernier amasse et espionne toutes les personnes influentes de l’époque et constitue doucement un système colossal d’informations sur la vie privée des plus influents et puissants. Ces dossiers le rendent intouchable. Personne n’ose s’attaquer à lui et tous les présidents qui se succéderont sembleront même parfois le craindre.

Ironie de l’histoire, c’est Franklin Roosevelt qui le premier autorisera Hoover à espionner en masse l’Amérique. Hoover ne se fait pas prier et met alors en place de manière proactive un système global de surveillance très efficace. Il ira même jusqu'à espionner la Première dame trop à gauche au goût du directeur du FBI. Ces écoutes d'Eleanor Roosevelt auraient ainsi mis à jour des préférences sexuelles frivoles de la Première dame et donné de fait encore davantage de pouvoir à Hoover.

Pendant ces nombreuses années, Hoover tient la barre du navire très fermement. Selon les avis, il se retrouve parfois encensé, parfois décrié. En effet, il est jugé par certains comme impulsif, revanchard et autoritaire. Son obsession pour le communisme est elle aussi fortement controversée, les problèmes de Mafias violentes étant pour beaucoup fortement mis au second plan par le directeur du FBI. Il est aussi important de souligner l’impact qu’a eu Hoover sur l’aspect médico-légal de la police, qui était inexistant avant cela, imposant ainsi une nouvelle ère policière plus scientifique et précise.

Hoover restera directeur du FBI jusqu’à sa mort en 1972. Durant ces 48 années à la tête du bureau, il se fera une priorité de combattre le communisme sous toutes ses formes aux États-Unis.

À la mort de J. Edgar Hoover, le Congrès vote une loi qui limite à 10 ans la durée maximale de mandat de directeur du FBI et relocalise, en hommage, les bureaux du FBI dans le «John Edgar Hoover FBI building». Les missions du bureau au fil des années se sont adaptées au contexte politique et ont vu apparaître de nouveaux terrains d’actions. Le FBI actuel est une entité tentaculaire qui s’occupe tout autant des terroristes que des hackers, des meurtriers, des crimes liés aux narcotiques mais aussi de la «criminalité en col blanc» qui désigne les crimes financiers.

Cette institution, en place depuis plus d'un siècle, emploie aujourd'hui près de 35.000 personnes à travers le monde.